Parmi les 19 413 étudiants ayant réussi aux examens du School Certificate (SC) récemment, beaucoup ne poursuivront pas leurs études au collège et opteront soit pour des cours de formation professionnelle ou tout simplement d’entrer sur le marché de l’emploi. Nous avons sollicité Vidur Ramdin, un spécialiste dans le domaine de l’enseignement supérieur, pour fournir des conseils à nos jeunes.
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Les statistiques officielles sur le nombre d’étudiants qui prennent part aux examens du SC et du HSC au cours des dernières années indiquent que pas moins de 5 000 détenteurs du SC ne procèdent pas vers le HSC. Plusieurs raisons pourraient expliquer cela : beaucoup de jeunes choisissent d’entrer sur le marché du travail afin de soutenir leurs familles. Certains peuvent ne pas être pleinement motivés à poursuivre leurs études, compte tenu de leurs faibles résultats.
Certains étudiants ne peuvent pas continuer à cause des problèmes financiers. Il y a aussi les étudiants qui choisissent de suivre des cours de formation professionnelle (Vocational Courses), qui pourraient leur permettre d’avoir une carrière dans les secteurs de la fabrication, de l’automobile ou de l’hôtellerie.
Selon Vidur Ramdin de l’université Amity, le thème « formation professionnelle » est souvent abordé avec des préjugés. « Tout le monde dit que c’est une bonne chose et que c’est vital pour l’économie. Mais - et il y a toujours un « mais » - c’est toujours le parcours académique qui a le statut supérieur. Comme dit l’adage, la formation professionnelle est une chose importante… pour les enfants d’autres personnes. Un autre aspect de cette énigme est qu’il y a maintenant plus que jamais un besoin en formation professionnelle », dit-il.
Vidur Ramdin explique que « le chômage des jeunes, en particulier parmi ceux sans formation ou qualification, est un fléau grandissant dans de nombreux pays. Mais en même temps, les employeurs mettent en garde contre les pénuries de compétences et l’incapacité de trouver le personnel adéquat. Globalement, la stigmatisation de la formation professionnelle se réduit souvent à un deuxième choix dans le milieu universitaire.Maurice n’est pas une exception ».
Gavin Ng : « La formation professionnelle est vitale pour l’entrepreneuriat »
Afribrains, une société spécialisée dans l’assistance aux ‘start ups’ et dans la fourniture des conseils d’affaires nécessaires pour les entrepreneurs, se dit d’accord avec Vidur Ramdin sur le fait que les formations professionnelles sont, en effet, importantes et ne doivent pas être méprisées. Gavin Ng, analyste chez Afribrains, dit que la tendance est aujourd’hui plus en vue de devenir un entrepreneur plutôt que de trouver un emploi. « Dans le passé, quelqu’un qui a été formé dans un métier devait chercher un emploi correspondant à ses compétences. Aujourd’hui, avec une plus grande sensibilisation, un accès plus facile au financement et à la facilitation des affaires, quelqu’un qui a suivi une formation professionnelle est plus susceptible de créer sa propre entreprise. Mieux encore, un groupe d’étudiants avec des compétences différentes peut se réunir et lancer sa propre entreprise pour fournir une multitude de services », explique-t-il. « Les jeunes qui quittent l’école et qui suivent des cours techniques auront l’occasion d’apprendre une compétence spécifique qui est en demande dans l’industrie, augmentant ainsi leur employabilité », dit-il. <Publicité
Formation professionnelle
La formation professionnelle est l’éducation dans les écoles de formation professionnelle qui prépare les gens à un métier précis. Elle développe directement une expertise dans les techniques liées à la technologie, les compétences et la technique scientifique pour couvrir tous les aspects du métier. La formation professionnelle est classée comme utilisant des connaissances procédurales. Certains métiers et formations populaires offerts à Maurice sont:- Charpenterie
- Électricité
- Travaux de soudure
- Assemblage des ouvertures en aluminium
- Réparations de véhicules
- Plomberie
- Peinture
- Soins de beauté
- Agro-industrie
- Artisanat
- Textiles
- Bijoux
- Construction
- Réparation d’ordinateurs
- Impression
Manque de compétences à Maurice
L’expansion du nombre d’étudiants, à Maurice, a été en progression. Maurice produit environ 4 500 à 5 000 (universités privées et publiques) diplômés par an ; mais la croissance de la disparité de l’emploi et du sous-emploi dans l’industrie est concurrente. Vidur Ramdin souligne que selon l’étude de suivi des diplômés, réalisée par la Tertiary Education Commission (TEC) publiée en 2012 (les dernières disponibles), on estime que 16,8 % des diplômés mauriciens demeurent chômeurs ; 23,1 % des diplômés sont sous-employés et dont les emplois ne nécessitent pas de diplôme. Il y a une grande disparité entre le diplôme obtenu et le travail entrepris. « Le gouvernement de Maurice vise à créer 100 000 emplois dans les cinq prochaines années. Dans son discours sur l’économie, Vision 2030, le Premier ministre a identifié plusieurs domaines clés dans lesquels les diplômés peuvent trouver des opportunités dans le secteur privé et public. À l’heure actuelle, pendant que Maurice fait l’objet d’importants changements structurels et se prépare à des services et une croissance fondée sur le savoir, la nécessité des professionnels à soutenir les secteurs économiques émergents et existants s’attribue une grande importance », explique-t-il. [row custom_class=""][/row]Meilleures incitations pour la formation professionnelle
Vidur Ramdin soutient que le gouvernement fait déjà beaucoup d’efforts pour réorganiser l’enseignement primaire avec le projet de ‘Nine Year Basic Continuous Education’, qui est vraiment un grand pas dans la bonne direction. Cependant, il y a certainement un manque de compétences professionnelles. « Comme la nature du travail a changé, du secteur primaire à des secteurs comme l’ICT/BPO et l’industrie touristique et aussi l’industrie des croisières, nous aurons besoin des milliers d’autres travailleurs formés. Mais, là encore, certaines attitudes pourraient faire obstacle, comme la « mentalité » des parents, qui se battent pour que leurs enfants aillent à l’université et qui associent les compétences professionnelles à des emplois de statut inférieur », fait-il remarquer. Mais alors, quelle solution propose-t-il ?Reconnaissance
La mise en œuvre des changements dans le système de formation professionnelle semble être sombre quand il est considéré comme un système fragmenté. « Nous avons beaucoup d’institutions proposant des cours ici, que ce soit des institutions publiques ou privées. Il y a une pléthore de celles qui sont publiques et parapubliques, à savoir le NPCC, SMEDA, AREU, NWEC, NWC, entre autres. L’accréditation ne semble être donnée que par l’organisme public ou la MITD. Si on veut poursuivre des études, il y a peu ou pas de possibilités. Les qualifications ne sont pas nécessairement reconnues dans d’autres parties du monde, ce qui est une grave lacune. Il y a une tendance à former la population active en chômage pour rester au chômage. Maurice a besoin d’une alternative robuste et de haute qualité à l’université traditionnelle, avec emphase sur les domaines clés identifiés par le gouvernement, comme le montre le schéma ci-dessous. Les institutions de formation professionnelle (Vocational Training Institutes) devraient prendre cela comme étant le point de départ pour développer des formations dans cette direction.Le chômage des jeunes
En Afrique du Sud, les qualifications, qu’elles soient académiques ou professionnelles, sont considérées comme un avantage majeur sur le marché de travail. L’Afrique du Sud est un pays avec un taux de chômage des jeunes de 54 % - et en même temps une enquête sur les chefs d’entreprise du pays a révélé des niveaux élevés de préoccupation au sujet d’un manque de travailleurs qualifiés. Outre la perte économique et de personnels, un tel niveau de chômage des jeunes est perçu comme une « perturbation sociale » menaçante. Il y a des ambitions en Afrique du Sud pour développer à la fois la formation universitaire et professionnelle. Il y a un plan pour avoir 2,5 millions de places dans les instituts de formation professionnelle dans les 20 prochaines années, un quadruplement. Pour atteindre le succès à Maurice, nous avons besoin impérativement d’améliorer la reconnaissance de la formation professionnelle et se débarrasser de certaines qualifications avec peu ou pas de valeur pour les employeurs. Nous devons investir dans les compétences professionnelles, ce qui donnera un avantage substantiel à long terme pour notre économie, qui diminuera le chômage et stimulera la productivité.La stigmatisation des formations professionnelles
Vidur Ramdin affirme qu’il y a une « perception négative » à Maurice que les formations professionnelles sont pour ceux qui ne pouvaient pas réussir dans les matières académiques. Ou, plus brutalement, « les gens pensent que nous sommes vraiment stupides parce que nous faisons des soins de beauté ». Des pays comme l’Autriche et l’Allemagne, avec des niveaux relativement élevés d’engagement dans l’apprentissage professionnel, ont les plus bas taux de chômage pour les moins de 25 ans. De nombreuses études menées dans le monde entier suggèrent que cela pourrait être une clé pour diminuer le chômage des jeunes.La voie à suivre
Partout dans le monde, les gouvernements et les entreprises prennent conscience de l’importance du travail pertinent, de la formation professionnelle. Pourtant, il y a cette stigmatisation persistante contre la formation professionnelle. Pour être compétitif dans le futur, Maurice doit réfléchir sur les stratégies d’éducation dans le contexte de l’image globale. Maurice doit penser à son orientation économique et comment faire correspondre les besoins futurs avec l’offre actuelle de la main-d’œuvre.Vayid Mohamudally de Millenium Archademia: « Priorité pour les plus doués »
Notre but de faire de Maurice un pays à hauts revenus doit nécessairement passer par la disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée, apte à booster la productivité. En effet, il y a un manque aigu de la main-d’œuvre qualifiée avec l’expertise nécessaire pour plusieurs secteurs importants. Les institutions techniques à Maurice offrent des cours de formation aux jeunes qui, pour la plupart, ne peuvent poursuivre leurs études académiques. Malheureusement, ces institutions ont des places limitées. L’ironie veut que ces institutions donnent probablement priorité à ceux qui ont eu d’excellents résultats académiques, alors que ceux qui n’ont pas bien réussi leur parcours académique, mais qui sont plus voués pour la formation technique sont laissés sur la touche ! Ainsi, les institutions privées de formation technique ont un rôle à jouer pour palier à ce manque de places dans les institutions publiques, afin d’offrir à nos jeunes les opportunités nécessaires pour avoir une formation professionnelle. Chez nous, à Millenium Archademia, située au centre de Vacoas, nous offrons toute une pléiade de cours aux jeunes qui quittent l’école, mais aussi aux adultes et à ceux déjà en emploi et qui veulent rehausser leur niveau. Parmi nos cours, il y a le ‘First Aid’, le ‘Customer Care’, le design, l’architecture, entre autres », explique Vayid Mohamudally, le directeur de l’institution. Il conseille aux jeunes de saisir les opportunités pour devenir polyvalents (multi-skilled) afin d’augmenter leur employabilité.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !