
- Navin Ramgoolam fustige l’ancien GM pour son « irresponsabilité fiscale »
À l’Assemblée nationale le mardi 22 avril 2025, le Premier ministre (PM), Navin Ramgoolam, a exposé une gestion catastrophique des finances publiques par ses prédécesseurs. Il a révélé que les dépenses publiques non budgétées s’élèvent à Rs 23,8 milliards.
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« Le précédent gouvernement est coupable d’irresponsabilité fiscale », a déclaré le PM en présentant le Supplementary Appropriation Bill 2023-2024 (n°2) et le Supplementary Appropriation Bill 2024-2025 (n°9). Ces textes de loi dévoilent un déficit budgétaire réel de 9,5 % contre 3,4 % annoncé, ainsi qu’une dette publique qui dépassera 90 % du Produit intérieur brut (PIB) en juin 2025.
Sous-estimation des dépenses vs surestimation des recettes
Les rapports du Fonds monétaire international (FMI) et du directeur de l’Audit confirment cette situation. Navin Ramgoolam accuse l’ancien gouvernement d’avoir sciemment sous-estimé les dépenses, exagéré les recettes et contourné délibérément le contrôle parlementaire.
Le premier projet de loi régularise Rs 2,8 milliards de dépenses excédentaires pour l’exercice 2023-24, tandis que le second prévoit Rs 21 milliards de crédits supplémentaires pour 2024-25. « Ils avaient annoncé un déficit de 2,9 % du PIB pour 2023-24, mais ont finalement atteint 5,7 %, soit pratiquement le double. Ils prétendaient aussi que la dette publique serait à hauteur de 73,2 % du PIB en juin 2024, mais elle a grimpé à 90 % », a souligné le PM.
L’ex-ministre des Finances critiqué
Dans son réquisitoire, il n’a pas épargné l’ancien ministre des Finances. Ce qui est scandaleux, selon le PM, c’est que le premier projet de loi, Supplementary Appropriation 2023-2024 No. 2, aurait dû être présenté par Renganaden Padayachy lors du premier projet de loi de crédits supplémentaires en mai 2024.
Navin Ramgoolam a rappelé que certaines dépenses, comme l’augmentation des pensions, étaient déjà connues à cette époque. Pourtant, a-t-il précisé, elles n’ont pas été incluses dans les prévisions. « C’est gênant que ce soit moi qui doive maintenant soumettre ce projet de loi, alors que mon prédécesseur a dépensé de l’argent qui n’existait pas, évitant ainsi le contrôle du Parlement », a-t-il déploré.
Le chef du gouvernement a détaillé la chronologie des dépenses. En juin 2023, le précédent gouvernement avait présenté un Budget de Rs 174,8 milliards pour l’exercice 2023-24. En mai 2024, un premier projet de loi de crédits supplémentaires avait déjà ajouté Rs 6,7 milliards. Ce montant incluait Rs 1,9 milliard pour compenser Patel Engineering Limited, suite à une décision de la Cour permanente d’arbitrage.
À cela s’ajoutent Rs 315 millions de frais pour les conseils juridiques de cette société. Selon Navin Ramgoolam, il s’agit d’un autre exemple flagrant de gaspillage résultant de décisions politiques vindicatives. Il y a aussi eu les Rs 500 millions injectées dans MauBank via MauBank Holdings Ltd. Cette somme s’ajoute aux Rs 5,1 milliards versées depuis la création de l’institution.
Le PM a expliqué qu’il est désormais nécessaire de régulariser les excédents de dépenses vu que le rapport de l’Audit a déjà été présenté à l’Assemblée nationale. Ces excès concernent cinq rubriques budgétaires pour un total de Rs 2,8 milliards.
Le chef du gouvernement a ensuite donné les détails de ces crédits additionnels : Rs 197 000 pour le bureau du Vice-Président pour l’entretien de véhicules ; Rs 2,4 milliards pour le bureau de l’Electoral Commissioner pour les équipements pour les élections ; Rs 63,8 millions pour la Financial Crimes Commission pour des frais de fonctionnement ; Rs 2,6 milliards pour la Sécurité sociale dû à la hausse des pensions ; Rs 90,7 millions pour le ministère de l’Infrastructure nationale.
Fondements trompeurs
Abordant le second projet de loi, le Supplementary Appropriation Bill 2024-2025 No.9, Navin Ramgoolam a rappelé que le Budget initial de Rs 216,8 milliards, voté en juin 2024, reposait sur des fondements trompeurs : une exagération des recettes et une sous-estimation des dépenses. « Ce n’était qu’une illusion destinée à masquer le vrai déficit et à tromper la population », a-t-il dit.
Il a souligné que le nouveau projet de loi prévoit Rs 21 milliards de crédits supplémentaires répartis de la manière suivante : Rs 9,3 milliards dues à un sous-provisionnement ; Rs 2,1 milliards pour de nouvelles décisions sans provision initiale ; Rs 9,6 milliards pour le financement du 14e mois et la compensation salariale 2025 afin de préserver le pouvoir d’achat.
Le chef du gouvernement a également évoqué d’autres allocations importantes. Ainsi, Rs 1,3 milliard iront à l’aménagement du territoire et au logement. Cette somme comprend Rs 315 millions pour Patel Engineering Ltd, Rs 435 millions pour 466 logements sociaux et Rs 550 millions pour l’acquisition de terrains.
De plus, Rs 600 millions sont destinées au ministère du Transport. Ces fonds financeront notamment la hausse de 30 % de la subvention pour le transport gratuit et le soutien aux ajustements salariaux des compagnies de bus.
La sécurité sociale bénéficiera, quant à elle, de Rs 5,8 milliards supplémentaires. Cette enveloppe couvrira le 14e mois, l’augmentation de l’allocation mensuelle pour enfant à charge versée aux veuves et aux retraités en situation de handicap, ainsi que les indemnités de mauvais temps accordées aux pêcheurs.
Le secteur de la santé recevra Rs 1,5 milliard. Ces fonds serviront à régler des arriérés de paiement pour heures supplémentaires et à faire face à la hausse des prix des médicaments et des équipements médicaux.
Enfin, Rs 11,8 milliards seront alloués aux initiatives gouvernementales gérées au niveau central. Cette somme financera notamment la compensation salariale 2025, l’allocation temporaire de 5 % aux employés couverts par le Pay Research Bureau, ainsi que le 14e mois pour les employés des secteurs public, parapublic et des collectivités.
Navin Ramgoolam a précisé que sur les Rs 21 milliards, Rs 5,9 milliards sont destinées aux fonds spéciaux. Cette somme se répartit entre Rs 3,9 milliards pour le National Resilience Fund, Rs 1,1 milliard pour l’Environnement et Rs 900 millions pour le Poverty Reduction Fund.
Réserves des fonds spéciaux épuisées par l’ancien GM
Le PM a révélé que les réserves de ces fonds, qui s’élevaient à Rs 36,8 milliards en juin 2022, ont été littéralement épuisées par le gouvernement précédent. Il a annoncé qu’une réévaluation complète de ces fonds est prévue dans le prochain Budget, conformément aux recommandations du FMI, qui préconise une rationalisation des dépenses issues des fonds spéciaux.
Navin Ramgoolam a conclu qu’en juin 2025, la dette publique dépassera les 90 % du PIB, loin du seuil statutaire de 80 % et encore plus du cap des 60 % à moyen terme. « Jamais dans notre histoire on n’a vu une telle surestimation des recettes et une telle sous-estimation des dépenses. Ce gouvernement s’engage à une gestion budgétaire responsable, loin des projets pharaoniques et des allocations frivoles », a assuré le PM.
Une dette à 90 % du PIB n’est pas soutenable
Lors du « summing-up », Navin Ramgoolam a lancé un cri d’alarme concernant l’endettement public qui atteint 90 % du PIB. Selon lui, l’ancien gouvernement ne s’est pas contenté de dépenser de l’argent qui n’était pas disponible. Il a précisé que des billets avaient été imprimés pour être mis en circulation, ce qui a entraîné une hausse de l’inflation, une dépréciation de la roupie et une augmentation des prix. « Les gens s’attendent à des miracles. Nous essayons de stabiliser la roupie et de faire baisser les prix, mais cela prendra du temps. Trop d’argent a été injecté dans le système », a souligné le PM. « Nous ignorions à quel point ils avaient causé des dégâts. Nous devons réduire le niveau de l’endettement. Il ne peut pas rester à 90 % », a-t-il indiqué, se disant surpris que le leader de l’opposition ait souhaité intervenir sur ce projet de loi.
Navin Ramgoolam a rappelé que dès son arrivée au pouvoir, l’Alliance du Changement a respecté sa promesse d’accorder le 14e mois « dans la mesure du possible ». Mais il a alerté sur les risques encourus si l’agence Moody’s abaisse la notation du pays. « Nous deviendrions une économie de pacotille. Il n’y aurait plus d’investissements, car personne ne voudrait placer son argent dans un pays considéré comme un État à risque » a-t-il fait comprendre.

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