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Cardinal Maurice Piat : «Ses nombreuses prises de position étaient courageuses»

Le cardinal Maurice Piat rend hommage au pape François, décédé récemment. Il évoque la confiance que le souverain pontife lui a témoignée, sa simplicité, son attention pour les plus pauvres. Il aborde aussi les défis que l’Église devra relever.

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Qu’avez-vous ressenti lorsque le pape François vous a nommé cardinal ?
Je remercie le pape François de la confiance qu’il m’a faite en me créant cardinal. Je retiens surtout de lui une grande simplicité. C’était un pape simple, proche des gens. Un pape qui ne se considérait pas comme un personnage, mais plutôt comme un membre d’une famille, comme un papa. Il nous recevait chaleureusement, sans cérémonial, sans protocole. Il nous accueillait simplement.

Quels souvenirs gardez-vous de sa visite à Maurice en 2019 ?
Sa visite à Maurice s’est déroulée très cordialement. Nous sommes allés l’accueillir à l’aéroport. Sur le trajet, il m’a posé des questions sur les lieux et les différents groupes de personnes que nous rencontrions. Lorsqu’il est venu déjeuner avec nous à l’évêché, il était très simple et parlait de choses et d’autres. Il n’était pas comme un chef d’État, mais plutôt comme un membre de la famille. Il y avait une vraie proximité avec toutes les personnes qu’il a rencontrées. Il est même allé jusqu’au caveau du père Laval pour prier avec des personnes handicapées, des pauvres et des toxicomanes.

Quel message a-t-il porté pour l’Église et pour le monde ?
Le pape François a voulu que l’Église ne soit pas centrée sur elle-même, sur sa réputation ou son renom. Il a voulu qu’elle soit centrée sur le service des hommes et des femmes, surtout des plus pauvres et de ceux qui sont un peu marginalisés. Par exemple, non seulement les déshérités de la terre comme les migrants, mais aussi ceux qui sont souvent mis de côté : les homosexuels, les divorcés remariés et bien d’autres encore.

Il a montré que l’Église est prête à les entendre, qu’elle n’est pas là pour condamner, mais pour accueillir et aider chacun à se remettre debout et à retrouver sa dignité. C’était son approche.

Ses nombreuses prises de position étaient courageuses, notamment en faveur des migrants. Dès le début de son pontificat, il a dénoncé la mondialisation de l’indifférence. Nous devenons insensibles aux souffrances qui se passent non loin de nous, aux tortures causées par les guerres, comme celles qui ont lieu actuellement à Gaza, au Soudan, au Congo ou en Ukraine.

Il était très préoccupé par ces situations et il était proche des personnes qui en souffrent. Il n’hésitait pas à téléphoner, même à la dernière minute, à un prêtre catholique vivant dans la peur à Gaza. Il avait cette proximité, ce souci de défendre les droits des personnes lésées.

Vous vous rendez à Rome pour les funérailles du pape François. Quel sera votre rôle ?
Je me rends à Rome pour assister aux funérailles du pape François. Je participerai aux congrégations, ces réunions entre cardinaux qui précèdent le conclave et qui permettent de réfléchir à l’avenir de l’Église. Comme j’ai dépassé les 80 ans, je n’ai plus le droit de vote. Seuls les cardinaux de moins de 80 ans éliront le nouveau pape.

L’Église a souvent été qualifiée de conservatrice, mais le pape François a voulu apporter des réformes. Comment peut-elle poursuivre sa mission sans se laisser enfermer dans ces étiquettes ?
L’Église ne se soucie pas d’être considérée comme progressiste, réformatrice ou conservatrice. Ce sont des étiquettes. L’essentiel est de suivre le Christ et sa manière de servir le monde, peu importe les étiquettes qu’on lui colle. L’important, c’est de suivre cette personne, ce Dieu fait homme venu se mettre au service des autres.

La grande contribution du pape François, c’est d’avoir fait prendre conscience à l’Église qu’elle n’est pas là pour elle-même, pour son prestige ou sa réputation, mais pour servir jusqu’au plus petit. Ce qui compte, c’est le service du monde. L’Église n’est pas là pour faire des profits ou accumuler des récompenses et des acclamations. Elle est là pour servir ceux qui en ont besoin.

Retranscription de l’entretien réalisé par David Boodnah

 

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