Réduire le chômage de moitié: mission impossible à court terme

Lors de sa rencontre avec le secteur privé la semaine écoulée, le Premier ministre sir Anerood Jugnauth a clairement affiché son objectif de ramener le taux de chômage à 4 %. Or, ce chiffre n’est jamais passé sous les 7 % depuis 2004. «Ce ne sera pas réalisable sur le court terme », affirme d’emblée l’économiste Eric Ng. « Si l’objectif est sur une année, il faudrait alors créer plus de 40 000 postes pour absorber la moitié des chômeurs existants, embaucher les nouveaux venus sur le marché du travail sans oublier ceux qui perdent leur emploi. Car la tendance actuelle est que 10 000 personnes se retrouvent sur le pavé chaque année. » Ramener le taux de chômage à 4 % est l’un des quatre principaux objectifs fixés par le gouvernement, a affirmé le Premier ministre et ministre des Finances. Or, ce taux n’est jamais passé sous la barre des 7 % au cours des 12 dernières années, selon les archives de Statistics Mauritius (voir infographie). L’objectif annoncé du Premier ministre relance le débat sur la capacité de la fonction publique et du secteur privé à créer de l’emploi pour les jeunes et les femmes. Ce sont les deux principales composantes de la masse des chômeurs. En 2015, sur les 46 600 sans-emploi, 58 % étaient des femmes et 47 % des demandeurs d’emploi avaient moins de 25 ans. « Le problème est d’ordre structurel», fait ressortir Eric Ng. « Le nombre de femmes se retrouvant sans emploi fait suite aux fermetures d’usines. » Des 579 100 Mauriciens ayant un emploi, au 30 septembre 2015, 45,6 % étaient des femmes. L’employabilité des femmes est un problème pressant. D’ailleurs, dans le dernier numéro de MCB Focus, J. Gilbert Gnany, Chief Strategy Officer du groupe financier MCB, fait ressortir que la contribution des Mauriciennes à l’économie nationale est à un niveau préoccupant. N’empêche, le gouvernement, dans le Budget 2015/2016, a annoncé une série de mesures pour relancer l’emploi, non seulement en termes d’investissement mais aussi de formation pour les jeunes, sous le Youth Employment Programme. Il est désormais question de patience pour voir de nouvelles mesures concrètes visant à ramener le taux de chômage à 4 %.