Dans onze dépositions à la commission anticorruption, le directeur du bureau d’évaluation a démenti s’être entretenu avec des politiciens sur les deux évaluations de la clinique MedPoint. Ses déclarations ont été présentées le lundi 9 mai en cour intermédiaire.
Le procès intenté par l’Independent Commission against Corruption (Icac) au directeur du bureau d’évaluation Yodhun Bissessur, et à son subordonné le Lead Government Valuer Anerood Jeebodhun, a été appelé, le lundi 9 mai, en cour intermédiaire.
Ils sont accusés d’abus dans l’exercice de leurs fonctions en marge de la seconde évaluation de la clinique MedPoint, afin que le prix de cette propriété passe de Rs 75 millions à Rs 125 millions. Les deux hommes plaident non coupables. Ils se sont présentés devant les magistrates Wendy Rangan et Ida Dookhy-Rambarrun.
L’audience a été marquée par le témoignage de l’enquêteur principal, Raju Naiken, Senior Investigator de l’Icac. Celui-ci a donné lecture de onze dépositions faites à la commission par Yodhun Bissessur entre le 25 février et le 28 décembre 2011.
Le directeur du bureau d’évaluation avait expliqué qu’un premier exercice d’évaluation de la clinique MedPoint avait été mené par Roshnee Bissessur, Deputy Director du bureau et Rishiraj Keenoo, Government Valuer. L’exercice a été complété en août 2010 : la valeur de la clinique et du terrain de Medpoint a été évaluée à Rs 75 millions, en se basant sur le coût de construction de l’hôpital de Souillac (soit Rs 187 millions).
Dans sa déposition à l’Icac, Yodhun Bissessur a justifié la seconde évaluation. Il a déclaré avoir reçu un appel d’Om Kumar Dabidin, l’ex-chef de Cabinet suppléant au ministère de la Santé. Ce dernier lui a demandé d’accorder une « attention urgente » au dossier Medpoint. L’interlocuteur lui a dit d’inclure les équipements médicaux dans son évaluation de la clinique. D’où la seconde évaluation.
« Allégation futile »
Confronté à une déclaration de Rishiraj Keenoo selon laquelle lui (Yodhun Bissessur) avait déclaré que le Dr Kishan Malhotra, gendre du Premier ministre, avait indiqué que le chiffre de Rs 75 millions était « faible », Yodhun Bissessur a répondu que « c’est une allégation futile ». L’accusé a aussi été confronté à une allégation semblable de Roshnee Bissessur, n°2 du bureau d’évaluation. Sa réponse dans sa déposition : « J’avais rapporté Roshnee Bissessur dans le passé. » Yodhun Bissessur a nié s’être entretenu avec des politiciens sur le dossier Medpoint. Pressé de questions par les enquêteurs, il avait réfuté s’être entretenu avec sir Anerood Jugnauth (alors président de la République), ou avec Navin Ramgoolam, l’ex-Premier ministre, ou encore avec l’ancienne ministre de la Santé (actuelle Speaker de l’assemblée nationale) Maya Hanoomanjee. « J’ai tout le temps évoqué le dossier avec des fonctionnaires dans le cours normal des choses », avait-il répliqué à l’Icac. Le procès se poursuit ce mardi avec la suite de l’audition de Raju Naiken. Yodhun Bissessur est accusé d’avoir utilisé sa position pour faire gonfler le prix de la clinique. Le délit remonte au mois de septembre 2010. Il est aussi accusé d’avoir ordonné à ses subordonnés de mener une évaluation privée des équipements médicaux de Medpoint durant les heures officielles de travail, en vue d’obtenir seul le paiement des honoraires. Initialement suspendu de ses fonctions, Yodhun Bissessur a retrouvé son poste après le changement de gouvernement en 2014. Quant à Anerood Jeebodhun, Lead Government Valuer, il est accusé d’avoir gonflé la valeur initiale de la clinique. L’Icac est représentée par Me Atish Roopchund. Les prévenus sont défendus par Mes Ajay Daby et Antoine Domingue, Senior Counsel.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !