
Mariana Colacelli a récemment mené une mission du Fonds monétaire international (FMI) à Maurice en vue des consultations au titre de l’article IV. La dette publique a une nouvelle fois été d’intérêt pour l’institution. Sudesh Lallchand, économiste, expose son point de vue sur l’endettement du pays qui, selon lui, devrait contraindre le gouvernement à agir dans le prochain Budget.
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La dette publique devrait atteindre près de 90 % du Produit intérieur brut (PIB) à Maurice à la fin de juin 2025. Est-ce un taux alarmant ?
La dette publique par rapport au PIB dans certains pays comme l’Italie ou l’Espagne a été supérieure à 100 %. Tout repose sur la capacité de remboursement, ce qui inclut le paiement du capital et de ses intérêts.
La dépréciation de la roupie sera, de ce fait, défavorable. Il faut cependant que le gouvernement maintienne certains engagements auprès de la population.
Le FMI nous a toujours conseillé d’avoir un « targeted rate » autour de 60 %, afin d’avoir un développement soutenable. Par conséquent, un taux de 90 % pour Maurice est très élevé. L’ancien gouvernement a endetté le pays pour financer ses dépenses sans se préoccuper d’augmenter la productivité ou de trouver les moyens d’y parvenir.
Faut-il venir avec des mesures dans le prochain Budget qui vise à réduire le niveau de la dette publique ?
Le gouvernement est condamné à prendre des mesures dans le prochain Budget pour diminuer le niveau de la dette. Il est sous la surveillance du FMI, des investisseurs étrangers et des agences de notation. Les mesures constituent un aspect. L’autre concerne le fait d’honorer ses promesses. Le gouvernement devra dire, noir sur blanc, quel sera l’objectif par rapport à la dette publique et exposer sa stratégie pour l’atteindre durant son mandat.
Indépendamment du contenu du rapport de l’Audit, c’est le devoir du gouvernement de s’attaquer à la réduction du niveau de la dette publique. Une bonne partie de la campagne électorale de l’Alliance du Changement était axée sur les problèmes macroéconomiques du pays, incluant la dette publique.
Lors de sa mission à Maurice eu égard à l’Article IV, le FMI a recommandé la mise en œuvre d’un plan ambitieux d’assainissement budgétaire à moyen terme. Qu’est-ce que cela veut dire concrètement ?
Il est illusoire de penser que nous pourrons passer d’un taux d’endettement de 90 % à 60 % du PIB du jour au lendemain. À mon avis, les gouvernements qui se sont succédé ont tenté de jouer sur les chiffres de la dette publique. C’est pour cette raison que je pense que notre niveau réel d’endettement a déjà atteint la barre des 100 %.
Ce que le FMI essaie de faire comprendre, c’est qu’il est disposé à apporter un soutien financier. Cependant, le gouvernement devra signaler clairement, dans e prochain Budget, son intention de réduire de manière considérable le ratio de la dette publique. Le FMI sera ainsi satisfait de voir que des mesures sont prises pour ramener l’endettement à cet objectif souhaité de 60 %.

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