Réforme électorale : les politiciens rodriguais divisés

Accueil mitigé pour la délégation de ministres mauriciens à Rodrigues, lundi, pour présenter la proposition de réforme électorale.

Si l’Organisation du peuple rodriguais est pour, le Mouvement rodriguais a suggéré des changements qui devront être considérés. Le Front patriotique rodriguais déclare, lui, la guerre à la réforme.

Xavier-Luc Duval, qui préside le comité ministériel sur la réforme électorale, revient de Rodrigues avec du pain sur la planche. Le Premier ministre adjoint, accompagné d’Ivan Collendavelloo, no 4 du gouvernement, et de l’Attorney General Ravi Yerrigadoo, a rencontré les principaux dirigeants politiques de Rodrigues à l’hôtel Cotton Bay, lundi matin.

Le but de l’exercice était de présenter aux Rodriguais les propositions de réforme électorale approuvées par le Conseil des ministres vendredi dernier. Si l’Organisation du peuple rodriguais (OPR) a donné sa bénédiction sans réserves aux propositions du Cabinet, le Front patriotique rodriguais (FPR) a choisi de bouder la réunion, alors que le Mouvement rodriguais (MR) a soumis plusieurs propositions.

À l’issue de la rencontre avec le Premier ministre adjoint, le leader du MR, Nicholas Von-Mally, a exprimé sa satisfaction concernant certaines propositions du comité ministériel, notamment la représentativité féminine et la loi anti-transfuge. Mais le parti émet des réserves et a proposé à Xavier-Luc Duval certains changements. « Nous avons, entre autres, proposé l’introduction de la double candidature. C’est-à-dire qu’on peut être candidat au First Past The Post (FPTP) et sur la liste proportionnelle.

Ce sera utile surtout aux leaders. Ensuite, nous avons proposé que 50 % des noms sur la liste proportionnelle proviennent des candidats au FPTP », explique Nicholas Von-Mally au Défi Quotidien.

Le comité ministériel propose, en fait, qu’un parti aligne 12 candidats au FPTP et 12 sur la liste proportionnelle. Or, selon le MR, trouver 24 candidats serait compliqué dans le contexte rodriguais. Placer six des candidats au FPTP sur la liste proportionnelle résoudrait le problème. C’est ce qu’explique le parti dans une lettre adressée à Xavier-Luc Duval, transmise après  la réunion de travail à Cotton Bay.

Le FPR ne reconnaît pas le comité

Parmi les autres propositions, notons l’élimination du double vote (un pour le FPTP et un pour la proportionnelle), l’imposition d’un barème de 50 % des votes pour former une majorité, relever l’éligibilité à la proportionnelle à 15 % et la provision pour des alliances post-électorales en cas d’absence de majorité claire à l’issue d’une élection.

Pour le FPR, il n’était pas question de rencontrer la délégation mauricienne. « Nous ne reconnaissons pas ce comité ! » a affirmé Johnson Roussety. « C’est l’Assemblée régionale qui aurait dû mettre sur pied un comité de parlementaires. Il fallait que les propositions viennent d’en bas pour monter vers le haut et non l’inverse », a ajouté le leader du FPR. Donc, il n’y aura pas de suggestions de changements aux propositions d’amendement du comité Duval de la part du FPR.

La suite pour le parti ? Mobiliser l’opinion publique contre l’amendement s’il se concrétise et appeler au boycott des prochaines élections le cas échéant. « C’est un colourable device pour changer la donne en faveur de l’OPR qui a même fait pression pour enlever la proportionnelle », soutient Johnson Roussety. « D’ici ce week-end, nous allons démarrer les campagnes d’explication sur le terrain. »

Du côté de l’OPR, l’on affiche pleine satisfaction. Dans une déclaration à la presse à l’issue de sa rencontre avec la délégation ministérielle mauricienne, Serge Clair a déclaré : « Nous avons demandé que l’Attorney General Ravi Yerrigadoo prépare, au plus vite, une loi sur la réforme électorale que nous ferons voter à l’Assemblée régionale. Ensuite, ça ira à l’Assemblée nationale. Nous devons plancher sur les amendements à la Rodrigues Regional Assembly Act. Nous tiendrons bientôt une assemblée spéciale. »