Le Premier ministre p.i, Ivan Collendavelloo, était l’invité de l’émission Au cœur de l’info, animée par Nawaz Noorbux et Jugdish Joypaul, le vendredi 6 décembre. Les contestations post-électorales (dont les deux pétitions déposées contre le leader du Muvman Liberater lui-même), le choix du nouveau président et du vice-président de la République et la situation politique ont été abordés. Le Défi Plus vous propose un condensé de l’émission.
C’est la première fois qu’il y a autant de contestations à l’issue d’une élection. Les partis de l’opposition ont déposé deux pétitions contre vous. Il y a aussi des allégations de maldonne. Quel est votre sentiment ?
Ce n’est pas la première fois qu’il y a ce genre de terrorisme politique après les résultats d’une élection. En 1991, il y a eu une vague de pétitions électorales. Je faisais partie du panel d’avocats de la défense et il nous a fallu éplucher les dossiers un par un. Et à la proclamation des résultats, Navin Ramgoolam s’était dit perplexe, avant de venir dire qu’il y a eu maldonne, comme il l’a fait en 2019. Il avait déposé une vingtaine de pétitions électorales. Des pétitions « fizet » qui n’ont rien donné.
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Mais l’ampleur de la controverse est plus importante. Il y a quatre bulletins de vote retrouvés dans la nature et des électeurs qui n’ont pu voter. Vous en aviez fait état d’une certaine réserve…
Je n’avais émis aucune réserve. J’avais, par contre, exprimé une surprise le jour du vote. Trois électeurs m’avaient dit qu’ils n’étaient pas inscrits sur le registre électoral, puis il y a eu deux autres dans un autre centre de vote. C’est cela qui m’avait surpris. Mais un point fondamental, le véritable débat, si débat il y aura, ne se tiendra pas devant un micro. Il se fera en Cour suprême. Ces pétitions électorales ne peuvent être discutées ni sur les réseaux sociaux, ni dans les journaux et encore moins à la radio.
Il y a l’opinion publique…
Même pas ! La Constitution est claire, il est dit que pour toute contestation entourant une élection, il faut se rendre en cour. Je serais trouvé coupable d’outrage à la cour si je discute de la pétition électorale durant cette émission, d’autant que je suis personnellement concerné par une pétition. Je connais mes principes. Si des gens veulent faire des commentaires sur Facebook, libre à eux.
Il y a cependant des doutes quant à votre élection. Qu’avez-vous à dire à ces citoyens ?
Ceux qui ont un doute quant à mon élection n’ont qu’une chose à faire. Selon la Constitution, il doit adresser une application à la Cour suprême et faire état de ses doutes. La Cour suprême appellera toutes les parties concernées et dissipera tous les doutes. Je dis au citoyen lambda ¬- j’en suis un d’ailleurs - qu’il faudra attendre le jugement de la cour. J’attire votre attention sur une chose. L’opposition, après avoir logé ses pétitions, est rentrée dans les rangs, à mon avis sur les conseils de ses hommes de loi. Ils font preuve de responsabilité.
Selon vous, combien de temps durera cette affaire ?
En 2005, l’affaire Jugnauth vs Ringadoo, cela avait pris trois ans. Pour le cas de Françoise Labelle, cela avait pris de temps. En 1991, cela avait pris environ deux ans et demi avant qu’un jugement ne soit rendu. Je n’ai pas étudié tous ces jugements. Mais je peux vous dire qu’aucune élection n’a été « cassé » par la Cour suprême.
Êtes-vous serein ?
La question ne se pose pas, J’ai une confiance totale dans le système judiciaire. Mon état d’âme et mes 40 ans d’expérience me permettent de toujours avoir le même état d’esprit en cour. J’ai pris la pétition, je l’ai remise à mon avocat. Je réagis chirurgicalement dans cette affaire
Quid de l’enregistrement des électeurs ?
Encore une fois, vous remettez en question les fondements mêmes de notre démocratie et de nos lois. Le recensement électoral a été fait en conformité avec notre loi. C’est le cas depuis 50 ans. Personne n’a vu nécessaire de changer cela depuis 50 ans.
Mais peut-il être amélioré ?
Bien sûr qu’il peut l’être.
Le gouvernement envisage-t-il de revoir le système ?
Tous les systèmes peuvent être revus et améliorés. Le commissaire électoral a fourni les explications sur la question. Le gouvernement et le Conseil des ministres vont décider s’il faut revoir le système ou pas. Ce problème d’enregistrement existe dans tous les pays. Mais il y a aussi le gros problème de la responsabilité de l’électeur. Possiblement, la campagne d’information doit être plus pointue et plus poussée. Très souvent, l’électeur n’est pas intéressé de savoir s’il se trouve sur la liste électorale entre deux élections. Il ne faut pas jeter tout le blâme sur le commissaire électoral.
Et pour les bulletins de vote dans la nature ? Cela ne démontre-t-il pas une faille quelque part ?
Cela a interpellé les pétitionnaires. Ce serait un outrage d'y répondre.
Ne trouvez-vous pas cela grave ?
C’est à la cour de décider. Aujourd’hui, c’est préjudiciable. Si je parle, je commets un délit. Je n’irai pas en prison pour cela, mais ce que je vais dire sera utilisé contre moi en cour.
Navin Ramgoolam allègue que les bulletins n’ont pas été imprimés par la Government Printing…
Ce que dit Ramgoolam a été mentionné dans la pétition. Il l’a dit avant de la déposer en Cour suprême. Je rends hommage à Navin Ramgoolam qui a su tenir sa langue après avoir saisi la justice. C’est encore une fois au juge de décider.
En tant que no 2 du GM, n’avez-vous aucune information à ce sujet…
Je ne dirai rien. Je commettrai un délit. Vous pouvez être d’accord ou pas avec mes principes. Vous pouvez essayer de me torturer. Vous n’obtiendrez pas plus de moi.
Les auditeurs prendront note que vous esquivez cette question…
Les auditeurs, j’en suis sûr, comprennent qu’il faut avoir un respect indéfectible pour la Cour suprême.
Mais pouvez-vous nous dire si la loi permet de ne pas faire imprimer les bulletins par l’Imprimerie du gouvernement ?
On peut continuer à tourner autour du pot. Vous voulez perdre votre temps. Je n’ai pas l’intention de faire un plaidoyer dans les locaux de Radio Plus. Je suis là pour répondre à des questions d’ordre politique en général.
Passons à l’élection du président et du vice-président de la République. L’opposition a critiqué le choix de Pradeep Roopun et d’Eddy Boissézon. Votre commentaire.
Au Parlement, à l’heure du vote, je n’ai vu personne de l’opposition se lever et signifier son désaccord. Je blâme ces politiciens qui maintenant critiquent ces choix, alors qu’ils avaient eu l’occasion de le faire avant.
Avez-vous eu des consultations avec le Premier ministre au préalable ?
Oui, il y a eu des consultations. Et non, je n’ai pas proposé le nom d’Eddy Boissézon comme vice-président.
Une question du public : où est la logique derrière le choix de Boissézon qui n’a pas été élu au no 17 ?
Je comprends que ce genre de propos puissent être tenus par des citoyens qui ne connaissent pas les rouages de la politique. Mais je ne comprends pas que cela puisse venir de politiciens chevronnés qui n’ont même pas eu l’audace de contester les noms au Parlement. Sont-ils des enfants ? Ils se réveillent deux jours plus tard pour venir critiquer.
Votre avis sur Arvin Boolell comme leader de l’opposition ?
Je connais Arvin Boolell depuis au moins 50 ans. Nous avons des points de vue politique diamétralement opposés. Mais je n’ai pas de commentaires acerbes contre lui. Il a toujours respecté les institutions. Je suis d’avis qu’il sera un excellent leader de l’opposition, mieux que Xavier-Luc Duval. Seulement les ministres devront bien faire attention à ses PNQ. Il fera bien son travail avec des dossiers bien ficelés.
Paul Bérenger a été aussi critique envers le nouveau Speaker…
Si M. Bérenger avait des critiques contre le Speaker Phokeer, il aurait dû intervenir lors de la séance parlementaire et dénoncer. Si Bérenger est sérieux, qu’il dépose une motion de blâme au Parlement.
Parlons un peu de votre ministère et de la CWA, plus précisément du cas de Yousouf Ismaël.
Le contrat de Yousouf Ismaël, comme directeur général de la CWA, est arrivé à terme. L’organisme entame une nouvelle phase et les compétences de Yousouf Ismaël n’étaient pas adaptées au travail qui se profile.Il a fait un travail formidable. Maintenant, c’est Chandrasen Matadeen qui assure l’intérim jusqu’à la nomination du DG.
Et pour le CEB. Confirmez-vous la nomination de Seety Naidoo
Oui, Seety Naidoo reprend son poste de Chairman.
Parlons des nominations. Ne pensez-vous pas qu’il y aurait dû avoir un appel à candidatures pour les gros postes ?
Non. Si on a besoin d’un gestionnaire pour le CEB, par exemple, et qu’on lance un appel à candidatures. Imaginez que quelqu’un comme Rama Sithanen soumette son application, il sera le meilleur candidat par rapport à ses compétences. Mais si on nomme une personne avec une vision opposée à celle d’un ministre, nous allons droit vers la catastrophe. Je n’irai jamais non plus nommer une personne à un poste de responsabilité s’il est un activiste de mon parti. Il faudrait être fou. Il faut choisir la compétence.
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