Ses larmes semblent intarissables ! Et sa douleur presque palpable tant elle est profonde. Car à 78 ans, Nani Mareeaye est victime de maltraitance. Qui plus est, son agresseur n’est nul autre que son petit-fils. Elle aspirait à une meilleure vie mais le destin en a décidé autrement. Elle lance un vibrant appel aux autorités.
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Le visage baigné de larmes, les mains tremblotantes le long d’un corps tout frêle, Nani Mareeaye personnifie la fragilité physique et émotionnelle lorsqu’elle pousse les portes de la rédaction pour conter ses misères. De Camp-de-Masque-Pavé, où elle habite, à la rue Labourdonnais Port-Louis, elle n’a cessé de pleurer. « Ed mwa ! Ed mwa!», crie-t-elle en arrivant. Elle parvient, avec des mots hachés, à confier qu’elle est maltraitée par son petit-fils âgé de 21 ans.
Il y a quelque temps, dit-elle, il l’a traînée par les cheveux avant de la frapper. Depuis, elle ne se sent plus en sécurité chez elle. « Ce jour-là, deux personnes sont venues le chercher. Il leur devait de l’argent. Ils m’ont demandé s’il était là, je leur ai dit qu’il habitait à l’arrière. Quand ils sont repartis, il est entré dans ma cuisine. Il a jeté son T-shirt sur moi. Il m’a tirée par les cheveux, il m’en a arraché une poignée. Il m’a frappée et cognée contre le mur. J’ai cru que j’allais mourir. » Difficile pour Nani Mareeaye de se souvenir de la date exacte mais elle se rappelle que ce sont des voisins qui l’ont secourue. « Mo ti pe kriye ‘mo pe mor’, ‘mo pe mor’. Ler la vwazin inn vinn sap mo lavi. » Ils ont ensuite appelé la police qui s’est chargée d’emmener la victime à l’hôpital où elle est restée quatre jours.
Elle a toujours fait de son mieux pour s'occuper de ses enfants.
Selon Nani Mareeaye, ce n’est pas la première fois qu’elle a des problèmes avec lui ainsi qu’avec sa belle-fille. Elle confie: « Il me harcèle constamment. Il est recherché mais il joue à cache-cache avec la police Un huissier a finalement pu lui remettre une convocation pour comparaître en cour. Le magistrat lui a donné un avertissement mais il a recommencé à me brutaliser. »
Mareeaye, kouper kann
Elle possède deux maisons. Il y a à peine un an, Mareeaye a permis à son fils et sa famille d’emménager dans celle qui se trouve à côté de la sienne. « Je me suis mariée à l’âge de 18 ans et parfois, on n’avait pas à manger. Je suis donc allée travailler comme laboureur. Monn koup kann. Monn piose. Mo ti pe sorti lakaz 4 h dimatin tou le zour. Apre mo 60 an, monn vinn planter. Monn travay byen dir dan mo lavi. » Son mari est décédé, il y a quelques mois. « Nous étions séparés depuis longtemps et je me suis toujours débrouillée seule. » Mère de sept enfants, dont un est mort, elle a toujours fait de son mieux pour subvenir aux besoins de ses enfants. « Mo mama ti touzour dir mwa aret travay dir pou zanfan, parski enn zour personn pa pou fer nanye pou twa. Mo pa ti krwar li. Aster la ti zanfan ousi pe fer mwa mizere ek personn pa pe protez mwa. »
Nous avons contacté plusieurs membres de la famille de Mareeaye. Ils confirment ses dires. Sa fille affirme qu’elle a plusieurs fois demandé à sa mère de venir habiter chez elle mais elle refuse de quitter sa maison. Quant au petit-fils, il est resté injoignable alors que son père, le fils de Mareeaye, argue d’un « regrettable incident» tout en expliquant que sa famille n’a pas les moyens de louer une maison.
Le ‘Family Support Bureau’ du ministère de l’Egalité des Genres, informé de la situation, a réagi vite à notre demande. Il a enregistré la plainte de Mareeaye et un préposé a affirmé que cette affaire est suivie de près. En attendant, Nani Mareeaye continue à pleurer en craignant pour sa vie…
Maltraitance des personnes âgées : 90 cas en moyenne par mois
Le chiffre est alarmant ! Une moyenne de 90 cas de maltraitance des personnes âgées sont rapportés par mois, selon M. Bonomally de l’Elderly Unit du ministère de la Sécurité sociale. « C’est très inquiétant et les formes de maltraitance enregistrées comprennent les violence physique, comme dans le cas présent, émotionnelle et financière. À notre niveau, nous faisons des campagnes de sensibilisation et en parallèle, nous offrons un service individualisé. Nous faisons des visites à domicile et des médiations, entre autres. » Il nous a assurés qu’un officier contactera Mareeaye dans les plus brefs délais.
Deux hotlines pour dénoncer !
Le silence tue. Pour venir en aide aux personnes âgées, le ministère de la Sécurité sociale a mis sur pied deux hotlines pour enregistrer leurs doléances. « C’est important de dénoncer ces cas d’abus que ce soit à la police, aux médias et à la Sécurité sociale. Pour les plaintes, il faut appeler le 272 entre 9 et 16 heures ou le 191 disponible 24/7», souligne M. Bonomally.
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