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«Mon mari me trompait avec plusieurs de ses étudiantes»

Le but de sa démarche n’est pas de salir la mémoire de son mari, qui est décédé. Si Mina souhaite parler des relations extraconjugales que le chargé de cours entretenait avec des étudiantes, c’est parce qu’elle veut lever le voile sur un problème qui touche certaines universités : les aventures entre « lecturers » et élèves.

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Mina (*) se souvient encore du jour où elle a eu la confirmation que son époux Rajen (*), avec lequel elle comptait 11 ans de vie commune, la trompait. Cette Senior Accountant de 33 ans l’a appris 17 jours après le décès du Senior Lecturer, survenu en septembre. « En voulant désactiver son compte Facebook, j’ai constaté que son profil regorgeait de messages que lui avaient envoyés des étudiantes. Certaines disaient qu’elles l’aimaient. Il me trompait depuis plusieurs années », confie la mère de famille.

L’une de ces jeunes femmes l’aurait contactée. « Elle m’a présenté ses sympathies. Puis elle m’a dit qu’elle connaît mon époux depuis qu’elle a 14 ans et qu’elle était même tombée enceinte de lui. Elle m’a dit qu’ils projetaient de se marier et que Rajen disait que c’était moi la méchante dans notre couple. Il amadouait les filles en m’accusant de lui être infidèle alors que c’était l’inverse », fulmine Mina, encore sous le choc. Avec le recul, elle se souvient que son mari lui avait demandé les noms des cliniques qui pratiquent l’avortement. « Il prétextait que c’était pour un ami… », se souvient-elle.

La trentenaire ajoute que son époux avait créé de nombreux faux profils sur Facebook. Ce qui, selon elle, lui permettait de multiplier les relations extraconjugales avec des étudiantes. Elle est d’avis que les rencontres de son mari se passaient dans des pensionnats et parfois dans la voiture familiale. Un souvenir lui revient alors en tête. Il y a des jours où son époux rentrait à la maison et le siège avant du passager avait été complètement reculé. « Il y avait aussi du papier hygiénique qui traînait çà et là. Lorsque je lui demandais de s’expliquer, il disait que c’était notre fils qui avait reculé le siège et qu’il y avait du papier dans la voiture parce qu’il n’y en avait pas à l’université où il travaillait. »

Addiction

Ce n’est pas le seul signe qui aurait pu mettre Mina sur la voie. « Il passait le plus clair de son temps sur son ordinateur portable. Il avait une addiction pour le sexe. Je pense que c’est pour cette raison qu’il choisissait des filles faciles. Mais ses liaisons ne s’arrêtaient pas uniquement aux étudiantes. Il avait des aventures avec des collègues aussi. »

Un jour, elle a découvert des messages sur le cellulaire de son époux. « Il avait reçu des messages indécents de la part d’étudiantes. J’avais déjà vu leurs noms dans un document de l’université où il travaille. Pour m’empêcher de voir d’autres messages, il m’a arraché le téléphone des mains. Il en a ensuite effacé le contenu avant de me frapper. »

« Il ne me touchait plus »

Lasse de cette situation, Mina dit avoir déjà envisagé de divorcer de Rajen. « Mais il ne voulait pas en entendre parler. Il y a aussi le fait que nous étions parents. Nous ne voulions pas traumatiser notre enfant à cause d’une séparation. Puis, je gardais espoir qu’il changerait avec le temps… »

Un espoir qui s’est évanoui pour elle. Le comportement de son mari empirait au fil des jours. « Il me brutalisait. Il était très distant. Il ne m’accompagnait jamais sur mon lieu de travail. À chaque fois, il trouvait des prétextes. Quand il était à la maison, il disparaissait. » La trentenaire raconte qu’une fois, elle a reçu un bon d’achat pour un séjour dans un hôtel à l’occasion de son anniversaire. En y arrivant, elle a clairement vu que son mari avait l’esprit ailleurs. « Il ne me touchait plus. Il disait qu’il était tout le temps fatigué. D’ailleurs, il souffrait d’insomnie. »

La mère de famille se dit d’ailleurs convaincue que c’est le stress engendré par la pléiade de conquêtes de son mari qui a provoqué sa mort. Un soir, en rentrant chez lui après le travail, Rajen a commencé à se plaindre de douleurs à la poitrine. « Il m’en a parlé. Je lui ai dit que nous devions aussitôt nous rendre à la clinique. Mais il était trop tard. Il a succombé à un arrêt cardiaque à la maison. »

Si aujourd’hui elle souhaite sortir du silence, c’est parce qu’elle trouve inadmissible que des enseignants et des étudiantes aient des aventures. « Certaines d’entre elles le font pour avoir de bonnes notes. Si les profs concernés par ce problème sont coupables de leurs actes, j’estime que ces jeunes femmes le sont tout autant. Elles ne se rendent pas compte que leur comportement déchire beaucoup de couples. » Pour Mina, il est également temps que « les universités concernées prennent leurs responsabilités et sanctionnent les coupables ».

* prénoms modifiés

«La plupart des profs gardent leurs distances», selon des étudiants

Pour nombre d’étudiants interrogés par Le Défi Plus, la plupart des lecturers sont stricts. « Les chargés de cours que nous avons connus jusqu’à présent sont des gens responsables. Ils gardent leurs distance des étudiants. Cela leur arrive de plaisanter, mais ils ne franchissent jamais les limites », lâchent en chœur Ashish et Ashwin, tous deux âgés de 21 ans. Autre son de cloche du côté de Diren, 21 ans. Il dit constater que certains professeurs essaient de faire la cour aux étudiantes. « Zot galan. Parfois ce sont des filles qui parviennent à les piéger. C’est déjà arrivé. Mais en général, la plupart des enseignants sont très respectueux », soutient-il. Ce que confirme Ashna, 21 ans : « Nos lecturers sont fermes. Dès le départ, ils imposent les limites à ne pas franchir. »

Selon une chargée de cours : «C’est une pratique courante dans certaines universités»

Une source à la direction de l’université de Maurice (UoM) affirme que le comportement des étudiants et des employés doit être irréprochable : « Les règles gouvernant les études à l’UoM requièrent que les étudiants et les employés aient un comportement qui ne porte pas préjudice à l’institution. Les relations et interactions entre les chargés de cours et les étudiants sont fondées sur la confiance, le respect mutuel et l’éthique professionnelle. » Une chargée de cours fait ressortir que si un professeur et un(e) étudiant(e) entretiennent une relation, le conflit d’intérêts est inévitable. Elle concède que « c’est une pratique courante dans certaines universités. Mais ce n’est pas éthique même si les étudiants sont des adultes ». Notre interlocutrice ajoute que les étudiants concernés ont aussi une part de responsabilité et qu’il ne faut pas blâmer uniquement les professeurs. Une autre chargée de cours de l’UoM confie que « des cas de harcèlement ont été rapportés par des étudiants. Ces derniers allèguent que des lecturers leur font des avances en leur promettant de leur donner de bonnes notes. C’est malsain d’utiliser son pouvoir dans cette situation. » Elle propose que les établissements d’enseignement supérieur mettent en place un protocole pour éviter tout conflit d’intérêts, surtout si la relation est officielle. 

Le directeur de l’établissement : «Il n’a travaillé que six mois chez nous»

Nous avons sollicité le directeur de l’établissement d’enseignement supérieur où travaillait le chargé de cours pour une réaction. Il a déclaré que cela ne serait pas éthique de commenter cette affaire étant donné que le principal concerné est décédé. Il a cependant tenu à préciser que le professeur n’a travaillé que six mois dans cette université.

Aux Etats-Unis : 55 universités concernées par des allégations de harcèlement et de violences sexuelles

La prestigieuse université américaine Harvard interdit les rapports sexuels entre enseignants et étudiants. Cette décision fait suite à des cas de harcèlement et de violence sexuelle rapportés sur les campus américains. Selon une liste rendue publique par le ministère américain de l’Éducation, 55 établissements d’enseignement supérieur font l’objet d’une enquête fédérale après de nombreuses allégations de harcèlement et d’agressions sexuelles.

 

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