Manav Deena et Shristee Jagmohansingh, 19 ans, tués dans une collision : partis trop tôt, trop jeunes

On oublie parfois à quel point la vie peut être cruelle. Pourtant, on s’en rend bien compte quand elle brise des vies, des rêves… Ceux de Manav Deena et Shristee Jagmohansingh ont été détruits à jamais. Ils sont morts dans une collision à Gentilly, Moka, le jeudi 1er février 2024. La disparition soudaine de ces deux jeunes, qui avaient encore tout l’avenir devant eux, a provoqué une onde de choc. 

Anil Deena : « Mon fils devait se rendre au Japon »

Devenir un professionnel de la mécanique et diriger son propre garage. C’est ce à quoi aspirait Manav Deena. Et le jeune homme était bien déterminé à atteindre ses objectifs. Encore étudiant, il avait commencé un stage dans un garage à Caroline, Bel-Air. Il devait passer des examens en mai pour décrocher son diplôme. 

Juste après, il prévoyait de se rendre à l’étranger. « J’ai des amis qui travaillent dans la mécanique au Japon. Ils viennent en juin. Quand ils allaient repartir, mon fils devait aussi partir au Japon avec eux pour son apprentissage », confie Anil Deena, 42 ans, le cœur attristé. 

Mais le jeune homme a quitté ce monde brusquement sans avoir pu réaliser ses rêves. Le quadragénaire veut rester fort pour sa fille de 13 ans et son épouse. « Si je craque face à cette douloureuse perte, ma famille sera plus dévastée. Je dois surmonter malgré tout », confie ce père meurtri, qui partageait une grande complicité avec son fils. 

Originaire de Caroline, Manav Deena a fait sa scolarité à l’école primaire de la localité avant de faire ses études secondaires au collège Basdeo Bissoondoyal, à Flacq. Durant tout son parcours, son père a été sa plus grande source d’inspiration. « Durant ma jeunesse, je faisais beaucoup de sport. J’en fais encore d’ailleurs, mais quand j’étais plus jeune, je pratiquais trois disciplines : le kickboxing, le jujitsu et la gymnastique », explique-t-il. 
Mais quand il s’est marié, il a dû les mettre entre parenthèses, car il avait d’autres responsabilités. « À la maison, je pratique encore. Quand mon fils était encore petit, je lui montrais quelques mouvements. Il s’en était inspiré. Au fur et à mesure qu’il grandissait, il me disait qu’il allait faire comme moi. Je l’avais toujours encouragé. Il voulait faire de la musculation. À 16 ans, il s’est inscrit dans un gymnase et a commencé à s’entraîner tous les jours », explique Anil Deena. 

Le jeune homme montrait sa transformation sur les réseaux sociaux, notamment sur la plateforme TikTok, avec son physique de plus en plus imposant. Se donnant à fond dans son sport favori et prenant de plus en plus confiance en ses capacités, il s’était même lancé dans la compétition. « En 2022, il avait participé au concours Mr Mauritius. Concurrent dans la catégorie des 60 kilos, il était parvenu à se hisser sur la seconde marche du podium », raconte le quadragénaire avec beaucoup de fierté. 

Il se souvient d’une récente photo que son fils et lui ont prise lors d’une soirée. « Il était venu à côté de moi et il m’avait montré son bras. Il m’avait dit qu’il était devenu aussi musclé que moi. Nous avions alors fait une photo », raconte-t-il. Le sport n’était cependant pas la seule passion que Manav Deena partageait avec son père. « J’aime aussi les voitures et il en a vu défiler plusieurs dans notre cour. La mécanique était devenue une autre passion pour lui », dit-il. 

Il voulait d’ailleurs en faire son métier. Avec son School Certificate en poche, le jeune homme s’était inscrit dans un établissement technique pour en apprendre davantage sur la mécanique. Il en était à sa deuxième année. Il avait récemment commencé un stage dans un garage à Caroline. 

« Il avait tellement d’amour pour cela qu’il apprenait rapidement. Il suivait des cours deux fois par semaine et travaillait au garage. Il voulait obtenir son permis. Je n’ai eu que deux séances de conduite avec lui, mais il avait déjà tout compris. Il savait conduire et il ne lui restait qu’à passer le permis », explique Anil. Le jeune Manav avait un avenir tout tracé. « Il rêvait de devenir un professionnel et d’avoir sa propre affaire. Notre cour est assez grande. L’autre jour, il m’avait montré où il avait l’intention de construire son garage. Cela l’enchantait. Je lui donnais tous les moyens pour y parvenir », raconte ce père meurtri. 

Cependant, tout s’est arrêté en un instant. Jeudi après-midi, lors d’une sortie à moto, Shristee Jagmohansingh et lui ont eu un terrible accident avec un poids lourd à Gentilly. L’impact était si violent qu’il n’a laissé aucune chance de survie aux deux jeunes. Leurs funérailles ont eu lieu ce vendredi. 

Hansraj : « Ma sœur aimait aider son prochain »

Dhirtee Jagmohansingh, affectueusement appelée Shristee, voulait, de son côté, devenir infirmière. La jeune femme, originaire de Saint-Julien, était appréciée pour sa simplicité et sa générosité. Hansraj, 26 ans, est son frère aîné. Il essaie de faire face à ce terrible coup du sort. 

« La maison sera trop tranquille sans ma petite sœur. Elle aimait la musique... Où qu’elle allait, sa musique la suivait », dit-il. Ils passaient beaucoup de temps ensemble. « Il n’y avait que nous deux et nos parents à la maison. Je suis fan de tuning. Parfois, lorsque je sortais pour des shows, elle aimait me suivre. Elle adorait ces sorties. Je lui avais transmis cette passion pour les voitures », ajoute le jeune homme. Shristee Jagmohansingh regorgeait de qualités, dont son sens de l’entraide. « Ma sœur aimait aider son prochain, sans compter son amour pour les animaux », confie Hansraj. 

Sa générosité l’avait conduite à choisir un métier tout aussi noble. « Elle voulait devenir infirmière », poursuit son frère. Elle suivait des cours, mais elle avait aussi trouvé un emploi dans une maison de retraite. « Elle adorait son travail. »

Mais il n’aurait jamais imaginé perdre sa sœur dans des circonstances aussi tragiques. « Elle avait pris son service de nuit mercredi pour terminer à 16 heures jeudi », explique Hansraj. Son frère a attendu en vain qu’elle rentre du travail. « J’ai ensuite appris qu’elle avait été victime d’un accident », ajoute-t-il. Les parents de la jeune femme sont tout aussi dévastés. Vendredi, de nombreuses personnes se sont rendues au domicile de la jeune femme pour ses funérailles.