S’il fallait coller un nom à la fabrication des gaufrettes à Maurice, celui de Mameeta Bungaroo s’imposerait sans conteste. La quadragénaire, directrice de la société familiale Dinsley, dirige l’entreprise créée par son père. Elle a diversifié la production et recruté trois personnes.
Une armoire, un lit et un petit vaisselier. C’est tout comme mobilier dont dispose le couple Mameeta et Surendra, lorsqu’il se marie dans les années 70. « Nous étions un couple modeste, moi-même je n’ai jamais voulu d’un mari fortuné », raconte Mameeta, une femme joviale et à la communication contagieuse.
Aujourd’hui, elle ne cache pas sa fierté d’avoir grimpé de plusieurs crans dans l’échelon social, grâce aux recettes provenant des ventes de ses gaufrettes. « L’entreprise a véritablement pris son envol avec le développement de grandes surfaces », fait-elle valoir. Mais, c’est à son père qu’elle dédie cette ascension sociale.
En, effet, au début des années 60, Seemadree Chiniah, visionnaire, montera sa petite entreprise de gaufrettes à son domicile, à Forest-Side, ici même, où un demi-siècle plus tard, ses enfants feront fructifier son petit commerce artisanal.
Le destin, ou le flair commercial, s’y est aussi mis de la partie car un séjour à La Réunion, à l’invitation d’un client, aurait pu décider autrement de l’avenir de l’entreprise. « Mais mon père n’a pas pu s’adapter chez nos voisins et il est rapidement revenu à Maurice », se souvient Mameeta. Toutefois, Seemadree ne revient pas les mains vides de La Réunion, il rentre avec deux gaufriers, dont il se servira pour multiplier la production.
À cette époque, Mameeta, inscrite au Mauritius College, suit des yeux la confection des gaufres pendant les vacances scolaires.
Mariage à 18 ans
Après son mariage précoce à 18 ans et la naissance de Dinsley, le premier des deux enfants du couple, celui-ci vit du métier de Surendra, l’époux est modéliste de bateau. Mais, le salaire insuffisant de ce dernier contraint Mameeta à prendre de l’embauche dans une usine textile, où elle exercera durant trois ans. Peu après, elle laisse tomber l’usine et s’initie à la confection des gaufrettes. Mais c’est dans la rue, auprès des commerçants, qu’elle fera valoir ses véritables qualités. « Comme j’ai un sens tout naturel de la communication, j’allais faire du porte-à-porte. Je partais avec deux grands sacs bourrés de gaufrettes. J’arrivais sans peine à convaincre mes clients, d’autant que mon père s’était déjà fait un nom », raconte-t-elle. C’est cette réputation, lorsqu’elle succède à son père, qui lui permettra de diversifier les activités de l’entreprise, d’embaucher du personnel et d’étendre son réseau de points de vente. « Les gaufrettes ont été pendant longtemps notre cœur de métier, notre raison sociale, mais pour pérenniser nos activités et passer à l’étape professionnelle, il était impératif de diversifier en tenant compte de la demande », fait ressortir Mameeta. Attentive aux goûts de la clientèle, de son profil et surtout aux mutations socio-culturelles de Maurice, elle comprend très vite qu’il lui faut suivre les tendances consuméristes qui gagnent toutes les parties du pays, avec l’apparition de grandes surfaces.Cornets pour sorbets
« Nous avons commencé par fabriquer des cornets pour sorbets dans différentes tailles. Cela été un succès immédiat car la demande était déjà là », confie-t-elle. Mais la concurrence n’est jamais loin dans un marché aussi porteur que celui des gaufrettes. « Je connais bien notre principal concurrent, qui a réussi quelques coups en abaissant drastiquement ses prix, mais il n’est pas allé trop loin. Nous conservons toujours solidement nos clients, qui sont les principaux supermarchés et hypermarchés de Maurice, grâce à la qualité de nos produits et au respect des délais de livraison ». Mameeta peut aussi compter sur un personnel de trois femmes toutes dévouées. À ce jour et depuis qu’elle a pris la direction de l’entreprise, Mameeta n’a jamais voulu passer son permis de conduire, laissant à son époux le soin de sillonner le pays tandis qu’elle scrute les tendances du marché, tient les comptes, et s’occupe du marketing. « Je ne veux pas me disperser, dit-elle, je fais ce que je sais mieux faire. Le marché des gaufrettes offre encore des perspectives de croissance, il nous faut emménager dans de véritables locaux qui abriteront la production et un bureau. Chez nous, la fabrique est devenue trop restreinte par rapport à notre production et nos projets ». Lorsqu’on lui interroge sur les recettes de son succès, Mameeta cite les ingrédients suivants : le travail, les sacrifices, la rigueur et l’honnêteté. « Ce n’est pas très compliqué », lâche-t-elle.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !