Toutes les firmes ne sont pas logées à la même enseigne. Si certaines peuvent amplement payer la compensation salariale, d’autres, en l’occurence les petites et moyennes entreprises, ont plus de mal à augmenter les salaires. Confession de trois d’entre elles.
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Mala Sewnuth, directrice de SSS Furniture : « On nous pousse au suicide »
La directrice de SSS Furniture Co. Ltd, Mala Sewnuth, ne cache pas son exaspération. « J’ai l’impression que le gouvernement ne cesse de piétiner les petites et moyennes entreprises », dit-elle. Elle va encore plus loin en disant : « Il me semble qu’il fait le contraire de ce qu’il prêche. »
Mala Sewnuth explique qu’en janvier, les petits et moyens entrepreneurs ont eu à payer le salaire minimal. Plusieurs d’entre eux ont dû fermer leur business ou procéder à un dégraissage pour y faire face. « Maintenant on nous impose de nouveau la compensation salariale. On nous pousse au suicide », conclut-elle.
Nasser Moraby propriétaire d’une boulangerie :« Notre situation va se détériorer »
Propriétaire d’une boulangerie, Nasser Moraby explique que le secteur est confronté à des difficultés depuis des années. Il avance que le prix du pain n’a connu aucune hausse depuis 2012, bien que celui des intrants ait, augmenté. « Durant cette période, nous avons été amenés à payer six compensations salariales. Notre situation va sûrement se détériorer si nous devons en payer une septième, sans une hausse du prix du pain », explique-t-il.
Il laisse entendre que certaines boulangeries sont lourdement endettées, voire au bord de la faillite. « Tôt ou tard, la banque pourrait refuser de nous accorder des overdrafts », craint-il.
Il attire l’attention sur le fait qu’il a remis des documents au ministère du Commerce pour soutenir une augmentation du prix du pain et qu’il attend toujours une décision du gouvernement. Selon lui, le prix du pain maison devrait passer à Rs 3,30 l’unité pour que les boulangeries puissent enfin respirer.
Ramesh Aubeeluck directeur de Paint Brush MFG Co Ltd : « Je tire déjà le diable par la queue »
Ramesh Aubeeluck, directeur de Paint Brush MFG Co. Ltd, qui fabrique des pinceaux de la marque Arris, ne cache pas que sa situation financière est difficile. Les commandes se font de plus en plus rares. « Notre production de 2018 ne représente même pas la moitié de l’ensemble de l’année 2017 », dit-il.
Il avance, qu’en sus d’une baisse de production, il a aussi dû faire face à différentes hausses de prix, dont celui du diesel. « Après la hausse du prix du carburant, les camionneurs ont aussi augmenté les frais de transport de la douane à l’usine », fait-il remarquer.
Le directeur de cette petite entreprise explique qu’il doit trouver au moins Rs 85 000 par mois pour le salaire de ses employés. « Je tire le diable par la queue pour assurer les salaires, Je me demande comment je ferai en janvier prochain pour payer la compensation salariale, c'est déjà très difficile », affirme-t-il.
Il insiste sur le fait que le paiement de la compensation salariale alourdira davantage son fardeau financier à un moment où sa production a connu une baisse de près de 50 %. Parlant d’une hausse de production, il avance qu’il ne peut en exiger davantage de ses employés qui font déjà le maximum. Selon Ramesh Aubeeluck, il lui faut un chiffre d’affaires de Rs 400 000 par mois pour pouvoir se tirer d’affaire. Ce qui est plus ou moins difficile pour lui.
Le montant de la compensation connu d’ici deux semaines
Le Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, annoncera d’ici deux semaines le montant de la compensation salariale, qui couvre la perte du pouvoir d’achat des salariés durant l’année écoulée.
En vue des réunions du comité tripartite prévues le 6 décembre, un comité technique s’est réuni le jeudi 22 novembre au siège du ministère du Travail. Le directeur de Statistics Mauritius a profité de l’occasion pour annoncer que le taux de l’inflation jusqu’à décembre 2018 est estimé à 3,3 %. C'est sur ce taux que sera calculé le montant de la compensation salariale qui sera payable à partir du 1er janvier 2019.
EN CHIFFRES
6 décembre. C’est la date à laquelle débuteront les réunions du comité tripartite sur la compensation salariale.
Entre Rs 550 et Rs 1 000.
C’est le quantum d’augmentation que réclament les syndicats.
Business Mauritius : pour une refonte du système de fixation des salaires
Chaque compensation salariale représente un coût additionnel pour les entreprises, dont certaines sont confrontées à des difficultés financières. C’est ce qu’a fait comprendre le Chief Operating Officer de Business Mauritius, Pradeep Dursun, à la sortie de la réunion du comité technique jeudi.
Il s’inquiète surtout pour les petites et moyennes entreprises ( PME) qui n’ont pas la capacité de payer une compensation salariale. Il estime que la capacité de payer de ces firmes est un facteur dont il faudrait tenir compte.
Pradeep Dursun avance que lorsque Business Mauritius avait soutenu l’octroi du salaire minimal, il avait aussi prôné une révision du mécanisme de fixation des salaires à Maurice. « On n’est pas contre l’idée d’accorder une augmentation salariale à nos salariés.
D’ailleurs, plusieurs entreprises ont adopté une politique salariale, mais nous trouvons qu’il y a trop d’institutions qui s’occupent de la question salariale. Elles ont certes joué leur rôle mais avec l’octroi du salaire minimal, il nous faut aussi une refonte du système de fixation des salaires », fait-il comprendre.
Combien l’État et le secteur privé ont dû payer
2014 : Rs 4,2 milliards
- Secteur privé : Rs 2,9 milliards
- L’État : Rs 1,3 milliard
2015 : Rs 1,8 milliard
- Secteur privé : Rs 1,5 milliard
- L’État : Rs 290 millions
2016 : Rs 1,9 milliard
- Secteur privé : Rs 985 millions
- L’État : Rs 880 millions
2017 : Rs 2,2 milliards
- Secteur privé : Rs 1,7 milliard
- L’État : Rs 500 millions
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