Un passionné affable mais strict. C’est en ces termes qu’on pourrait décrire Sunjiv Soyjaudah, limogé de la direction générale de l’ICTA il y a plus d’une semaine. Nous avons été à la rencontre de cet homme, décrit en des termes « élogieux » par ses pairs.
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«Ce n’est pas quelqu’un qui va chercher à dominer les autres. » C’est en ces termes que Suren Bissoodoyal, président du conseil d’administration de la Tertiary Education Commission (TEC) choisit spontanément de décrire l’ancien directeur de cet organismle, Sunjiv Soyjaudah. Ce dernier a été limogé de son poste de directeur de l’Information and Communication Technologies Authority (ICTA) le vendredi 14 octobre dernier. La petite phrase de son ancien président lui sied comme un gant et c’est un trait qui revient quand on évoque l’homme avec ses anciens collègues et collaborateurs.
S’il semble sûr de lui, on sent en parlant à Sunjiv Soyjaudah une certaine timidité et réserve naturelles. « Je suis accessible et j’essaye de comprendre les gens », explique-t-il. Le regard se dérobe de temps en temps, les commissures des lèvres se plissent avec une certaine hésitation alors que nous démarrons la conversation. Des traits qui rappellent cette confidence que nous a faite Suren Bissondoyal à son sujet : « C’est quelqu’un de timide et effacé. Il ne lève jamais la voix et il est à l’écoute. » Une description qui fait sourire son épouse, Veena, quand nous l’évoquons.
« La première fois que j’ai rencontré Suren Bissoondoyal, il m’a rappelé mon époux, confie-t-elle, ils se ressemblent beaucoup! Autant de compréhension et d’impartialité, je n’ai jamais vu ça. » Veena Soyjaudah ressort alors une anecdote qui en dit beaucoup sur la personnalité de son époux. Un jour qu’il était venu la récupérer à l’aéroport, il se fait verbaliser par un policier pour excès de vitesse. « Après avoir reçu sa contravention, il a tout simplement dit au policier : ‘merci beaucoup monsieur, au revoir!’ », confie l’épouse, riant aux éclats.
Toutefois, cette apparente timidité disparaît presque instantanément quand on aborde son travail. Le personnage s’anime alors. Le visage s’illumine et les doigts, jusqu’alors croisés, se desserrent. L’homme est un passionné des sciences certes, mais aussi de la connaissance en général. Et il se lance : « Je dors vers 22h00 pour me réveiller à 1h ou 2h. Je passe trois ou quatre heures à travailler avant de m’endormir encore un peu. Je m’ennuie facilement, vous savez. C’est pourquoi j’ai passé mon examens en droit en 2013. La perspective de la retraite oisive m’effrayait et pour moi, le droit représentait un moyen de me garder occupé. Puis, le raisonnement juridique, c’est passionnant! C’est quelque chose de formidable ! »
Même quand on lui demande ce qui le passionne en dehors de son métier, il ne peut s’empêcher : « J’aime apprendre ce qu’il y a de nouveau dans mon secteur. Quand j’ai décroché mon doctorat, je m’étais spécialisé en ingénierie de la communication. Mais au fil des ans, j’ai dirigé d’autres travaux et j’ai agrandi mon champ de connaissance. Augmenter le champ des connaissances, cela me passionne ! » Il lui faut un petit gloussement de son épouse pour qu’il se rende compte du comique de la situation.
Sur les lieux du travail, malgré sa personnalité affable, Sunjiv Soyjaudah sait se montrer intraitable sur certaines choses. « S’il a quelque chose à dire, il le dit en face, se rappelle un employé de la TEC, même s’il est proche d’une personne, s’il faut lui adresser un avertissement, il le fait. Il est très humain, mais c’est quelqu’un de rigoureux. » Le principal concerné acquiesce. « À la TEC, j’ai déjà rédigé des avertissements qui restent dans un dossier pendant trois mois, reconnaît Soyjaudah, mais si la personne ne commets aucune faute entre-temps, c’est effacé. Mais j’explique toujours la décisions sur un ton poli pour ne pas fâcher la personne. »
Ses bonnes dispositions n’ont pas empêché l’ICTA de le renvoyer sans explications. Un geste qu’il estime être à l’encontre du « natural justice ». Mais Sunjiv Soyjaudah semble être résolument tourné vers l’avant. Si l’Université de Maurice, d’où il est encore en congé sans soldes, ne le reprend pas, il compte entamer son pupilage pour être ensuite autorisé à exercer comme avocat. La perspective de se lancer dans les pas de son idole, le juge Eddy Balancy, le ferait presque frissonner : « On voit bien le raisonnement juridique dans les jugements de Balancy! Great guy ! »
Mais il y a tout de même un certain regret, vu les circonstances de son départ. « Je regrette, parce qu’à la TEC, je faisais bien et je m’entendais avec les membres du conseil d’administration. Mais je pensais qu’à l’ICTA, je serais mieux placé pour aider à faire progresser l’économie à travers la technologie », explique l’ex-directeur.
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