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Les zones d’ombre de la MIC : accusations de mauvaise gestion et conflits d’intérêt

Harvesh Seegolam, alors Gouverneur de la Banque de Maurice, annonçant la création de la MIC lors d’une conférence de presse en mai 2020.

La Mauritius Investment Corporation (MIC), une entité qui a vu le jour en 2020 par la Banque de Maurice pour stabiliser l’économie pendant la pandémie de COVID-19, suscite des débats intenses depuis sa création. 

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Pourquoi cette entité est-elle controversée ?

1. Origine des fonds et transparence :

La MIC a été financée par les réserves de la Banque de Maurice avec une injection de 2 milliards de dollars, soit Rs 81 milliards, ce qui a suscité des critiques sur la pertinence de l’utilisation de ces réserves pour des investissements dans des entreprises privées. Plusieurs économistes, comme Eric Ng ou encore Rajiv Hasnah, First Deputy Governor de la Banque de Maurice nommé président du Conseil d’administration de la MIC le 20 décembre dernier, ont soulevé des préoccupations quant à l’impact sur la stabilité monétaire et les réserves nationales. Selon eux, ceci a contribué à booster l’inflation. En mai 2021, le Fonds monétaire international (FMI) demande avec beaucoup d’insistance à la Banque de Maurice de se désengager de l’actionnariat de la Mauritius Investment Corporation (MIC), voire de son contrôle, et réclame que son financement passe par le processus budgétaire de l’État. Le ministre des Finances d’alors, Renganaden Padayachy, balaie cette observation d’un revers de main. En conférence de presse, le 19 août 2021, il dira que la MIC est « un formidable outil ». « Nous avons les moyens de le faire contrairement à beaucoup d’autres pays. À un moment donné, on a construit notre réserve. La MIC est un outil qui nous aide à préserver les emplois surtout dans le secteur touristique ».

2. Absence de mécanismes de reddition des comptes

Les décisions d’investissement de la MIC manquent de transparence, ce qui alimente les soupçons de favoritisme ou de mauvaise gestion. Les rapports annuels sont souvent jugés insuffisants pour donner une image claire de l’allocation des fonds et des performances des investissements. D’ailleurs, la MIC n’a pas encore rendu publics ses rapports annuels pour 2024 et son rapport pour 2023 a été rendu public que début décembre, après le changement de gouvernement. 

3. Critiques des choix d’investissements

La MIC a été critiquée pour avoir injecté des fonds dans des entreprises considérées peu viables à long terme, ou appartenant à des groupes ayant des liens étroits avec le gouvernement. Cela a conduit à des accusations de conflit d’intérêts. Au 30 septembre 2024, la Mauritius Investment Corporation (MIC) avait investi Rs 56,83 milliards dans 60 entités. Parmi les financements controversés, il y a les Rs 650 millions accordées à Mauriplage Beach Resort Ltd, propriétaire de l’hôtel Maradiva Villas Resort & Spa et de l’hôtel Sands, dont l’épouse et le beau-frère de l’ancien Premier ministre Pravind Jugnauth, sont de gros actionnaires, mais aussi Rs 350 millions à Luxury Retirement Village Ltd, dont l’actionnaire est Ng Holdings Ltd appartenant à Avinash Gopee, proche du couple Jugnauth. PSH Investment Ltd, appartenant aussi à Avinash Gopee, avait obtenu Rs 100 millions. Des soupçons pèsent aussi sur le rachat de 70 % des actions de l’hôtel Ambre pour Rs 2,4 milliards le 7 juin 2024. Selon des éléments provenant de la Banque de Maurice, la nomination d’un Transaction Advisor proche de l’ancien régime et qui aurait bénéficié d’une commission de Rs 400 millions fera l’objet d’une enquête approfondie bientôt. 

  • defimoteur

     

 

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