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L'armée israélienne progresse dans Gaza, les appels au cessez-le-feu restent lettre morte

Cette photo publiée par l'armée israélienne le 5 novembre 2023 montre des troupes et des véhicules israéliens patrouillant à l'intérieur de la bande de Gaza alors que les combats entre Israël et le mouvement palestinien Hamas se poursuivent.

L'armée israélienne progresse dans la bande de Gaza, où une nouvelle frappe a fait des dizaines de morts dans un camp de réfugiés samedi soir selon le Hamas, malgré les appels au cessez-le-feu et le désespoir des civils palestiniens après 30 jours de guerre.

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Le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Al-Safadi, a souligné que le monde arabe parlait d'une "seule voix" pour mettre fin à la guerre à Gaza, à l'issue d'une rencontre à Amman samedi avec son homologue américain Antony Blinken, où étaient présents les chefs de la diplomatie d'Egypte, d'Arabie saoudite, des Emirats arabes unis et du Qatar.

Cependant, M. Blinken, attendu dimanche à Ankara, a réitéré la ferme opposition des Etats-Unis à un cessez-le-feu, qui "ne fera que garder le Hamas en place".

Le chef de la diplomatie américaine a répété que son pays privilégiait des "pauses humanitaires" pour acheminer l'aide aux 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza, soumis à des bombardements depuis l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, qui a déclenché le conflit. Israël leur a aussi imposé un "siège complet", coupant les approvisionnements en eau, électricité et nourriture.

Le ministère de la Santé du Hamas a fait état dans la nuit de samedi à dimanche d'au moins 30 morts dans un bombardement -non confirmé par l'armée israélienne à ce stade - contre un camp de réfugiés, ajoutant que la majorité des victimes étaient des enfants et des femmes.

Un journaliste de l'agence turque Anadolu a déclaré à l'AFP que sa maison s'était partiellement effondrée lorsqu'une frappe aérienne avait touché l'habitation de ses voisins dans le camp de Maghazi, faisant de nombreuses victimes, dont deux de ses enfants.

- "Rattachez-moi mes jambes" -
Depuis le début du conflit, il y a près d'un mois, 9.488 personnes, essentiellement des civils dont 3.900 enfants, ont été tuées par les frappes israéliennes dans le territoire palestinien de 362 km2, selon le dernier bilan samedi du gouvernement du Hamas, qui y est au pouvoir depuis 2007.

Samedi, l'un des bombardements israéliens a touché selon le Hamas une école de l'ONU où s'abritaient des déplacés dans le camp de réfugiés de Jabaliya, dans le nord, faisant 15 morts.

"Les bombes tombaient sur nous, les gens étaient coupés en morceaux, ils sont tous morts ou blessés, nous voulons une trêve, s'il vous plaît, nous sommes épuisés", a imploré Sajda Maarouf, réfugiée dans une école.

A l'hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud du territoire, "rattachez moi mes jambes", hurle Layan al-Baz, 13 ans, à chaque fois que la douleur la réveille sur son lit d'hôpital, saisie par l'effroi après avoir été amputée. Selon sa mère, Lamia al-Baz, 47 ans, l'enfant a été blessée la semaine dernière dans un bombardement sur le quartier al-Qarara, dans lequel elle a aussi perdu deux filles et deux petits-enfants.

Appuyés par des bombardements et des tirs d'artillerie, les soldats israéliens ont intensifié leurs opérations au sol dans le nord de Gaza, cherchant à détruire le "centre" du Hamas à Gaza-ville, selon l'armée. Ils ont subi plusieurs attaques et tué "des dizaines de terroristes". Dans le sud, ils ont mené un "raid ciblé" tuant des combattants ennemis "qui sortaient d'un tunnel".

Le Hamas a affirmé avoir ciblé un convoi militaire israélien avec des obus et infligé des "pertes à l'ennemi".

Au moins 29 soldats israéliens ont été tués depuis le début de l'opération terrestre à Gaza le 27 octobre, d'après l'armée, et le ministre de la Défense Yoav Gallant a fait état de "combats difficiles", jurant de "trouver" et "d'éliminer" Yahya Sinouar, le chef du Hamas, classé groupe "terroriste" par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne (UE).

Le chef d'état-major israélien, le général Herzi Halevi, a inspecté ses troupes à Gaza samedi, pour la première fois depuis le début de la guerre.

- "Je ne dors plus" -
En Israël, où les sirènes d'alerte aux roquettes retentissent régulièrement, au moins 1.400 personnes sont mortes selon les autorités depuis le 7 octobre, en majorité des civils tués le jour de l'attaque du Hamas. Le Hamas détient en outre 241 otages, selon l'armée.

"Je dors et mange le minimum pour survivre", confie à l'AFP Yoni Asher, 37 ans, dont la femme et les deux filles ont disparu lors de l'attaque du Hamas, il y a un mois.

Alors que la crainte d'un embrasement généralisé est palpable parmi les Israéliens, "je ne dors plus", avoue Sarit Zehavi, mère de trois enfants et lieutenant-colonel de réserve qui craint que le Hezbollah libanais, allié du Hamas et soutenu par l'Iran s'infiltre "dans les localités, les kibboutz du nord d'Israël pour tuer, massacrer" comme l'a fait le Hamas.

A la frontière israélo-libanaise, les échanges de tirs sont quotidiens. Depuis le 7 octobre, 72 personnes ont péri côté libanais, selon un décompte de l'AFP, dont 54 combattants du Hezbollah. Six soldats et un civil ont été tués côté israélien.

- Ergogan rompt avec Netanyahu -
En quatre semaines, les bombardements israéliens ont provoqué d'immenses destructions à Gaza -déjà soumis à un blocus israélien depuis 2007- et entraîné selon l'ONU le déplacement de 1,5 million de personnes, qui survivent dans des conditions très précaires.

D'après un responsable américain, 350.000 à 400.000 personnes se trouveraient encore dans le nord, où se concentre l'essentiel des combats. Mais les bombardements israéliens n'épargnent pas le sud du territoire non plus.

Selon le décompte de l'ONU samedi, seuls 450 camions d'aide humanitaire depuis le 21 octobre sont passés par le terminal de Rafah (sud), à la frontière avec l'Egypte.

Plusieurs centaines de blessés, d'étrangers et de binationaux ont pu quitter Gaza vers l'Egypte depuis le 1er novembre via Rafah également, mais le gouvernement du Hamas a décidé de suspendre samedi ces évacuations en raison du refus d'Israël de laisser partir des blessés palestiniens.

"Aucun détenteur de passeport étranger ne pourra partir avant que les blessés qui doivent être évacués des hôpitaux du nord de la bande de Gaza ne puissent être transportés vers le terminal de Rafah", a déclaré à l'AFP un responsable de l'administration des points de passage.

En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, plus de 140 Palestiniens ont été tués par des tirs de soldats ou de colons israéliens depuis le 7 octobre, selon l'Autorité palestinienne. Des attaques condamnées par l'ONU et l'UE.

Face au refus d'Israël d'accepter un cessez-le-feu, la Turquie a annoncé samedi le rappel de son ambassadeur en Israël pour consultations.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a aussi déclaré rompre tout contact avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui "n'est plus quelqu'un avec qui nous pouvons parler", selon lui.

© Agence France-Presse

 

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