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Jocelyn Chan Low : «même un petit pays peut l’emporter contre les grandes puissances» 

Il y a unanimité sur le succès historique de la souveraineté de Maurice sur les Chagos. Cependant, bien que cet aboutissement soit salué comme un moment marquant, la vigilance concernant les détails de cet accord demeure essentielle, selon divers observateurs du dossier Chagos. Ils insistent sur l'importance d'examiner minutieusement les modalités de l'accord pour garantir que les intérêts de Maurice soient pleinement protégés.

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L'historien Jocelyn Chan Low, qui a étudié de près la question de la souveraineté des Chagos pendant plusieurs décennies, et ayant eu accès à des documents confidentiels au cours de sa carrière, met avant tout l'accent sur le succès historique de cette lutte. Il souligne que, par le passé, de nombreuses voix sceptiques affirmaient qu'il s'agissait d'une cause perdue.

Selon ces critiques, un petit pays comme Maurice n'aurait jamais pu rivaliser avec deux superpuissances comme les États-Unis et le Royaume-Uni. « La victoire mauricienne sur les Chagos constitue un tournant décisif, illustrant que même un « petit pays » peut l’emporter contre de grandes puissances », fait-il part. 

Jocelyn Chan Low souligne aussi un aspect central de cette bataille diplomatique. « Depuis 1982, sous le gouvernement MMM-PSM, une décision stratégique avait été prise de ne pas remettre en cause l’existence de la base militaire américaine sur Diego Garcia ». Cette approche, selon lui, visait à séparer le dossier de la souveraineté des Chagos de celui de l’occupation militaire américaine, facilitant ainsi les négociations. « Personne n’a remis en cause l’existence de la base américaine, car il aurait été impossible pour Maurice de demander le départ des Américains. Cette stratégie a permis de concentrer les efforts sur la souveraineté, un enjeu plus réaliste dans le cadre des négociations internationales », a ajouté l’observateur. 

Jocelyn Chan Low insiste également sur l'importance du contexte géopolitique actuel. La guerre en Ukraine et les prises de position des États-Unis et du Royaume-Uni en tant que champions du droit international ont joué en faveur de Maurice. « Ces puissances ne pouvaient pas prétendre défendre le droit international en Ukraine tout en refusant de reconnaître les droits de Maurice sur les Chagos», explique l’historien. Il met également en avant le fait que Maurice a bénéficié d'un soutien international considérable dans ce combat, notamment avec l’appui des nations africaines à l’ONU. « Il faut donc remercier ces pays pour leur soutien, qui a été capital dans cette lutte », souligne-t-il.

Cependant, malgré l'enthousiasme affiché par Jocelyn Chan Low concernant cet accord, il estime qu'il sera désormais crucial d'étudier minutieusement les modalités de l'arrangement. L’historien souligne que cet accord devra être ratifié par un traité, qui traitera des aspects financiers, notamment du loyer que Maurice concédera aux États-Unis pour l’utilisation de Diego Garcia. « Pour l’instant, les détails restent flous ; nous n’avons connaissance que des grandes lignes, mais tout sera clarifié dans le cadre de ce traité à venir », précise-t-il, tout en insistant sur l'importance de la vigilance lors de ce processus.

Kris Valaydon, ancien diplomate et légiste, se réjouit des avancées, mais appelle à la prudence. Selon lui, bien que la souveraineté mauricienne soit reconnue, la présence américaine sur Diego Garcia pour encore 99 ans soulève des questions sur la neutralité de Maurice sur la scène internationale. « Nous ne sommes plus dans le camp des non-alignés, nous avons pris la décision de nous aligner avec les Américains et les Anglais », analyse Kris Valaydon. Il met également en garde contre les implications de cette décision sur la paix dans l’océan Indien, et sur la possibilité que Diego Garcia devienne un centre stratégique majeur, voire une nouvelle Guantanamo.

 

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