
Leurs visages restent calmes, presque impassibles. Toutefois, derrière les uniformes impeccables et les gestes maîtrisés des inspecteurs de billets de Metro Express Ltd (MEL) se cachent une inquiétude et une colère. Deux sentiments qui gagnent en intensité chaque jour.
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Ces employés, une cinquantaine, sont polyvalents. Ils sont tour à tour agents de bord, contrôleurs ou encore responsables de l’assistance aux bornes de rechargement et travaillent jusqu’à 10 heures par jour. Dans les gares comme à bord des rames, ils font face à des incidents qui se multiplient : insultes, bousculades, intimidations. Trop, c’est trop. Plusieurs d’entre eux ont décidé de briser le silence et lancent un appel : ils réclament une protection légale urgente.
« On ne veut pas attendre qu’il y ait un drame pour que les autorités réagissent », confie un Ticket Inspector, sous le couvert de l’anonymat. Ses collègues et lui réclament une prise de position claire du ministre du Transport et du Light rail, Osman Mahomed. Leur revendication ? Une législation spécifique pour encadrer les rapports entre le personnel de MEL et les usagers, avec des sanctions prévues pour toute forme d’agression ou d’entrave au service.
Cela fait des années que les agents de MEL réclament une législation claire pour encadrer leur statut, protéger leurs droits, et leur permettre d’exercer sereinement leurs fonctions. En première ligne du transport urbain, les Ticket Inspectors dénoncent un flou juridique devenu insoutenable. « On nous dit qu’on est une entreprise privée. Pourtant, nos salaires sont versés par le ministère des Finances. On dépend du ministère des Transports, mais on n’a aucun des droits du secteur public », résume un agent, épuisé par les contradictions administratives.
Le point d’achoppement ? L’absence d’une police indépendante promise, mais jamais mise en œuvre pour épauler les inspecteurs confrontés à des passagers agressifs, fraudeurs ou récalcitrants. Les employés réclament donc l’introduction d’une police spéciale pour le métro.
« On nous dit de faire respecter la loi, mais on ne nous donne ni la formation, ni la reconnaissance, ni la protection nécessaire. Pourtant, le Light Rail Act 2019 est sans ambiguïté : les inspecteurs sont habilités à interpeller, refuser l’accès aux wagons, voire détenir un passager en cas de trouble. Toutefois, cette disposition, jamais communiquée au public, laisse les agents seuls face à l’hostilité croissante de certains usagers », fait-on comprendre.
Osman Mahomed promet des « mesures costaudes »
Sollicité pour réagir à la montée de la fraude et l’incivilité de certains passagers sur le réseau Metro Express, le ministre des Transports et du Light Rail, Osman Mahomed, se veut rassurant. « Le problème va s’atténuer, grâce à la communication et avec le temps. Cependant, s’il le faut, nous appliquerons des mesures costaudes », affirme-t-il.
Il salue les efforts déployés dans le cadre de la campagne « To frode, to tase », lancée pour dissuader les fraudeurs. « Quand j’ai pris mes fonctions, on m’a indiqué qu’entre 4 000 et 5 000 usagers ne validaient pas leur carte ME. C’est une forme de fraude. Une fraude qui coûte cher. Très cher », dit-il.
Selon lui, MEL enregistre un déficit annuel de plus de Rs 300 millions à cause de ces comportements. « La grande faiblesse, c’est que certains décident eux-mêmes s’ils vont payer ou pas. Il n’y a personne pour les y contraindre », déplore-t-il. Osman Mahomed n’épargne pas ses prédécesseurs : « Je jette le blâme sur ceux qui étaient là avant moi. » Il affirme avoir rencontré la police et les responsables concernés, et lance un appel direct aux employés : « N’ayez pas peur de faire votre travail. »

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