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Faute de travail : les taximen contraints de vendre leurs voitures pour payer leurs dettes

Les temps sont vraiment durs pour les chauffeurs de taxi d’hôtels. Le travail devenu rare, certains n’arrivent plus à honorer les dettes contractées pour acheter leurs voitures.

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Tous les chauffeurs de taxi doivent rembourser selon un terme de 5 ou 10 ans les prêts contractés auprès des institutions financières pour acquérir leurs outils de travail : leurs voitures. Pour une voiture neuve, la période moratoire de remboursement est de 10 ans ; pour un véhicule reconditionned, elle est de cinq ans.

Pour un prêt de Rs 500 000, les mensualités sont de Rs 8 000 environ. C’est le montant que rembourse Nizam, 54 ans et chauffeur de taxi d’hôtel sur le littoral, depuis vingt ans. 

« Mais comment rembourser Rs 8 000 tous les mois si l’on n’a pas de travail ? » s’interroge Nizam. Son cas n’est pas isolé : plusieurs taximen à travers le pays font face à la même difficulté.

« En fait, je n’arrive plus à rembourser ces Rs 8 000 », confie Nazim. « Mes amortissements sont devenus irréguliers. Sur les Rs 500 000 empruntées, je n’ai remboursé que Rs 100 000. Le drame, c’est qu’il n’y a plus de travail. Du moins, plus pour nous. D’autres opérateurs nous volent cette activité qui nous revient de droit. Depuis quelque temps, je n’effectue qu’une sortie par semaine. Si je perçois Rs 2 000 pour une sortie, faites le compte du revenu mensuel que cela constitue. »

Nizam rappelle que sa fille est actuellement en Form IV. « Je suis le seul gagne-pain de ma famille. Si je ne rembourse pas mon prêt dans le délai imparti, ma voiture sera saisie. Que ferai-je alors ? Sans voiture, je ne pourrai travailler, comment rembourser une telle dette ? » se lamente-t-il.

Un autre taximan (témoignant sous l’anonymat), également basé près d’un hôtel du littoral, déclare être dans la même situation. « Je suis affecté à cette base depuis trente ans, j’éprouve beaucoup de difficultés à rembourser mon prêt. L’arrivée de nouveaux opérateurs a bouleversé nos modes de fonctionnement. Il y a trop de transports qui prennent les touristes dans les hôtels. Ce que je gagne par mois est insuffisant pour rembourser mes dettes et couvrir les autres dépenses de la famille. Heureusement, il n’y a pas de loyer à payer. Sur ma base, il y a quatre ou cinq collègues dans la même situation pénible. L’un d’eux a déjà vendu sa voiture. »

Rappelons que si un taximan d’hôtel se retrouve sans voiture, sa patente sera révoquée puisqu’il ne peut plus accomplir la tâche attendue de lui.


La voiture d’André vendue aux enchères

André, taximan d’hôtel de 61 ans, a perdu sa voiture et, par conséquent, sa patente. Son quatre-roues a été saisi et vendu aux enchères. Il n’a pu rembourser dans le délai imparti le prêt contracté pour acheter un véhicule reconditionned. Aujourd’hui, André est chômeur et doit encore de l’argent à son créancier.

Dans les milieux des taximen d’hôtel, on avance que quand un chauffeur perd sa voiture et sa patente, c’est un coup dur porté à son amour-propre. La première question qu’il se pose : comment les autres ont-ils réussi, mais pas lui ? Souvent, le chauffeur victime déprime. Des taximen rappellent également qu’il y a quelques mois, un collègue relativement jeune et habitant Clémencia s’est suicidé parce qu’il n’arrivait plus à honorer ses dettes.

Rallonger la période moratoire

La Fédération des associations de chauffeurs de taxi d’hôtels réclame un rallongement de la période moratoire pour le remboursement des prêts pour l’acquisition d’un taxi de 10 à 15 ans (taxi neuf). Elle a écrit aux ministères concernés, dont le ministère des Finances. La correspondance a été adressée avant le discours budgétaire de Pravind Jugnauth.

Une source au ministère indique qu’on ne sait pas encore où en est le dossier. La Fédération est invitée à réitérer sa requête pour que des discussions soient initiées.

 

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