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Des pertes supplémentaires de Rs 800 M en un an : le CEB face à un déficit record de Rs 4,88 milliards

La situation financière du CEB est dans le rouge à plusieurs niveaux.

Après avoir déjà enregistré des pertes de plus de Rs 4 milliards en 2023, le Central Electricity Board annonce une nouvelle dégradation de sa situation financière, atteignant un niveau historique jamais-vu auparavant.

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Le déficit du Central Electricity Board (CEB) a connu une détérioration historique, passant de Rs 4,1 milliards à Rs 4,88 milliards, selon le dernier rapport pour l’exercice 2022-2023. Cette perte historique témoigne d’une détérioration alarmante de sa situation financière. Après des années de rentabilité, le CEB voit de plus en plus ses finances se fragiliser, malgré des mesures correctives, telles que l’augmentation des tarifs d’électricité en février 2023. Malheureusement, cette hausse n’a eu qu’un impact limité, n’influençant les résultats financiers du CEB que sur une période de cinq mois.

Rajden Chowdharry, le General Manager de l’organisme, a reconnu les défis majeurs auxquels le CEB a été confronté lors de l’année écoulée. Dans son message publié dans le dernier rapport annuel, il a affirmé : « Despite the tariff increase implemented on 01 February 2023, our financial situation remained a major concern », en ajoutant que des indicateurs financiers demeurent dans le rouge. 

Malgré ces pertes colossales, Rajden Chowdharry reste optimiste quant aux perspectives futures. Il explique : « The benefit of the tariff increase over a longer period, coupled with the decreasing trend in heavy fuel oil and coal prices, is expected to significantly reduce our operating costs ». Selon lui, la baisse progressive des prix du Heavy Fuel Oil (HFO) et du charbon, des combustibles essentiels à la production d’électricité, devrait soulager les coûts de production à moyen terme.

Coûts de production élevés

Le rapport annuel du CEB souligne aussi la volatilité des prix de l’huile lourde, qui représente environ 90 % des coûts de production de l’organisme.  En effet, le prix de l’huile lourde a, selon le CEB, atteint un pic de USD 760 la tonne en avril 2022, avant de diminuer légèrement à partir d’octobre 2022. Cependant, ces prix sont restés élevés tout au long de l’année, augmentant les coûts de production. De la même manière, le prix du charbon, utilisé par les Independent Power Producers (IPP) pour la production d’électricité, a bondi de USD 80 la tonne avant la pandémie à un pic de USD 369,62 la tonne en juillet 2022. Ainsi, bien que les prix aient légèrement baissé par la suite, ils restent bien supérieurs aux niveaux prépandémiques, aggravant davantage les dépenses liées à la production.

En sus de l’augmentation des coûts des matières premières, le CEB met aussi en avant  les taux d’intérêt domestiques qui ont fortement grimpé, avec un taux directeur atteignant 4,85 % en 2023. Au sein de l’organisme, on est d’avis que cette hausse, conjuguée à la détérioration de la liquidité, a considérablement alourdi les charges financières du CEB, contribuant ainsi à aggraver sa situation financière déjà préoccupante.

Découvert bancaire

Un autre facteur clé de la situation déficitaire du CEB est la chute de son ratio de liquidité à 0,88 au 30 juin 2023, principalement due à un important découvert bancaire. Ce ratio, qui montre la capacité du CEB à payer ses dettes à court terme, est désormais en dessous des standards du secteur. Pour corriger cela, le CEB prévoit de restructurer ses dettes à court terme afin d’améliorer sa situation financière.

L’on apprend que le découvert bancaire du CEB est passé de Rs 66,2 millions au 30 juin 2022 à Rs 2,9 milliards au 30 juin 2023. Par ailleurs, les emprunts du CEB s’élevaient à Rs 4,789 milliards au 30 juin 2023, dont Rs 1,300 milliards en emprunts à court terme sur le marché monétaire, convenus durant l’année. En comparaison, les emprunts au 30 juin 2022 étaient de Rs 3,530 milliards.

Le ministre Lesjongard ne veut pas réagir 

Nous avons également tenté d’obtenir les commentaires du ministre des Services publics et de l’Énergie, Joe Lesjongard, sur le sujet, mais son service de communication nous a déclaré que le ministre n’a pas souhaité réagir. Toutefois, dans son entourage, on laisse entendre que ces chiffres ne reflètent pas la réalité et que la situation s’améliorera très prochainement. Le ministère des Services publics et de l’Énergie affirme, par ailleurs, que des efforts considérables sont déployés pour réduire le déficit à Rs 100 millions.

Patrick Assirvaden doute de la réussite de la transition énergétique

« Nous avons tiré la sonnette d’alarme sur la situation financière du CEB depuis plusieurs années », déclare Patrick Assirvaden, responsable du dossier énergétique au sein du Parti travailliste (PTr). Selon lui, avec un déficit aussi préoccupant, le gouvernement mauricien est loin d’être en position de réussir la transition énergétique promise. « Voilà donc le bilan de Pravind Jugnauth et de Joe Lesjongard en fin de mandat, et c’est ce qui va tuer la transition énergétique », souligne-t-il. 

Le député du PTr reproche également au gouvernement d’avoir affaibli le CEB en puisant Rs 3,2 milliards dans ses caisses pour les injecter dans les fonds consolidés (Consolidated Fund). « Cet argent doit être restitué au CEB », réclame-t-il. Patrick Assirvaden met en avant une série de mauvaises décisions et de gestions déplorables. « Il ne faut pas oublier que le CEB a été arnaqué de Rs 10 millions par une société se faisant passer pour Hyundai, et plus récemment, un employé s’est volatilisé avec Rs 3 millions du Provident Fund », déclare-t-il.

 

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