Live News

Cannabis médicinal : les premiers dossiers étudiés ce jeudi

Le cannabis médicinal sera d’abord proposé à l’hôpital de Candos avant d’être étendu à d’autres établissements régionaux.

Le jeudi 7 septembre, un projet pilote révolutionnaire sera lancé à l’hôpital Victoria, à Candos.  Un médicament à base de cannabis sera proposé aux patients répondant aux critères établis après l’étude des dossiers par le Medical Cannabis Therapeutic Committee. Par la suite, cette initiative s’étendra bientôt à d’autres hôpitaux régionaux, ce qui marque une avancée significative dans l’accès aux soins pour de nombreux patients.

Publicité

Un médicament à base de cannabis sera disponible dès cette semaine à l’hôpital Victoria à Candos et pourra être administré aux patients. Un premier groupe de patients sera pris en charge ce jeudi. Ce projet sera mis en place dans les autres hôpitaux régionaux de l’île ultérieurement. Dans cette optique, les autorités devraient disposer d’un stock suffisant pour les patients qui répondent aux critères établis d’ici à la fin de l’année, a indiqué le Dr Kailesh Jagutpal. « Depuis l’année dernière, nous avons lancé les procédures. Nous avons obtenu un médicament. Il existe trois types de cannabis médical. Nous pensons qu’à la fin de cette année, nous devrions recevoir les quantités et les différents types de cannabis nécessaires », a déclaré le ministre de la Santé.

Dossiers étudiés

Le Dr. Dhanraz Gopal, président du Medical Cannabis Therapeutic Committee de l’hôpital Victoria, où le projet pilote sera mis en place, annonce que le comité a été établi et débutera ses activités dès jeudi. « Jeudi matin, une réunion du Medical Cannabis Therapeutic Committee est prévue pour prescrire le traitement au cannabis.  Toutes les commandes ont été passées et chaque patient qui nécessite ce traitement aura son dossier examiné par le conseil. Cela permettra de déterminer si le patient répond aux critères de sélection en fonction de sa pathologie », explique notre interlocuteur. 

Il poursuit que le traitement sera prescrit en conséquence, avec différents dosages en fonction de la pathologie du patient. « Les membres du conseil ont suivi une formation sur le traitement au cannabis et ont passé un examen. Nous sommes maintenant capables de passer en revue les dossiers des patients pour évaluer s’ils répondent aux critères établis », fait ressortir le Dr Dhanraz Gopal.

Le médecin ajoute que le Medical Cannabis Therapeutic Committee, composé de neuf membres, agira comme organisme décisionnel. « Le conseil va entériner ou rejeter les demandes prenant en compte plusieurs critères. Ce n’est que les membres du conseil qui sont habilités à prescrire le cannabis médicinal. Si le dossier est approuvé, le patient devra aller à l’hôpital où son médecin traitant administrera le traitement », indique-t-il.

Soulagement et non-guérison

Le Dr. Anil Jhugroo, psychiatre au ministère de la Santé, déclare que dans un premier temps, c’est le traitement « balanced THC & CBD » qui sera disponible. Il affirme qu’il est essentiel de comprendre la distinction entre guérir et soulager. Dans la plupart des cas, le traitement au cannabis soulage les patients souffrant de diverses pathologies. « Les cas où ce traitement est autorisé sont listés dans le Dangerous Drugs Act, notamment la sclérose en plaques, l’épilepsie chez les jeunes enfants, les douleurs qui ne répondent pas aux analgésiques traditionnels, le cancer, les rhumatismes, l’inflammation et divers types de douleurs », précise notre interlocuteur. 

Toutes les commandes ont été passées et chaque patient qui nécessite ce traitement aura son dossier examiné par le conseil. Cela permettra de déterminer si le patient répond aux critères de sélection en fonction de sa pathologie.»

Il explique que dans les cas où la morphine ou la codéine ne parvient pas à soulager la douleur, le cannabis peut être envisagé comme une alternative. « Pour les patients sous chimiothérapie, le cannabis peut être utilisé pour prévenir les nausées et les vomissements. D’autres conditions peuvent également être traitées avec du cannabis, telles que le lupus, les migraines, etc. Cependant, ces cas doivent être documentés et basés sur des preuves médicales », ajoute-t-il.

Requête du médecin traitant

Le Dr Anil Jhugroo avance que la requête pour le traitement au cannabis doit être faite par un médecin traitant et validé par le conseil. « Il n’y a pas de limite d’âge pour son utilisation, même les jeunes enfants de deux ou trois ans atteints d’épilepsie peuvent en bénéficier. Le cannabis agit comme un relaxant musculaire et peut soulager les douleurs musculaires, y compris chez les personnes âgées atteintes de cancer ou de douleurs chroniques. Les dosages varient en fonction des besoins des patients », fait-il comprendre. 

Toutefois, selon lui, il est important de noter que le traitement au cannabis « ne guérit pas les pathologies, mais il soulage les symptômes et prévient la progression de la maladie comme dans le cas du cancer ». Le Dr Anil Jhugroo soutient, néanmoins, qu’il n’existe pas encore de preuves scientifiques solides pour prouver qu’il guérit « complètement ». Il fait aussi ressortir qu’environ 80 % des patients atteints de sclérose en plaques ne répondent pas favorablement au traitement. « Le cannabis peut soulager les symptômes chez 20 % d’entre eux. Dans les autres cas où le soulagement n’est pas complet, le traitement peut être maintenu, sous réserve d’une observation attentive de la réponse du patient », déclare notre interlocuteur. 

Pharmacovigilance 

Le Dr Anil Jhugroo maintient que la pharmacovigilance est cruciale pour surveiller les effets secondaires possibles, tels que des éruptions cutanées ou d’autres symptômes. Le traitement au cannabis commence en tant que projet pilote et le ministère a l’intention de créer un conseil dans chaque hôpital pour superviser le traitement. À noter qu’à ce jour, le ministère de la Santé dispose de 25 fioles de ce médicament à base de cannabis en attendant les autres commandes. 

Kunal Naik, addictologue : « Le fruit de nombreuses années de plaidoyer » 

Pour l’addictologue, Kunal Naik, c’est une nouvelle encourageante. « Je suis ravi que les gens aient désormais accès à un traitement. Depuis longtemps, mes collègues et moi, nous luttons pour permettre l’accès au cannabis médical. Cette réalisation est le fruit de nombreuses années de plaidoyer », soutient-il.

Il fait aussi ressortir que le traitement n’est pas limité à une seule molécule. « J’espère que nous pourrons accélérer le processus pour inclure d’autres molécules qui peuvent bénéficier à un large éventail de patients. Chacun mérite d’avoir accès à des options de traitement adaptées à ses besoins », ajoute-t-il.

Il plaide pour la mise en place d’un système efficace de sélection des patients à travers le comité. « L’objectif est de ne pas faire attendre les patients inutilement pour qu’ils puissent commencer leur traitement. Une fois lancé, le programme devrait être bien organisé », préconise Kunal Naik. Ce dernier recommande, de plus, que le ministère de la Santé envisage également de mettre en vente des produits à base de CBD (cannabidiol) qui ne sont pas psychoactifs et ne nécessiteront pas de prescription. « Le CBD est différent du THC (tétrahydrocannabinol), qui est psychoactif. Il est essentiel de comprendre que certains médicaments contiennent du THC, et dans ce cas, c’est le ministère qui supervisera l’accès à ces médicaments », conclut-il.

Dev Virahsawmy : « Un médicament qui peut aider à soulager la douleur d’au moins 250 000 Mauriciens »

Il avait récemment écrit une lettre ouverte au ministre de la Santé, plaidant de tout cœur en faveur du traitement au cannabis pour des patients comme lui. Dev Virahsawmy félicite maintenant le gouvernement pour sa décision de progresser avec le cannabis médicinal. « Ce qui me réjouit, c’est que j’ai réussi à convaincre de nombreuses personnes, en particulier les autorités, que l’huile de cannabis est un médicament qui peut aider à soulager la douleur d’au moins 250 000 Mauriciens, soit au moins un quart de la population du pays », dit-il. 

Selon lui, il s’agit d’un médicament qui peut être bénéfique pour les personnes atteintes de cancer, d’Alzheimer, d’épilepsie, de troubles menstruels, de ménopause, de migraines, et bien d’autres pathologies. Toutes ces conditions peuvent être soulagées par l’utilisation de l’huile de cannabis. 

Cependant, il regrette qu’il y ait eu des groupes de pression qui se sont opposés à cette décision. « Il y avait des lobbys privés qui prétendaient que cela affecterait leurs activités commerciales, ainsi que des lobbys d’importateurs de médicaments. Je suis heureux que finalement, une décision ait été prise en faveur de l’utilisation du cannabis à des fins médicinales », ajoute-t-il. 

Dev Virahsawmy poursuit qu’il est important de noter que le terme « cannabis » peut prêter à confusion. « Le cannabis est en réalité une plante de différentes variétés, tout comme la mangue », fait-il comprendre. Il existe, selon lui, deux variétés principales de cannabis : le cannabis récréatif généralement associé au gandia et utilisé à des fins récréatives et le cannabis industriel, également appelé chanvre, qui est cultivé partout dans le monde. « Le cannabis industriel a de nombreuses propriétés, y compris une molécule appelée cannabinoïde, qui est présente dans l’huile de cannabis et qui peut aider les personnes qui souffrent », indique notre interlocuteur. Il ajoute qu’il est aussi utilisé pour fabriquer des fibres pour la corde, le linge, etc. « Comme nous le savons, la production de sucre n’est plus aussi rentable qu’auparavant, il est donc important de diversifier nos activités. Le cannabis industriel peut contribuer au développement économique de manière significative », estime-t-il. 

Les conditions pour le cannabis médical :

  • Spasticité associée à la sclérose en plaques qui n’a pas répondu au traitement conventionnel ;
  • Épilepsie sévère réfractaire qui n’a pas répondu au traitement conventionnel par antiépileptiques ;
  • Nausées et vomissements intraitables associés à la chimiothérapie qui n’ont pas répondu au traitement conventionnel par antiémétiques ;
  • Douleur sévère intraitable qui n’a pas répondu au traitement conventionnel ; 
  • D’autres conditions médicales autorisées par le Comité thérapeutique du cannabis médicinal en fonction des preuves thérapeutiques.

Pas plus de trois mois 

Selon le Dangerous Drugs (Amendment) Act 2022, le traitement par le cannabis médicinal peut être prescrit pour une période renouvelable n’excédant pas 3 mois et d’après les modalités et conditions déterminées par le Medical Cannabis Therapeutic Committee.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !