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Banian - La mer à portée de main

banian_la_mer Touristes et Mauriciens sont friands des poissons fraîchement pêchés.

À Maurice, les poissonniers sont plus communément connus sous le nom de banians. Souvent ils exercent non loin des débarcadères, mais la profession les a obligés à s’adapter à la réalité du marché.

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Alors que le soleil fait mine de se coucher, sous un tecoma, sur la place du débarcadère de Grand-Baie, Pritam Teelockchand sert ses premiers clients venus trouver du poisson frais.
Cela fait un bout de temps qu’il scrute l’horizon, pour chercher du regard ces bateaux, que la mer emporte au loin et conduit à nouveau vers le lagon avec des poissons pleins les filets. Du moins, quand Neptune, le Dieu romain de la mer, le permet.

Ce père de famille de 37 ans, à la peau hâlée, fait ce métier depuis ses vingt ans. Il verse de temps à autre de l’eau sur une table remplie de poissons et nous raconte son histoire.
« Plus jeune, j’allais régulièrement pêcher avec mes amis. Quand on avait de bonnes prises, on les revendait directement aux habitants de la localité. C’est un peu comme cela que j’ai eu l’idée d’embrasser la profession. »

Ainsi, quand à 20 ans, il boucle ses études secondaires, il sait ce qu’il veut faire. Il sera banian, comme personne ne l’a jamais été avant lui, dans sa famille. « Je suis, le premier banian de ma famille. Et au départ c’était difficile pour moi, parce que je ne connaissais rien à ce métier. Il a donc fallu tout apprendre sur le tas. C’était loin d’être une mince affaire. »
D’emblée, il a dû convaincre les pêcheurs pour qu’ils lui vendent leurs poissons.

« J’étais nouveau sur le marché, il a fallu beaucoup négocier, pour me faire ma place au soleil. Il a fallu attendre entre cinq à six ans, avant de me faire une clientèle et de vendre 40 à 50 livres de poissons par jour. »

Sa clientèle qui est très friande de vieilles rouges ou encore du cateau selon Pritam. « Mes clients raffolent de vieilles rouges. Et je les comprends parce que le goût de ce poisson est unique. Puis, il y a aussi le cateau. Ce sont là mes deux best-sellers tous les jours. Mais, sur mon étal on trouve aussi du thon, des dorades et des crabes. Chez moi il y en a pour tous les goûts et pour toutes les bourses. »

Cependant sa présence, au débarcadère dépend surtout de Dame nature. « Pour que je puisse acheter les poissons aux pêcheurs et ensuite les revendre à mes clients, il faut que les pêcheurs puissent prendre la mer. Il faut donc que le temps soit clément. Quand il n’y a pas de pêche, je suis pénalisé. Et je dois simplement accepter cette réalité. »

De plus, il faut savoir que le temps de jeûne n’arrange pas non plus les affaires de Pritam. « Quand une communauté jeûne, je note une baisse significative dans mon chiffre d’affaires. Ce sont les aléas du métier, il faut les accepter. »

Je trouve toujours un moyen de gagner ma vie. La plupart du temps je vais moi-même pêcher. Ce n’est pas un métier facile, mais il me permet de nourrir ma famille »

Ainsi, quand les circonstances ne sont pas en sa faveur, Pritam ne s’éloigne pas pour autant de la mer pour subvenir aux besoins des siens. « Je trouve toujours un moyen de gagner ma vie. La plupart du temps je vais moi-même pêcher. Ce n’est pas un métier facile, mais il me permet de nourrir ma famille. »

De plus, il a appris à s’adapter à la demande du marché. « Auparavant, le banian se contenait de revendre des poissons. Avec le temps, il a dû commencer par les nettoyer contre un paiement supplémentaire. Quant à moi, pour fidéliser ma clientèle, je livre mes poissons à condition que mes clients achètent plus de dix livres.

De Grand-Baie, je peux livrer mes poissons jusqu’au village de Goodlands. Il a bien fallu m’adapter pour rester à la page. Au cas contraire, ce métier n’existerait plus. »

 

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