Assad Bhuglah: «J’ai placé Maurice sur la carte commerciale du monde»

Mission accomplie ! C’est en ces termes qu’Assad Bhuglah, 63 ans, résume son parcours au Défi Quotidien. « Je suis satisfait d’avoir pu placer Maurice sur la carte commerciale du monde », se réjouit-il. Quand il démarre sa carrière, se remémore celui qui occupait jusqu’à vendredi le poste de directeur de la Trade Policy Unit au ministère des Affaires étrangères, de l’Intégration régionale et du Commerce international, Maurice avait des relations commerciales uniquement avec l’Union européenne et, dans une moindre mesure, avec les États-Unis.

Assad Bhuglah a ainsi contribué aux efforts de diversification de nos marchés d’exportation avec une bonne partie des pays du continent africain. « Nous avons pu conclure récemment un accord plus large avec la SADC, le COMESA et l’East African Committee, qui regroupe environ 26 pays de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe », indique-t-il. Il se dit également fier de sa contribution à faire du secteur des services (NdlR : un domaine qui avait peu d’intérêt quand il a commencé sa carrière) un pilier important du pays.

Cheville ouvrière

Assad Bhuglah a, par ailleurs, aidé Maurice à nouer des relations sur le plan commercial avec des économies émergentes telles que la Turquie, l’Inde et le Pakistan. L’ancien directeur de la Trade Policy Unit a aussi joué un rôle important dans les négociations à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et les accords tels que l’AGOA (African Growth and Opportunity Act), le protocole commercial de la SADC, l’établissement de la zone de libre-échange du COMESA et l’Economic Partnership Agreement intérimaire avec l’Union européenne. Sa plus grande « réalisation », soutient-il, est d’avoir été la cheville ouvrière de la coalition des pays en voie de développement et des petites économies pour mieux peser de leur poids au sein de l’OMC. « Nous avons réussi à faire accepter à la communauté internationale le concept de petite économie ou d’état insulaire afin qu’on nous accorde un traitement spécial et différencié de par nos faiblesses et nos spécificités car les petits pays n’ont pas toutes les aptitudes, contrairement aux grands pays, pour faire face à la compétition internationale », explique-t-il. Un parcours professionnel qui a été salué par le ministre des Affaires étrangères, Vishnu Lutchmeenaraidoo. Lors d’une cérémonie d’adieu dans les locaux du ministère organisée le jeudi 12 mai dernier en l’honneur d’Assad Bhuglah, le chef de la diplomatie mauricienne a rappelé les qualités humaines de ce dernier, de même que sa passion pour l’écriture et l’histoire. « C’est une personne d’une grande humanité et d’une grande culture », a souligné Vishnu Lutchmeenaraidoo, qui a exprimé le souhait que le ministère puisse continuer à bénéficier, d’une manière ou d’une autre, de l’expertise de l’ancien directeur de la Trade Policy Unit.

Nouveaux pôles économiques

Lors de son discours, Assad Bhuglah a insisté sur la pertinence d’une nouvelle diplomatie qui soit en adéquation avec les nouveaux pôles économiques en devenir comme l’économie bleue, le hub maritime et l’ouverture économique vers l’Afrique. Pour rappel, Assad Bhuglah a démarré sa carrière en août 1981 en tant qu’économiste. Il a gravi les échelons avant d’occuper le poste de directeur de la  Trade Policy Unit au sein de la division Commerce international du ministère.