- « Je ne suis pas affilié au Parti travailliste », précise-t-il
Le chanteur Raquel Jolicoeur fait de nouveau les gros titres en pleine campagne électorale. L’une de ses compositions connaît un succès viral et agite actuellement la scène politique.
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Si une chanson a capté l’attention et donné le ton à ce début de campagne électorale, c’est sans aucun doute « King Is Back », une composition de Raquel Jolicoeur. Devenue virale sur les réseaux sociaux depuis la semaine dernière, cette composition aborde plusieurs thèmes qui ont défrayé la chronique au cours de la dernière décennie, faisant écho aux multiples controverses qui ont secoué l’actualité mauricienne. Dans la vidéo qui accompagne la chanson, un montage visuel revisite des moments tels que le naufrage du Wakashio, l’assassinat de l’ancien agent du Mouvement socialiste militant (MSM), Soopramanien Kistnen, les cas de torture policière, ainsi que la montée en puissance du trafic de drogue à Maurice. Parmi les personnalités ciblées dans ces polémiques figurent plusieurs membres éminents du gouvernement sortant, à l’instar de l’Attorney General Maneesh Gobin et du député Kenny Dhunoo, notamment.
Bien que certains interlocuteurs affirment que la chanson a été composée il y a plus d’un an, il est indéniable que c’est depuis l’annonce de la dissolution du Parlement, le 4 octobre dernier, que « King Is Back » a explosé en popularité. Sur YouTube, elle a déjà généré plus de 30 000 vues, tandis que sur TikTok, le clip accumule des milliers de partages, de likes et de commentaires.
Un clip aux répercussions politiques immédiates
L’ampleur du phénomène a été telle qu’il n’a pas échappé à la classe politique. Le Premier ministre Pravind Jugnauth, lors d’une intervention publique à Belle-Mare, n’a pas hésité à dénoncer le député du Parti travailliste (PTr) Shakeel Mohamed, l’accusant d’avoir partagé la vidéo et ainsi faire un jeu communal. Cela a davantage accentué l’aspect politique du clip, d’autant que, dès les premières secondes, la chanson proclame : « Lion pe revinn ankor, bann-la pe dir bizin lion lor baz la. » Ces paroles, associées directement à Navin Ramgoolam, leader du PTr, font écho à ses déclarations passées où il se comparait au lion, un symbole qu’il affectionne particulièrement.
Face aux spéculations sur les motivations politiques de la chanson, son compositeur Raquel Jolicoeur a souhaité clarifier les choses. Contacté par téléphone, il a expliqué que « King Is Back » n’a pas été écrite pour soutenir un parti en particulier : « J’ai composé cette chanson il y a un an, lorsque j’étais en prison. Là-bas, on était contraints de regarder les bulletins d’information de la MBC, qui présentaient toujours un pays idyllique, mais cela ne reflétait en rien ma réalité », a-t-il déclaré.
Père de trois enfants et responsable de ses parents, Raquel Jolicoeur décrit une situation financière difficile. Il explique devoir réunir environ Rs 30 000 par mois pour subvenir aux besoins de sa famille, une tâche compliquée pour une grande partie de la population mauricienne. « Je voulais simplement montrer la vérité des gens d’ici. Quand on dit la vérité, cela touche forcément. C’est pour ça que la chanson a eu un tel succès », affirme-t-il.
Ni candidat ni partisan, mais en quête de justice
Sur la question de savoir si la chanson profite à l’opposition en pleine campagne électorale, Raquel Jolicoeur est catégorique : « Je ne suis pas affilié au Parti travailliste, et je ne souhaite pas être candidat. Quand j’étais en prison, aucun politicien n’était là pour moi. » Il se défend ainsi de toute instrumentalisation de son œuvre à des fins électorales. Pour lui, « King Is Back » est avant tout une manière de dénoncer les réalités que vivent de nombreux Mauriciens.
Raquel Jolicoeur souligne qu’il n’en est pas à sa première chanson critiquant les dérives du système. Il rappelle sa chanson « Poliko Krapo », dans laquelle il abordait déjà les dérives du « planting », un sujet qui a pris une ampleur considérable par la suite. Lorsqu’on lui demande s’il envisagerait de composer une chanson en l’honneur de Pravind Jugnauth, Raquel Jolicoeur répond : « Dir Pravind Jugnauth rey mo ‘case’, lerla mo tir enn sante pou li. Mo inosan, ek li kone mo inosan. »
Quel message Raquel Jolicoeur a-t-il pour les Mauriciens dans ce contexte électoral actuel ? Il adresse un message clair aux électeurs mauriciens : « Kan zot al vote, fer rewind ek kronolozi bann evennman apre al vote. »
Zoom sur Raquel Jolicoeur
En mai 2022, Raquel Jolicoeur a été arrêté après avoir été trouvé en possession d’héroïne d’une valeur estimée à Rs 10 millions, ainsi que d’une arme à feu, de munitions et d’explosifs. Le chanteur fait face à trois accusations provisoires, y compris celles liées au Prevention of Terrorism Act, pour trafic de drogue et possession illégale d’armes. Deux cautions de Rs 300 000 chacune ainsi qu’une reconnaissance de dette de Rs 5 millions lui ont été imposées.
Ancien membre du groupe Armada 666, Raquel Jolicoeur a déclaré vouloir poursuivre sa carrière en solo. Il est également reconnu comme un phénomène de la scène artistique, ses chansons générant des millions de vues. Par exemple, la chanson « Poliko Krapo » affiche 4,8 millions de vues sur YouTube.
Le succès de Vire Mam en 2014
Les campagnes électorales donnent souvent lieu à l’émergence d’hymnes politiques emblématiques. En 2014, par exemple, la chanson « Vire Mam » produite par le MSM a marqué les esprits en mettant en avant les critiques de Paul Bérenger à l’encontre de Navin Ramgoolam. Cet hymne politique a largement contribué au succès du MSM lors de cette élection.
Raviraj Beechook : «ce n’est pas la chanson officielle de l’alliance»
La chanson « King is Back » sera-t-elle donc l’hymne de l’Alliance du Changement lors de cette campagne électorale ? Raviraj Beechook, candidat et responsable de communication des rouges, affirme qu’il est faux de prétendre qu’il s’agit de la chanson officielle de l’alliance. « C’est une chanson qui exprime une réalité du point de vue d’un artiste. Je dois cependant reconnaître qu’elle contient plusieurs vérités », explique-t-il, soulignant l’engouement croissant des Mauriciens pour ce morceau. « Cette chanson correspond à la réalité de Maurice et témoigne du désir de liberté des Mauriciens depuis la dissolution du Parlement », affirme-t-il.
Cependant, il dénonce le fait qu’un groupe de personnes s’amuse à créer des pages sur Facebook en les présentant comme les pages officielles du changement. Ces pages prétendent que « King is Back » est l’hymne de l’alliance de l’opposition. « Nous avons pris connaissance de ces pages, et ce sont des pages fausses que nous avons dénoncées à la police », ajoute-t-il.
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