Le projet de tout-à-l’égout, pourtant complété, a vu ses coûts augmenter de Rs 92 millions. Somme qui a été puisée du budget initialement prévu pour le projet de Pailles-Guibies. Ce projet est paralysé, attendant que la WMA alloue le contrat comme recommandé par le Central Procurement Board depuis deux mois.
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La balle est définitivement dans le camp de la WMA, au niveau du CPB, c’est fini
La Wastewater Management Authority (WMA) a puisé des fonds d’un projet dit en cours pour financer les surcoûts d’un projet qui serait complété. Le 16 novembre 2018, cet organisme a demandé à la Trésorerie le transfert de Rs 92,3 millions de la dotation destinée au projet de tout-à-l’égout de Pailles/Guibies à celui du lot A1 de Plaines Wilhems. Une démarche qui laisse perplexe, vu que le projet de Plaines Wilhems est officiellement complété, alors que celui de Pailles-Guibies est paralysé.
« Increased project value of the Plaine Wilhems Sewerage Project Lot A1 » est la raison donnée par la WMA pour justifier ce transfert. Le projet de Pailles-Guibies a une valeur totale de Rs 1,9 milliard. À juin 2017, une somme cumulée de Rs 136,8 millions y avait été injectée. Pour l’année financière en cours, la somme de Rs 394,5 millions était prévue.
Toutefois, les choses deviennent moins claires concernant le projet de Plaines Wilhems, qui ne figure même pas dans la liste des projets du Public Sector Investment Programme 2018-2019, ayant déjà été complétés. Il faut remonter à celui de 2017-2018 pour découvrir que la valeur totale du projet était Rs 5,4 milliards et que le dernier décaissement qui devait être fait en 2018-2019 était seulement de Rs 75 millions. Le projet a connecté 6 800 maisons à un réseaux de tuyaux de tout-à-l’égout de 102 km.
Comment le coût d’un projet déjà complété a pu prendre l’ascenseur au point de réclamer Rs 92,3 millions de plus ? Le Défi Plus a contacté Suleiman Hansrod, président de la WMA, pour des clarifications à ce sujet. « Je ne vois pas pourquoi le grand public devrait connaître ces détails, explique-t-il, il s’agit des arrangements entre la WMA et le ministère des Finances. »
Le président de la WMA nous a référé à l’Acting General Manager de l’organisme, Jacques Alexis Radhay. Toutefois, ce denier n’a pas répondu à nos courriels et nos multiples appels durant la semaine. La responsable de communication de la WMA n’a pas non plus été en mesure de nous renseigner davantage.
L’autre versant de ce transfert étonne également plusieurs acteurs concernés par le dossier : le gel du projet de Pailles-Guibies. Initialement, c’est Sinohydro, firme chinoise, qui décroche le contrat l’année dernière après une offre de Rs 849 millions. Toutefois, Sotravic, autre soumissionnaire qui avait proposé Rs 1 milliard, conteste l’allocation de ce contrat devant l’Independent Review Panel (IRP) qui demande au Central Procurement Board (CPB) de revoir son évaluation.
Le CPB a déjà complété son exercice de réévaluation il y a deux mois déjà et a maintenu sa décision initiale d’octroyer le contrat à la firme chinoise. Toutefois, la WMA n’a pas encore alloué le contrat à Sinohydro, comme recommandé. « La balle est définitivement dans le camp de la WMA, au niveau du CPB, c’est fini », explique une source proche du dossier.
Une autre source, ayant également des intérêts dans l’affaire, explique : « Nous suivons la situation de près et personne ne comprend pourquoi la WMA n’alloue pas le contrat. C’est un vrai mystère. »
L’étrangeté de la situation pousse même l’une de nos sources à se demander si ce n’est pas la firme Sinohydro elle-même qui déplairait à la WMA…
Ce qu’avait dit le IRP sur le contrat Pailles-Guibies
Dans son rapport d’évaluation daté du 28 septembre 2018, l’IRP se montre critique des procédures utilisés pour l’évaluation des soumissions pour le projet de Pailles-Guibies. « We must confess to some degree of surprise at the way the proceedings before us unfolded », peut-on notamment lire à la conclusion. L’IRP avait alors recommandé qu’une nouvelle évaluation soit faite.
Sotravic contestait l’allocation de ce contrat sur trois points. D’abord, celui du conflit d’intérêts. Il y avait trois soumissionnaires au total pour le projet, dont le joint venture Beijing Construction Engineering Group-Gamma. Selon Sotravic, Sinohydro et BCEG sont toutes deux des « state-owned companies ». Il est interdit à deux soumissionnaires ayant le même actionnaire de participer à un même exercice.
Le deuxième argument est que la WMA évalue le projet à Rs 1,2 milliard alors que Sinohydro propose Rs 849 millions. Une offre inférieure à 30 % aux estimations. Une offre trop basse qui affecterait la qualité des travaux, selon Sotravic.
Le dernier point est l’implication de la firme de construction chinoise dans des litiges à l’étranger. Il y a notamment celui entamé en cour par l’Attorney General du Botswana en octobre 2015.
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