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- L’épouse et la fille de Pravind Jugnauth embarquées
La journée du 15 février 2025 restera gravée dans l’histoire de l’île Maurice, tout comme la soirée du 6 février 2015. Ces deux dates marquent l’arrestation de deux anciens chefs de gouvernement, chacune survenue quatre mois après des élections générales. En 2015, Navin Ramgoolam, alors Premier ministre sortant, avait été arrêté manu militari à son domicile familial de la rue SSR (ex-rue Desforges) et conduit au Central Criminal Investigation Department (CCID), aux Casernes centrales. Peu après, un coffre contenant de la monnaie locale et des devises étrangères, estimées à Rs 220 millions, avait été découvert à son domicile de Riverwalk, Floréal.
L’ex-Premier ministre Pravind Jugnauth a, lui aussi, été visé par une perquisition le 15 février 2025. Des éléments de la Financial Crimes Commission (FCC), accompagnés de policiers, ont débarqué à sa résidence d'Angus Road, Vacoas. En présence de son épouse, Kobita Jugnauth, et de l'une de ses filles qui souhaitait accompagner ses parents, Pravind Jugnauth a été conduit dans les locaux de la FCC samedi soir pour les besoins de l'enquête.

Mais les similitudes entre ces événements historiques ne s’arrêtent pas à la forte mobilisation des forces de l’ordre. Le traitement réservé aux deux anciens chefs de gouvernement présente des contrastes notables, révélant des approches différentes face à ces situations exceptionnelles.
Jaguar vs tout-terrain
C’est à bord d’une luxueuse Jaguar que la Financial Crimes Commission (FCC) a conduit Pravind Jugnauth, ancien Premier ministre, hors de sa résidence d’Angus Road, Vacoas, dans la soirée du samedi 15 février. Le véhicule, immatriculé 11296 DC 19, l’a transporté jusqu’au siège de la FCC, au Réduit Triangle, où il a été interrogé pendant plusieurs heures. Vers 2 heures du matin, il a été transféré au centre de détention de Moka à bord du même véhicule.
Pravind Jugnauth a été embarqué, entendu, arrêté, inculpé et libéré sous caution, sans qu’aucun badaud n’ait pu s’approcher de cette VVIP. Le dimanche 16 février, toujours à bord de la même Jaguar noire imposante, il a été conduit devant la Week-end Court de Port-Louis.
Selon des sources, la FCC a utilisé ce véhicule provenant de l'Integrity Reporting Services Agency (IRSA), aujourd’hui dissoute. Une partie du parc automobile de l’IRSA a été transférée à la FCC lors de sa création, expliquant la présence de cette Jaguar au Réduit Triangle.
Une opération qui contraste fortement avec celle menée par le CCID, dirigé par Heman Jangi, en février 2015, peu après la défaite électorale de Navin Ramgoolam. Ce dernier avait été arrêté à son bureau de la rue Desforges, à Plaine-Verte, et embarqué de force dans un tout-terrain de la Special Supporting Unit (SSU). La perquisition à son domicile de Riverwalk, Floréal, s'était ensuite déroulée sous haute surveillance.
C’est à bord d’une Toyota Prado que Navin Ramgoolam avait été conduit pour assister à cette perquisition, lors de laquelle un coffre-fort contenant Rs 220 millions en monnaie locale et devises étrangères avait été saisi.
Dans les locaux de la FCC samedi en début de soirée, avant même l’arrivée de Pravind Jugnauth et ses proches, la commission s’était assurée d’un rehaussement de la sécurité pour éviter tout dérapage. Avec la venue de l’ancien PM prévue, la direction de la FCC avait fait appel à plusieurs unités de la Special Supporting Unit (SSU). L’accès au Réduit Triangle a été filtré par les équipes de police et les éléments de la FCC. Les hommes de loi, du panel légal des suspects, avaient été autorisés à l’intérieur en temps et lieu.
D’autre part, alors que la foule de sympathisants ne cessait de grossir aux abords de la résidence, incluant d’anciens ministres, des élus et des proches du parti orange, la FCC est restée impassible. Les escortes de l’ex-Premier ministre, de son épouse Kobita Jugnauth et de l’une de leurs filles, qui avait accompagné sa mère, ont veillé à ce que l’ensemble de l’opération se déroule sans anicroche.
À l’extérieur, les badauds manifestaient ouvertement leurs émotions, entre marques de soutien et vives critiques, certains dénonçant fermement que l’ex-Premier ministre et sa famille aient été embarqués par la FCC. Malgré cette agitation, le dispositif de sécurité est resté solide, garantissant le bon déroulement de l’intervention.
Sécurité maximale à Port Louis
Si Pravind Jugnauth a été hué lors de sa comparution devant le tribunal de Port-Louis dimanche, des consignes strictes avaient été données aux policiers mobilisés pour assurer sa sécurité. Les commandos de la Special Response Group (SRG) avaient reçu pour instruction de sécuriser au maximum le périmètre et d’éviter tout débordement.
Dès le dimanche matin, des commandos cagoulés de la SRG étaient déjà postés au siège de la FCC. Leur déploiement avait été minutieusement planifié pour encadrer le transfert de l’ex-Premier ministre vers la capitale. Une fois à Port-Louis, l’opération s’est déroulée sans accroc, réglée comme du papier à musique.
« C’est la méthode Sooroojebally, une formule efficace »
Des partisans, comme des adversaires de Pravind Jugnauth, s’étaient massés aux abords du tribunal de Port Louis. « Nou pa kapav permet ki sa akize ki enn VIP gagn kout bal, kout ros ou dibwa, la polis ki ti pou bizin reponn », fait-on comprendre. De ce fait, avant, pendant et après sa comparution, aucun dérapage n’était toléré devant le tribunal. L’accès au tribunal, dimanche, était contrôlé. Dans la soirée, après la libération sous caution de Pravind Jugnauth, la SRG s’est démenée avec force pour encadrer protéger et escorter Pravind Jugnauth jusqu’à la voiture conduite par des policiers de la VIPSU. « C’est la méthode Sooroojebally, une formule efficace », confient nos sources aux Casernes centrales.
Cependant, dans le cas de Navin Ramgoolam, les images et séquences vidéo parlent d’elles-mêmes. À la rue Desforges, l’ancien Premier ministre avait été embarqué de force, la main au collet, sans bénéficier d’un véritable cordon de sécurité pour le protéger. C’est avec difficulté qu’il avait été placé dans un véhicule de police, au milieu d’une foule agitée.
Lors d’une bousculade, Navin Ramgoolam n’avait pu éviter un bras mystérieux qui avait tenté de l’étrangler brièvement. Une scène marquante qui avait alimenté de vives réactions à l’époque. Une fois arrivé aux Casernes centrales à bord du tout-terrain de la SSU, c’est un Navin Ramgoolam visiblement secoué qui avait franchi les portes du siège du CCID pour son interrogatoire.
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