Il a croqué plus de mille visages à son actif et ne s’en lasse jamais. De retour d’un voyage à Paris où il a pu visiter la Place Montmartre, Thierry Amery, portraitiste et caricaturiste, nous crayonne son parcours magique.
Notre smartphone regorge de photographies et de selfies. Alors, qu’auparavant, pour immortaliser une image, il n’y avait que le dessin, ce concept traditionnel disparaît faisant place à la technologie. Mais pour ce professeur en Art visuel, un portrait fait à la main reste toujours magique.
« Un dessin fait à la main est pur et reste à vie. Je le réalise plus encore quand je vais chez des personnes et que je vois sur leurs murs les portraits encadrés que j’ai dessinés qui date de 2013 », dit-il.
Parmi les portraits, les Mauriciens sont plus attirés vers les caricatures, un style plus loufoque et attrayant. Thierry Amery, également portraitiste et caricaturiste, qualifie ce style de spécial qui tend à ridiculiser très souvent le modèle.
« La caricature est plus marrante, rapide et créative. Il y a une certaine excitation à l’idée de voir le résultat. Mais je vais dans le sens inverse, au lieu de rendre ridicule, ça me plaît de le rendre plus cocasse. Je cherche à avoir un résultat plus plaisant que blessant. Dans ce cas, j’ai l’œil d’un enfant qui voit la vie en cartoon ».
Thierry dessine d’ailleurs très souvent des caricatures dans des soirées et cela en six minutes.
À la question s’il est préférable de faire un portrait traditionnel plutôt que comique, le jeune homme de 31 ans n’ose pas faire un choix.
« Je ne peux faire de choix entre l’illustration et le réalisme, car j’aime le challenge du dessin réaliste. Parfois, cela dépend aussi des têtes que je dessine, de mon humeur ou du temps que je dispose ».
Un destin non tracé
Son plus grand rêve serait un jour de pouvoir dessiner « Bangksy », un artiste satirique anglais qui dessine des fresques murales anonymement. Notre jeune artiste a eu l’occasion de se rendre en France près de la cathédrale Basilique du Sacré-Cœur à Montmartre là où tous les portraitistes et caricaturistes se rendent pour tirer le portrait des touristes.
« J’y suis allé récemment, ils sont fantastiques, il y a de tous les styles. C’est impressionnant de voir comment c’est facile et naturel pour eux de dessiner. Je me suis fait faire une caricature et j’ai discuté avec l’artiste. Je n’ai pas dessiné les passants, mais j’étais content de voir que j’ai le niveau nécessaire pour le faire à Montmartre. »
À travers son art, Thierry Amery souhaite que les Mauriciens s’intéressent de plus en plus à l’art, que ce soit visuel ou sous une autre forme.
« Je respire l’art du réveil au coucher et j’ai constaté que les Mauriciens sont remplis de talents trop souvent non utilisés parce qu’ils ne se donnent ni le temps ni l’espace pour le faire. Alors, mon rêve c’est de vivre dans un partage créatif et le reste suivra. »
Thierry détient toutefois un parcours très atypique. Rien ne laissait supposer qu’il était voué à un destin d’artiste. Il débute ses premiers dessins à l’école primaire. À l’époque, dès que l’on plaçait un crayon entre les doigts, il ne pouvait s’empêcher de crayonner quelque chose.
« Le crayonnage, je l’ai appris et, à force de le pratiquer, c’est devenu naturel. Les portraits étaient mon point faible au collège. À chaque fois qu’il faillait dessiner un visage, je trouvais une autre alternative en dessinant un pantin ou des formes, en me disant que c’était de l’abstrait », se souvient-il.
Il ne dessinait jamais de visage, car pour lui cela était trop difficile. Un jour, en marchant au Caudan, il croise un groupe de portraitistes. Subjugué par ce travail, il se met en tête de prendre la place du groupe et de venir s’asseoir sur les marches afin de tirer le portrait de passants mauriciens.
Il passe son diplôme d’art visuel à l’âge de 22 ans et ne résout toujours pas son handicap. C’est auprès de son chargé de cours, Gérard Foy, qu’il trouvera un remède.
« Il m’a donné une photo à reproduire. J’ai pris deux heures et c’était une catastrophe. J’avais honte et, si je devais me fier à mon premier portrait, j’aurais arrêté au premier jour. Mais Gérard m’a beaucoup soutenu pour l’observation et comment gérer mes lignes. » Aujourd’hui, il a dessiné plus de mille visages et en a fait un métier qu’il aime par-dessus tout.
Comme quoi, la persévérance paie si on souhaite réaliser ses rêves de tout cœur.
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