En ce jeudi 25 janvier, nos compatriotes de foi tamoule observent le Thaipoosam Cavadee. Après un jeûne de dix jours, les fidèles entreprennent le pèlerinage, portant le « Cavadee » sur leurs épaules, dans le but d’obtenir la grâce divine du Dieu Muruga.
«La déesse Shakti avait offert un vel (javelot) à Muruga. Il s’en est armé pour affronter les démons et nous protéger. En ce jour de célébration, nous exprimons à Muruga notre adoration, notre affection et notre fidélité. Le Thaipoosam Cavadee représente également un voyage initiatique de la foi visant à purifier le corps et l’esprit », dit le Sri Govindarajen Payaniandy Gurukal Msk Osk, qui officie au Sri Vakrakaliammen Thirukovil de Quatre-Bornes.
Après un jeûne de dix jours, entamé avec la cérémonie de « Kodi Ettram » (levée de pavillon), la communauté mauricienne de foi tamoule célèbre aujourd’hui le Thaipoosam Cavadee, marquant le jour de la pleine lune en alignement avec l’étoile « Poosam ».
Sri Govindarajen Payaniandy Gurukal explique : « Le ‘Poosam’ est la 8ème constellation parmi les 27 étoiles. Il renforce et rétablit le corps et l’esprit avec de l’énergie positive. » Pendant les dix jours précédant la célébration, les fidèles se sont nourris exclusivement de repas végétariens. Certains ont choisi de dormir à même le sol ou dans les kovils. Les maisons ont été soigneusement nettoyées et des cérémonies de prière ont été organisées tout au long de cette période. Les dévots ont confectionné leur « cavadee » en assemblant du bois et des bambous, ornés de cœur de coco, de fleurs, de limons, de tissus variés et d’effigies de Muruga.
Les festivités débuteront vers 4 h 30 du matin en ce jeudi 25 janvier avec des prières au sein des foyers et le « cavadee » est parfumé. Alors que certains porteront le « cavadee », d’autres, notamment les femmes et les jeunes filles, porteront sur leur tête un récipient en cuivre contenant du lait (Paal kodam).
« Après les prières à la maison, les dévots se dirigent vers le kovil pour des prières. Ils offrent une offrande composée de miel, de poudre de ‘timil’ et de ‘manteg’ au Dieu Muruga avant de converger vers la rivière », poursuit Sri Govindarajen Payaniandy Gurukal.
Après avoir pris un bain purificateur dans la rivière, les dévots participent à la cérémonie de transpercement. Certains se transpercent la langue, la joue ou d’autres parties du corps avec des aiguilles en argent.
« Le moment du transpercement est sacré, une énergie divine pénètre dans le corps du dévot. C’est une sorte d’anesthésie divine. La personne est en transe et ne ressent pas de douleur. Une personne expérimentée procède au transpercement car c’est une pratique délicate », indique le prêtre.
Certains dévots préfèrent attacher leur bouche avec un morceau de tissu rose ou rouge avant de se diriger vers le kovil. Pendant le pèlerinage, il est strictement interdit de parler ou même de faire des signes. De plus, le dévot doit porter son propre « cavadee ». C’est le dernier sacrifice en direction de la destination, un moment de pénitence crucial offert au Dieu Muruga.
Une fois arrivé au temple, chaque dévot va tendre le lait porté pendant tout le trajet au prêtre qui va le verser sur la statuette de Muruga. « Le lait qui reste frais est le signe que son carême et les sacrifices encourus pendant les 10 jours de jeûne ont été exaucés. »
Par la suite, les rituels prennent fin avec une grande prière appelée « Maha Deebaradanei ». Cette journée de célébration se termine à la maison avec un repas composé de sept « cari » : « dhall-bringelle », pomme de terre, banane râpée, giraumon, haricot vert, jacques, « rasson », accompagné de « Pachedi ».
Selvina Rungusumy : « Je porte le ‘cavadee’ en guise de remerciement »
Cela fait deux ans que Selvina Rungusumy, âgée de 33 ans, n’a pas porté le « cavadee ». Cette année, la Vacoassienne a décidé de le faire, principalement en signe de reconnaissance pour la naissance de sa fille.
« Quand ma fille est née, je n’ai pas pu porter le ‘cavadee’ en raison des restrictions liées à la Covid-19. Je porte le ‘cavadee’ pour remercier le Dieu Muruga car tout s’est bien passé lors de mon accouchement, et je demande à Muruga de guider le chemin de mes enfants », explique l’enseignante.
Cette mère de deux enfants mentionne avoir observé le jeûne de manière appropriée pendant les dix jours et espère que le temps sera favorable en ce jour de fête. Selvina Rungusumy se rendra au Siva Soopramaniar Kovil à Vacoas pour les rituels avant de se diriger vers la Digue au Vanille Spiritual Park.
Dans la soirée, toute la famille se réunira pour un grand dîner avec au menu le traditionnel sept « cari ».
Ganessen Annavee : « Muruga va aider la nation arc-en-ciel à porter le ‘cavadee’ »
Ganessen Annavee, un habitant d’Albion âgé de 59 ans, a décidé de ne pas porter le « cavadee » cette année, mais il participera à la procession et procèdera au transpercement des dévots. Malgré les conditions météorologiques prévalant ces derniers jours, il exprime son espoir que tout se déroulera bien.
« Nous allons procéder à la procession comme prévu. Cependant, en cas de fortes pluies, nous ferons le tour du kovil. Mais je suis sûr que tout se passera bien. Nous avons observé notre jeûne pendant 10 jours, et je suis convaincu que Muruga va aider la nation arc-en-ciel à porter le ‘cavadee’ comme il se doit », confie Ganessen Annavee, qui travaille en tant qu’ICT Laboratory Auxiliary au Queen Elizabeth College.
Après la procession, il mentionne que sa famille organisera un déjeuner avec un menu composé des traditionnels sept « caris ».
« Malgré le coût élevé des légumes, nous avons prévu notre traditionnel sept ‘cari’. Mon épouse et ma belle-mère ont déjà commencé les préparatifs depuis mercredi. Nous allons accueillir des proches. »
Veemarlen Ramsamy : « Je porte le ‘cavadee’ depuis que j’ai 12 ans »
Veemarlen Ramsamy, âgé de 42 ans et résidant à Henrietta, s’apprête à porter le cavadee une fois de plus cette année. Participant presque chaque année aux célébrations, il partage son expérience.
« Je porte le ‘cavadee’ depuis l’âge de 12 ans. Je me souviens que j’ai porté le ‘cavadee’ pour la première fois après avoir obtenu de bons résultats aux examens du CPE. Ma maman m’avait demandé de porter le ‘cavadee’ en guise de remerciement. Depuis, je le fais presque chaque année », raconte Veemarlen Ramsamy, qui est affecté à la Special Mobile Force.
Le matin, dès 5 heures, accompagné de son épouse, il se rendra au Henrietta Ramar Kovil pour la cérémonie de « Paal Abhishegum ». Ensuite, il rentrera chez lui pour participer à la procession et se dirigera vers la cascade de la rivière Henrietta. Le dîner se déroulera en famille et avec des amis, mettant en vedette le traditionnel sept « cari ».
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