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Autrefois dans l’ombre du pouvoir, Sanjiv Ramdanee, hôtelier et beau-frère de Pravind Jugnauth, se retrouve au cœur de l’actualité avec l’enquête de la Financial Crimes Commission sur la saisie de plus de Rs 113 millions. Propriétaire d’hôtels de luxe et habitué des cercles mondains, il a cultivé une image de raffinement, tout en entretenant des liens étroits avec les sphères décisionnelles. Mais derrière le succès, son nom est aussi associé à des controverses.
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Sanjiv Ramdanee, hôtelier et beau-frère de l’ex-Premier ministre Pravind Jugnauth, a été entendu par la Financial Crimes Commission (FCC) le 18 février 2025 dans le cadre de l’affaire sur la saisie de plus de Rs 113 millions. Interrogé sur ses liens avec Josian Deelawon, il a reconnu le connaître à la fois comme ami et partenaire en affaires. Ces révélations s’inscrivent dans un parcours marqué par une présence discrète mais significative dans les cercles du pouvoir lorsque son beau-frère était le chef du gouvernement.
Sanjiv Ramdanee est un nom bien connu dans le milieu hôtelier, mais aussi politique. Pourtant, dans ce dernier domaine, il n’a jamais joué un rôle de premier plan, préférant se tapir dans l’ombre.
Il est l’un des principaux actionnaires de Dyanavartam Ltd, anciennement Mauriplage Beach Resort Ltd, qui possède des établissements renommés comme le Maradiva Villas Resort & Spa et The Sands Resort & Spa qu’il dirige en tant que Chief Executive Officer (CEO) depuis juillet 2005. Aux côtés de sa sœur, Kobita Jugnauth, épouse de l’ancien Premier ministre, il incarne une richesse pas toujours discrète.
Marié et père de famille, l’homme, âgé de la cinquantaine, cultive un goût prononcé pour le luxe et l’élégance. On le retrouve aux événements les plus huppés, du festival de Cannes au Royal Ascot. Passionné par les belles choses, il affiche un penchant assumé pour les Rolls-Royce et les montres Rolex. Ce souci du raffinement se reflète également dans la gestion de ses hôtels, où l’excellence est une priorité.
Profils sur les réseaux sociaux effacés
Et il aime bien le montrer, du moins lorsque Pravind Jugnauth était au pouvoir. Durant les mandats de Premier ministre de son beau-frère, il exposait volontiers son mode de vie sur les réseaux sociaux. Ses comptes Facebook, Instagram et Threads regorgeaient de photos le montrant fréquentant les grands de ce monde et affichant son attrait pour le luxe. Toutefois, après la défaite électorale du Mouvement socialiste militant (MSM), ses profils ont d’abord été rendus privés, avant d’être complètement supprimés il y a quelques jours.
En juillet 2018, le magazine français Point de Vue lui consacrait un article sur le Royal Ascot, un événement prestigieux et incontournable de la haute société anglaise. « L’enceinte royale est le lieu où il est bon de voir et surtout d’être vu. Ascot est le rendez-vous incontournable de la gentry », confiait-il, lui-même habitué de ce meeting royal. « Près de 50 000 personnes se pressent chaque jour dans les différentes enceintes de l’hippodrome, mais l’enceinte royale reste le lieu où il est bon de voir et surtout d’être vu. »
Un parcours entre affaires et controverses
Qualifié de perfectionniste par ses collaborateurs, il s’illustre par son exigence de qualité dans le secteur hôtelier, où il a su propulser le Maradiva Villas Resort & Spa parmi les destinations les plus prisées de Maurice. Sa carrière professionnelle débute après des études à la Swansea University où il décroche un BSc en Electrical and Electronic Engineering, puis à l’University of Exeter où il obtient un MBA en Business en 1990.
En tant que CEO de plusieurs sociétés telles que le Maradiva Villas Resort & Spa, The Sands, et S.K.R. Communications Ltd, il a réussi à se construire un petit empire dans le domaine du luxe et du bien-être. Pourtant, son nom a également été associé à des controverses et à des interrogations sur ses liens avec le pouvoir politique.
En 2019, il s’est retrouvé impliqué dans le Film Rebate Scheme, un programme de remboursement des frais de production pour les films étrangers tournés à Maurice. Il est accusé d’avoir joué un rôle-clé dans l’augmentation controversée du taux de remboursement de 30 % à 40 %. Il a été mis en cause lorsque des documents ont suggéré son influence sur des décisions financières, notamment en faveur du tournage du film hollywoodien Serenity, tourné à Maurice et dont une partie de l’équipe d’acteurs et de tournage a logé au Maradiva.
L’avocat Akil Bissessur, proche du Parti travailliste, avait saisi la défunte Independent Commission against Corruption en faisant une déposition officielle le 14 octobre 2019 pour demander une enquête, dénonçant des irrégularités financières à hauteur de Rs 214 millions. Bien que cette plainte n’ait pas donné lieu à une investigation approfondie, elle a ravivé les soupçons sur les connexions de Sanjiv Ramdanee avec le pouvoir.
En 2022, une autre polémique a éclaté lorsque la Mauritius Investment Corporation, filiale de la Banque de Maurice, a accordé Rs 650 millions à Mauriplage Beach Resort Ltd, propriétaire du Maradiva. Ce financement a soulevé des interrogations dans la mesure où son beau-frère occupait alors le poste de Premier ministre.
Avant même cette affaire de valises, Sanjiv Ramdanee avait déjà fait parler de lui avec l’épisode « Ton Zorz », une conversation avec le Dr Joomaye, alors Advisor de Pravind Jugnauth. Cet enregistrement, diffusé en octobre 2024 peu avant les élections générales, avait suscité de nombreuses réactions.
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