
La prolifération de la drogue à Maurice est inquiétante. Des entreprises de divers secteurs sont sensibles à ce sujet et ont pris des dispositions d’accompagnement pour les consommateurs.
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La communauté des affaires se montre vigilante face à la présence de drogues au sein des entreprises. Concrètement, les représentants des différents secteurs ne peuvent quantifier l’ampleur du fléau ni estimer le nombre d’usagers. Les intervenants ne sont pas en mesure de confirmer si des cas de consommation flagrante ont été rapportés. Cela dit, plusieurs entreprises disposent d’un protocole spécifique pour faire face à cette problématique.
Areff Salauroo, président de l’Association of Human Resource Professionals of Mauritius (MAHRP), explique que les membres sont informés d’une vigilance accrue quant à une éventuelle présence de drogues dans les entreprises — un phénomène, souligne-t-il, qui n’épargne aucun secteur. Des vérifications sont effectuées à l’entrée des bureaux le matin, souvent par les chefs de département ou les supérieurs hiérarchiques.
Pour sa part, Roshan Seetohul, professionnel du secteur du BPO, reconnaît que toute personne peut être exposée à la prolifération de la drogue. « La vigilance est de mise. Certaines entreprises disposent d’un département dédié à l’accompagnement des victimes », fait-il valoir.
Toutefois, bien qu’il existe des cas de consommation de drogue dans le secteur du BPO, Roshan Seetohul précise qu’il est difficile d’en mesurer l’ampleur. « Il faut savoir gérer cela avec une certaine confidentialité, conformément au protocole. Il n’y a pas de preuves concrètes, mais plutôt des soupçons. À ma connaissance, aucun cas n’a été signalé à la police, car il n’y a pas eu de délits graves. Ce qui est certain, c’est que nous nous sentons très concernés », souligne-t-il.
Influences négatives
Parmi les problématiques liées à la consommation de drogue par les employés figurent la baisse de productivité et l’augmentation de l’absentéisme. Cependant, selon Areff Salauroo, le risque le plus important demeure la possibilité d’un accident sur le lieu de travail. C’est l’une des principales préoccupations des responsables des ressources humaines, notamment dans les environnements où des machines sont utilisées. « Les personnes sous l’emprise de la drogue peuvent également faire preuve de violence ou manquer de respect envers leurs collègues ou supérieurs hiérarchiques. Des professionnels évoluant dans le secteur bancaire ont ainsi perdu leur emploi », fait ressortir le président de la MAHRP.
Pour autant, un autre responsable des ressources humaines estime qu’il ne devrait pas y avoir de traitement de faveur pour les consommateurs. « D’ailleurs, pourquoi parle-t-on de victimes de la drogue ? Les consommateurs en manque n’hésitent pas à voler leurs propres parents. S’il n’y avait pas de consommateurs, les dealers n’existeraient pas. C’est justement parce que leur nombre augmente qu’une véritable économie de la drogue s’est installée », fait remarquer un opérateur.
Business Mauritius
L’addiction sous toutes ses formes empêche le bon fonctionnement du travail
Le contexte actuel n’est guère favorable aux entreprises, d’autant plus que la situation de la main-d’œuvre est particulièrement critique. L’absentéisme atteint des niveaux alarmants dans certains secteurs. Selon Pradeep Dursun, Chief Operating Officer (COO) de Business Mauritius, de nombreuses entreprises font face à des perturbations liées aux fluctuations dans la présence de leurs employés. Certaines absences seraient liées aux séquelles d’addictions.
« Le taux d’absentéisme est très élevé dans certains cas. Des employés désertent leur poste pendant de longues périodes, d’autres se présentent au travail dans un état second. Ce phénomène est notamment observé dans des secteurs comme la distribution, où les employés sont amenés à conduire », explique Pradeep Dursun.
L’utilisation d’un éthylomètre pourrait-elle constituer une solution ? Au vu de la situation, le COO de Business Mauritius estime qu’une telle mesure, encadrée par des paramètres bien définis, permettrait une meilleure gestion des risques.
Par ailleurs, il constate que différentes tranches d’âge présentent des formes d’addictions variées. C’est pourquoi plusieurs entreprises mettent en place des politiques de dépistage, avec un accent particulier sur la prévention.
Le tourisme : pas à l’abri, mais pas d’impact sur le nombre d’arrivées
Ajay Jhurry, président de l’Association of Tourism Operators (ATO), reconnaît que le fléau de la drogue a pris de l’ampleur dans le pays. Toutefois, il est difficile, selon lui, de quantifier le nombre de consommateurs dans le secteur touristique. « Je suis certain que les hôteliers tenteront de gérer la situation en interne, car elle est délicate. Je n’irais pas jusqu’à dire que cela pourrait impacter le nombre d’arrivées touristiques », avance-t-il. En revanche, il souligne que ce phénomène affecte clairement le niveau et la qualité du service. Qu’un employé soit présent sur son lieu de travail sous l’effet de substances ou qu’il soit absent pour cette raison, dans les deux cas, « cela nuit au bon fonctionnement des établissements ».

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