Les sociétés cotées en Bourse devront avoir 25 % de femmes au sein de leurs conseils d’administration. Une annonce du Budget 2023/2024 favorablement accueillie dans la communauté des affaires. Quelle est la situation dans les entreprises actuellement ? L’objectif est-il réalisable ? Tour d’horizon.
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40%.
C’est le taux de femmes dans le comité de direction de Vivo Energy, une entreprise cotée sur la Bourse de Maurice. En effet, pas moins de 33 % des 115 employés sont féminisés. « Notre ambition est de viser à terme la parité homme-femme », fait comprendre le Directeur général, Matthias de Larminat. Tous les directeurs indépendants sont des femmes, soit 2 sur 6, 33 % du board est féminisé. « Ce taux est bien au-delà des obligations nouvellement introduites », précise notre interlocuteur, avant d’ajouter que cette diversité est pour la société une source d’harmonie dans les équipes et un vecteur d’innovation.
Chez Absa Bank, il faut compter trois femmes sur le conseil d’administration, ce qui correspond à 30 %. « Nous croyons fermement qu’avoir un équilibre entre hommes et femmes est un moyen de promouvoir la diversité et d’obtenir de meilleurs résultats, que ce soit sur le plan financier ou pour favoriser une prise de décision plus efficace », explique Franco Davis, Chief Enablement Officer.
Manque de candidates
Selon nos interlocuteurs, il faut encourager davantage les femmes à occuper des postes au sein des conseils d’administration. Matthias de Larminat estime qu’en plus que des réglementations, cela doit être une conviction partagée que cette diversité sera source de création de valeur pour la société. « Les freins à la féminisation ne sont plus nécessairement idéologiques. C’est le manque de candidates qui fait malheureusement largement défaut. Il convient donc de créer un pipeline de talents au sein des entreprises à accompagner avec des parcours de formation permettant d’atteindre des postes de responsabilités », propose notre interlocuteur. Selon lui, les opportunités sont là, mais il faut aussi que les femmes aient envie de prendre part à des conseils d’administration.
Pour Franco Davis, tout commence par une culture d'entreprise qui valorise la diversité et l'inclusion, et ce, à tous les niveaux. « Ensuite il faut une politique de recrutement équitable, dépourvue de ce que l'on appelle les unconscious bias », dit-il. En complément, poursuit notre interlocuteur, d'autres stratégies telles que le mentorat, le parrainage et des programmes de développement contribuent à cette dynamique. « Il est également essentiel de souligner l'importance des femmes role models dans cet écosystème, car ce sont souvent elles qui sont aptes à inspirer d'autres femmes à suivre leur exemple et à aspirer à des postes similaires au sein du conseil d'administration », affirme le Chief Enablement Officer chez Absa.
Les femmes dans le monde des affaires et du travail
- Les entreprises appartenant à des femmes représentent 10 % du total des sociétés enregistrées.
- Environ 50 % des PME enregistrées appartiennent à des femmes.
- 12 % des femmes en emploi sont des « self-employed ».
- Environ 600 sociétés sont créées chaque année par des femmes directrices.
- Les exportations des entreprises appartenant à des femmes représentent 2,5 % des exportations totales.
Source : Statistics Mauritius et Economic Development Board
Elles ont dit ….
Sheila Ujoodha, CEO du Mauritius Institute of Directors (MIoD) : «Un signal fort envoyé»
Sheila Ujoodha est d’avis qu’une représentation équilibrée des femmes au sein des instances clés de décision contribue à renforcer la gouvernance d’entreprise de manière significative. En effet, la mesure annoncée dans le Budget 2023-2024 figure parmi les propositions budgétaires du MIoD qui recommandait un seuil de 30 %. Le MIoD estime que ce seuil de 25 % représente une étape décisive pour la diversité et l’égalité des genres dans la communauté des affaires. « C’est un signal fort qui pousse les sociétés cotées en bourse vers cet objectif », dit-elle.
Shaheen Abdul Carrim, CEO de Rockfin : «Il faut compter en moyenne une à trois femmes dans les conseils»
Shaheen Abdul Carrim soutient que les hommes occupent toujours la grande majorité des postes de responsabilité dans les entreprises. « Si nous nous référons au conseil d’administration des sociétés cotées en bourse à Maurice, on note qu’il y a en moyenne une à trois femmes sur les conseils généralement composés de plus de 10 personnes », dit-elle. Notre interlocutrice avance qu’il y a, toutefois, une volonté de la part des entreprises à valoriser la place des femmes dans ces postes de direction. Selon elle, cette mesure budgétaire vient renforcer cette ambition. « La mixité au sein des conseils d’administration est, dans le contexte actuel, un facteur de plus en plus important pour le développement et la croissance des entreprises », fait ressortir Shaheen Abdul Carrim. Cette dernière ajoute qu’il est également important de favoriser l'équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée et de combattre les stéréotypes de genre et le sexisme.
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