Sir Charles Gaëtan Duval,
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Joe, sir Gaëtan ou Gaëtan vivait comme un roi. « Si l’existence est un fait, vivre est un art », dixit Fréderic Lenoir, auteur contemporain, philosophe et conférencier d’origine française. Et on peut dire que Joe croqua sa vie avec art.
Il suffit d’écouter ses amis, ses collaborateurs ou faire un saut à Grand-Gaube pour s’en rendre à compte.
Sir Gaëtan n’attendait pas la destination pour s’exalter, mais savourait chaque minute de la vie, comme aurait dit Robin Sharma.
Il portait plusieurs chapeaux et une phrase de lui m’a beaucoup touché : « C’est ma toge qui m’a conduit presque partout et pas vraiment la politique ».
C’était un homme imprévisible, mais il savait très bien ce qu’il faisait et dans bien des cas, il prenait l’adversaire par sa ruse.
On a diabolisé sir Gaëtan à tort. Sa porte était ouverte pour tout le monde. En pleine guerre raciale, il défendit un musulman. À son étude, à un certain moment, ses proches collaborateurs étaient Baron, Jean-Juste, Nanda, Cornet, Nicol, Domaingue, Mario, Helene, Rama Valayden, Penny Hack, Shiv, Mardemootoo, Bucktowonsing, Nathoo, Appadoo. Ses pupilles : Katouna, Rutna, Renuka, Anjali, entre autres.
Il était impressionnant en cour. Il préparait ses dossiers méticuleusement, des fois avec une équipe. Il n’a jamais perdu un seul cas aux Assises.
Il fallait être très attentif comme témoin lors du contre-interrogatoire. Dans un procès, Gaëtan posait des questions pour embarrasser le témoin.
La veille de sa mort, il demanda à Ramdass d’organiser un déjeuner pour le lendemain et Alain Gordon-Gentil était invité. Hélas, le dimanche 5 mai 1996, il disparut. La veille, j’avais pris contact avec lui pour qu’un groupe de banquiers de l’ex-Delphis Bank retienne ses services.
Mon bon ami Pravind Nathoo passa me prendre à la maison. Pendant le trajet de Quatre-Bornes à Grand-Gaube, nous étions dans un état second, car Gaëtan était immortel dans notre esprit.
Quand Xavier-Luc organise des portes ouvertes à Grand-Gaube, c’est un devoir de mémoire qui donne l’occasion de découvrir son univers.
Il aimait sa famille biologique. Il était jugé à tort ou à raison comme un personnage extraverti et pétulant.
En 1995, il remporta un procès devant le juge en Chambre et obtint des minutes additionnelles, dans le cadre des émissions télévisées pour les élections générales. J’étais son avoué. Je pense que c’était le dernier procès qu’il a porté devant la justice. Certes, il a continué à plaider les affaires en cour, mais pas pour son propre compte.
C’était un excellent député, parlementaire, ministre, chef d’État, grand ambassadeur (attirant par son charisme et son savoir-faire des stars et des personnalités à venir séjourner à Maurice). C’était aussi un littéraire hors pair, un ténor du barreau. Et il fut surtout un homme du peuple. Il disait souvent qu’entre deux élections, il était peut-être l’homme le plus populaire à l’île Maurice.
Le public peut découvrir cet homme à travers les colloques, interviews, écrits et les média.
Il fit une fois ressortir qu’en droit, l’incompétence a une toute autre signification. Le juge le rappela à l’ordre, puisque la question provoqua le délire en cour.
Joe aimait la vie, les gens et les animaux. Il aimait la convivialité de la table. Il aimait beaucoup rire, ce qui est une thérapie, et il excellait dans l’art de faire rire les autres.
Gaëtan avait l’habitude de dire que l’île Maurice n’avait pas de pétrole, mais des idées. Les pays où la démocratie ne règne pas se battent pour l’instaurer et Maurice, qui est une démocratie vivante, ne doit pas la perdre. Sir Gaëtan était un grand défenseur de droits humains et il était contre la peine de mort.
Il promit lors d’une campagne électorale de résorber le chômage et prédit que le maçon dirait à sa femme de lui apporter son diary, tellement il aurait un emploi du temps chargé. Il réussit son pari avec une équipe solide et allégea le problème du chômage à Maurice.
Avec Guy Ollivry, Q.C., il anima un colloque organisé par l’AJM et présidé par Rama Valayden à Rodrigues sur l’autonomie de l’île. Cet événement de haute facture eut lieu à l’hôtel Mourouk. Le soir, en chemin, il aperçut un petit groupe de personnes. Il demanda à Jean Juste si celui-ci n’était pas sur le même vol au départ de Maurice.
Celui-ci le lui confirma et il invita ces personnes à venir dîner avec lui dans un restaurant. L’émotion fut grande et il y avait même un futur ministre dans ce groupe. Gaëtan avait de grands éclats de rire lors du dîner, car ses convives se régalaient.
Gaëtan était à l’île de La Réunion lorsque mon père mourut subitement. Par téléphone, il me présenta ses condoléances et me réconforta en me disant que c’est la meilleure façon de mourir. À peine une année après, il nous quitta de la même façon.
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