Showkutally Soodhun: «Une chance d’avoir Bhadain au GM»

Dans l’interview qui suit, le no 3 du gouvernement se confie sur plusieurs thèmes de brûlante actualité : remaniement ministériel, l’avenir de Pravind Jugnauth, le Good Governance and Integrity Report Bill.

Comment avez-vous vécu le drame qui a frappé les pèlerins mauriciens à La Mecque ? Ce fut une expérience très triste (cinq Mauriciens décédés, ndlr). Ce drame a surtout frappé une famille (quatre décès). Mais au-delà de la souffrance humaine, j’ai dû assumer mes responsabilités. Il était primordial que les familles soient informées de la situation de leurs proches en Arabie saoudite. Je dois me tourner vers l’avenir et m’assurer qu’il y ait une meilleure organisation l’année prochaine, surtout en sachant que la situation climatique sera encore plus difficile. J’ai d’ores et déjà obtenu certaines garanties auprès des autorités saoudiennes que les paramètres de sécurité seront renforcés. Comment cela se passait-il jusqu’ici ? Pour cette année, je ne suis pas intervenu au niveau de l’organisation. Mon rôle s’est limité aux discussions avec les autorités saoudiennes. Mais mon portefeuille m’autorise à suivre ce dossier du début à la fin. Je ne l’ai pas fait. Mais je dois reconnaître que malgré des conditions difficiles, la Hadj Mission, sous la houlette de Sam Lauthan, a su prendre ses responsabilités. Pour cette année, 11 organisateurs avaient été retenus après un exercice de sélection. Je privilégie la qualité à la quantité. Je vais veiller à ce que les organisateurs respectent leurs engagements auprès des pèlerins. Au cas contraire, les organisateurs auront à assumer leurs responsabilités. Vous êtes revenu d’Arabie saoudite les mains pleines ? J’ai effectivement profité de cette visite pour rencontrer le prince Mohammed Bin Salman Bin Abdulaziz Al Saud. Je lui ai dit qu’à Maurice, il peut investir massivement dans l’hôtellerie, le fish processing, l’exportation de cerf et les smart cities. Il nous a envoyé son ministre des Finances, qui s’est engagé auprès de notre Premier ministre à aider le pays. J’en ai aussi profité pour rencontrer des gens du gouvernement chinois, qui ont pris l’engagement d’investir des milliards dans les casinos et les hôtels. Vous venez d’assurer la suppléance au poste de Premier ministre. Seriez-vous prêt à assumer ce rôle à plein temps ? Avec cette suppléance, ce gouvernement a une nouvelle fois marqué l’Histoire. À ce jour, seuls deux syndicalistes ont eu le privilège d’assumer une aussi haute fonction (Bérenger et lui, ndlr). Et si vous êtes présenté comme Premier ministre aux prochaines élections ? Je refuserai une telle offre. Pravind Jugnauth est celui qui mérite d’être Premier ministre, de par son expérience, sa sincérité et sa loyauté. Je suis disposé à assurer la suppléance, mais pas à assumer cette responsabilité à plein temps. Vous dites souvent que Pravind Jugnauth sera le prochain Premier ministre. Était-il prévu qu’il accède à ce poste avant 2019 ? Quand nous parlons de Pravind Jugnauth Premier ministre, nous faisons référence à l’après-SAJ qui, j’en suis persuadé, ira au bout de son mandat actuel de cinq ans. Doit-on s’attendre à un remaniement ministériel en 2016 ? Il n’y a aucune urgence pour procéder à un tel exercice. Me si enn minis pe fanne pu bizin ena. Actuellement, les ministres sont en train de bien faire leur travail. Il n’y a donc aucun souci. Au niveau du recrutement, l’actuel gouvernement est au centre de plusieurs controverses. Cela avait commencé avec la nomination de Vijaya Sumputh… Permettez-moi de dire que le Centre cardiaque a, durant plusieurs années, perdu des millions de roupies. Vijaya Sumputh a commencé à y mettre de l’ordre. Le changement est visible. Elle est une personne très compétente, qui abat un travail formidable. Sir Anerood Jugnauth n’acceptera jamais qu’un nominé politique ne fasse pas correctement son travail. Regardez ce qui s’est passé à la Mauritius Broadcasting Corporation. Le ministre Roshi Bhadain est très critiqué… C’est quelqu’un de très intelligent. Ses compétences auraient très bien pu être reconnues à l’étranger. Roshi Bhadain passe de longues nuits à travailler sans relâche. J’ai pu en témoigner. C’est une chance pour nous de l’avoir au sein de ce gouvernement pour combattre la fraude et la corruption. Son dernier projet de loi fait polémique. Pourquoi ? Le Good Governance and Integrity Reporting Bill va rendre toute sa crédibilité au pays. Il ne faut pas oublier que la réputation de Maurice a été ternie sur le plan de la fraude et de la corruption. Roshi Bhadain mène le combat sur ce front. Cela fait de lui l’homme à abattre. C’est quelqu’un de sincère. Il se chuchote que ce projet de loi fait tiquer même au sein de l’alliance et du MSM... Le MSM est un parti qui croit dans la démocratie. Il se peut que certains camarades demandent des précisions. D’ailleurs, pas plus tard que mardi dernier, un camarade du parti a demandé des explications sur le projet de loi. Il les a obtenues. Il est aujourd’hui convaincu de l’importance d’une telle loi. Le MSM pourra-t-il un jour retravailler avec le MMM ? Ce gouvernement abat un travail extraordinaire. Il n’y a jamais eu autant d’harmonie au sein d’une aillance gouvernementale. Certes, des divergences peuvent survenir, mais quand il s’agit de prendre des décisions, c’est l’intérêt du pays qui prime. Cette alliance, selon moi, ira au-delà des cinq prochaines années… Y aura-t-il de la place pour un autre partenaire ? Je ne crois pas... Même si certains disent que rien n’est impossible en politique. Pour répondre à votre question sur le MMM et Bérenger, je dois dire que nous n’avons pas d’ennemis et que nous ne faisons pas de la politique en cultivant la rancune. Jean-Claude de l’Estrac est-il un bon choix comme directeur général de la MBC ? C’est quelqu’un de valable. Jean-Claude de l’Estrac a fait ses preuves dans le domaine des médias. Je pense que ses compétences peuvent être mises au service d’une institution comme la MBC.