Santé - manque de médicaments : patients et pharmaciens dans la tourmente 

Le manque de médicaments, tant dans les hôpitaux publics que dans les pharmacies privées, est un problème récurrent qui persiste malgré les attentes de retour à la « normale » après la pandémie de COVID-19. Cela est dû à plusieurs raisons. 

Une pénurie mondiale d’ingrédients pharmaceutiques actifs, des restrictions à l’exportation dans des pays pour certains médicaments, ainsi qu’un manque d’attrait pour les fournisseurs internationaux pour un marché aussi restreint que Maurice. Ce sont autant de raisons qui expliquent les problèmes d’approvisionnement réguliers en médicaments au pays. Ces facteurs ont conduit à des pénuries fréquentes, voire graves, de certains produits pharmaceutiques, comme indiqué par les parties concernées.

Lors d’une intervention à l’Assemblée nationale le 17 octobre 2023, le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, a fourni des détails sur les produits pharmaceutiques en rupture de stock. Il a également évoqué les difficultés auxquelles est confronté son ministère en matière d’approvisionnement en médicaments. Des problèmes qui, a-t-il dit, sont indépendants de sa volonté et qui ont des conséquences, notamment des retards au niveau des livraisons. 

Le ministre Jagutpal a cité le cas de la tornade qui a frappé une usine Pfizer en Caroline du Nord en juillet 2023, détruisant une usine de fabrication et une unité de stockage. Il a aussi fait mention d’une réaction indésirable grave et fatale à un médicament survenue en Gambie en raison d’impuretés trouvées dans du paracétamol et du sirop contre la toux fabriqués par l’une des sociétés indiennes. Cela a poussé l’agence indienne de réglementation des médicaments à imposer de nouvelles conditions avant de délivrer des permis d’exportation pour ces produits. 

Au final, le ministère de la Santé se retrouve avec près d’une vingtaine de médicaments en rupture de stock ou temporairement indisponibles. Une situation à laquelle ne sont pas étrangères les pharmacies privées, selon le président de la Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM), Ashwin Dookun. Une quarantaine de produits pharmaceutiques sont rares ou tout bonnement introuvables dans les officines privées. 

Ashwin Dookun déplore également les réticences du Pharmacy Board à accorder des autorisations pour l’importation parallèle. « Auparavant, en cas de pénurie de certains produits, des importateurs pouvaient faire venir le même produit d’un marché différent de l’habituel. Ce n’est désormais plus possible », a-t-il souligné. 

Conséquence : certains patients ne parviennent pas à trouver les médicaments qu’ils utilisent habituellement, alors que les médecins doivent revoir leurs prescriptions ou ajuster les protocoles de traitement, selon le président de la PAM. Arshad Saroar, qui est pharmacien, constate que certains patients sont réticents à l’idée de changer les médicaments qu’ils utilisent, même si ceux-ci ne sont pas disponibles. Face à cette situation, certains patients font venir de l’étranger les médicaments dont ils ont besoin à travers des proches lors de voyages. 

Ashwin Dookun et Arshad Saroar soulignent que le manque de produits pharmaceutiques impacte leur entreprise. Selon eux, le chiffre d’affaires des pharmaciens a considérablement diminué. Les effets ont été exacerbés par l’introduction du « Regressive Mark-Up », dont les conséquences seront encore plus marquées avec l’importation de nouveaux stocks de médicaments selon le président de la PAM.