Les mesures anti-transfuges proposées par le gouvernement, dans le cadre de la réforme électorale, font polémique. Ces mesures seront appliquées uniquement aux députés nommés sous la représentation proportionnelle (RP). Déjà, un fort courant s’oppose à ces mesures dans leur forme actuelle, estimant que celles-ci doivent être appliquées à tous les députés.
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L’ancien ministre de l’Énergie, le professeur Swaley Kasenally, considère que cette loi devrait être étendue à tous les parlementaires, même ceux élus sous le système First Past The Post (FPTP). « J’aurais souhaité que cette loi soit appliquée indistinctement à tous les députés. Li pa korek ki ena de kategori depite », fait-il ressortir, estimant que le pays a trop souffert du « transfugisme ». Le professeur Swaley Kasenally trouve néanmoins « normal » qu’un député nommé sous la RP perde son siège s’il venait à quitter le parti. « La nomination d’un député sous la représentation proportionnelle se fait à la lumière et la force des votes récoltés par son parti à travers tout le pays. Si, en plein mandat, il décide de quitter le parti, c’est normal que son siège devienne vacant », dit-il.
Toutefois, le professeur Swaley Kasenally dit ne pas comprendre pourquoi il est permis à cinq députés d’un même parti de garder leur siège au Parlement, s’ils venaient à quitter le parti sous lequel ils ont été nommés. « Ce n’est pas logique. Pourquoi 5 et pas 6, voire 7 ? » s’interroge-t-il, tout en soutenant que le chiffre de cinq a été avancé comme une manœuvre afin que les partis puissent garder leur majorité. « Ce qui aurait été plus judicieux, c’est de mettre la barre à 50 % », préconise-t-il.
Jack Bizlall estime, lui aussi, que le siège d’un candidat nommé par le parti doit être déclaré vacant s’il venait à quitter le parti. Toutefois, il est d’avis qu’il faut donner la possibilité à ce député de venir justifier son départ en démontrant que le parti agit de manière discriminatoire envers lui, d’où son choix de partir. « À ce moment-là, il ne devrait pas perdre son siège. Sinon, c’est ouvrir la porte aux magouilles, aux fausses accusations au sein du parti ou encore tolérer les suiveurs », dit-il.
Pour ce qui est des députés élus sous le système First Past The Post, même si ceux-ci ne sont pas concernés par la loi anti-transfuges proposée dans le cadre de la réforme électorale, Jack Bizlall considère néanmoins qu’il faut introduire le concept de révocation donnant la possibilité à l’électorat de révoquer un député. « Si, par exemple, un minimum d’un quart de l’électorat du député estime pour des raisons valables et justifiées qu’il faut le révoquer, ils doivent pouvoir le faire à travers une pétition soumise à la commission électorale », suggère Jack Bizlall.
Quant à Kris Poonoosamy, ancien secrétaire permanent, il s’interroge sur cette proposition faite par le gouvernement. « Il faut connaître le thinking behind. Par exemple, pourquoi cette loi ne sera-t-elle pas appliquée à tout le monde ? Est-ce parce que ceux qui ont été nommés sous la RP doivent une plus grande allégeance au leader du parti qu’ils ne peuvent partir sans explications ? » se demande-t-il. Et d’ajouter : « Même affaire pour le groupe de cinq. Ce serait bien que le gouvernement explique comment il est arrivé à ce chiffre », dit-il. Selon l’ancien secrétaire permanent, l’absence de rationnel derrière certaines propositions peut s’avérer problématique et sujette à toutes sortes de commentaires et d’interprétations. « La population demande à être traitée en adulte », conclut-il.
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