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Cyclone Garance : nouvelles polémiques autour des prévisions de la station météorologique de Vacoas

La station météorologique de Vacoas a une nouvelle fois suscité la colère de la population, déconcertée par ses prévisions.

Les alertes cycloniques des Mauritius Meteorological Services (MMS) lors du passage de Garance ont suscité de nombreuses critiques. La divergence entre ses prévisions et celles de Météo France ont réactivé le débat sur la confiance accordée à la station météorologique de Vacoas.

Beaucoup de commentaires ont été formulés à l’encontre des Mauritius Meteorological Services (MMS) dans le sillage du passage du cyclone tropical intense Garance dans notre région. Un nouveau bras de fer entre le public et la station météorologique de Vacoas. 

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Mardi, l’alerte cyclonique de classe 2, suivie de classe 3 de mercredi à jeudi, a surpris bien des Mauriciens, le temps restant majoritairement clément. Ces prévisions des MMS, qui annonçaient un rapprochement de Garance, ont été remises en question. Une polémique amplifiée par le fait que Météo France (Réunion) et les principaux modèles numériques ont soutenu que l’île Sœur allait subir de plein fouet le cyclone ou être frôlée de très près.

Au final, les prévisions de Météo France se sont avérées exactes. Pour sa part, ce n’est que dans l’après-midi du 27 février que les MMS ont revu leur trajectoire du cyclone en s’alignant sur celle de la station météorologique de l’île sœur et des modèles numériques.

Non contents de l’avoir échappé belle alors que La Réunion subissait les assauts de Garance, de nombreux citoyens n’ont pas compris, par la suite, la levée de l’alerte cyclonique de classe 3 tôt vendredi matin. Une heure à peine après, un bulletin annonçait la fin des alertes, marquant ainsi la reprise des activités économiques du pays. 

Cette décision a suscité des réactions acerbes envers le service météorologique de Vacoas.

lusieurs personnes ont dû affronter la pluie et le vent pour se rendre au travail, malgré les conditions difficiles. Une colère compréhensible, puisque le temps était bien plus clément pendant la période d’alerte de mardi à jeudi.

La station de Vacoas a-t-elle péché par une prudence excessive ? A-t-elle mal interprété les données à sa disposition ? « Non », à en croire nos différents interlocuteurs. « Garance n’a rien d’atypique, que ce soit par son petit diamètre ou par la zone dans laquelle il s’est formé », affirme Ram Dhurmeea, expert en météorologie. Il rappelle qu’en février 2007, lors du passage du cyclone tropical Gamede à 230 km au nord-ouest de Maurice, l’alerte de classe 3 avait duré environ 36 heures. La différence, selon lui, réside dans le fait que Gamede était un système de grand diamètre, couvrant une large surface.

Par contre, Garance, de petit diamètre, devait s’approcher à moins de 150 km des côtes mauriciennes pour que ses effets soient pleinement ressentis. Un des points marquants de ce système a été son virage à 90 degrés, passant d’une trajectoire vers l’est à un cap plein sud après avoir ralenti. « Le moment décisif a été lorsqu’il a tourné vers le sud. S’il avait d’abord continué vers l’est avant de se diriger vers le sud en direction de Maurice, il nous aurait affectés. Cependant, il s’est incurvé plus tôt, ce qui a conduit à son impact sur La Réunion », explique-t-il.

Ram Dhurmeea insiste sur le fait que la station de Vacoas ne s’est pas montré excessivement prudente, mais a pris ses décisions sur la base des données disponibles. « À mon avis, il n’y a pas de bataille ou de divergence d’opinions entre Météo France et les MMS, seulement une différence d’analyse et d’interprétation », affirme-t-il.

L’océanographe et ingénieur en environnement Vassen Kauppaymuthoo explique que Garance s’est formé près de notre région, au nord-est de Madagascar. Il précise ensuite que le cyclone a lentement dérivé vers l’est, puis entre le sud-est et le sud. La formation d’un cyclone, rappelle-t-il, nécessite des conditions favorables, notamment l’absence de cisaillement du vent et une température élevée de l’eau de mer. « Si ces conditions sont réunies, un cyclone peut connaître une intensification très rapide, voire explosive. Tel a été le cas pour Garance qui est passé de tempête tropicale à cyclone tropical intense en seulement 24 heures », fait-il remarquer.

Il qualifie ce développement rapide d’anomalie, signalant que les conditions dans notre région ont changé, comme en témoigne également la forte tempête tropicale Honde dans le canal du Mozambique. Ces nouvelles configurations ont pris de court les modèles numériques et les systèmes météorologiques selon lui. « Garance s’est déplacé plus lentement que prévu et a été quasi stationnaire pendant de longues heures, tout en s’intensifiant », explique-t-il.

Tout comme Ram Dhurmeea, Vassen Kauppaymuthoo estime que la station de Vacoas a correctement interprété la situation et n’a pas fait preuve d’une prudence démesurée. « Elle a été prudente, car les modèles numériques ne convergeaient pas. C’est l’appréciation humaine qui a pris le dessus, avec en toile de fond la sécurité de la population », dit-il. 

Selon lui, des phénomènes imprévisibles se reproduiront. Ainsi, il faudra adapter les stratégies pour éviter une paralysie totale du pays en cas de conditions météorologiques défavorables. Il estime que si le cyclone tropical intense Garance s’était abattu sur Maurice, les conséquences pour l’économie auraient été encore plus désastreuses que les pertes avancées en raison des alertes cycloniques.

De son côté, l’ancien directeur de la station de Vacoas, Subiraj Sok Appadu ajoute qu’il n’est pas rare que les prévisions de localisation d’un cyclone diffèrent légèrement entre Maurice et La Réunion.

Lorsque l’écart est minime, un compromis est souvent trouvé grâce aux échanges entre les stations météorologiques des deux îles selon lui. Ces écarts peuvent influencer la perception du public, ouvrant la porte aux spéculations. « À La Réunion, on considère les prévisions de Maurice comme plus fiables, tandis qu’à Maurice, on privilégie celles de La Réunion », souligne-t-il.

Il fait aussi remarquer que La Réunion dispose du modèle AROME, un outil de pointe permettant d’affiner les prévisions avec une meilleure résolution. De plus, le Centre météorologique régional spécialisé cyclones (CMRS), sous l’égide de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), est installé dans l’île. Il vise à harmoniser les efforts de prévision et de gestion des cyclones dans l’océan Indien.

 

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