Rajen Govinden est marchand de pistaches et de « gram boui » à Rivière-du-Rempart. Cet homme de 61 ans exerce ce métier depuis plus de 35 ans. Chaque après-midi, il enfourche sa bicyclette, sur laquelle il a accroché une trentaine de variétés de friandises.
Il y a de ces événements qui laissent des séquelles. Rajen Govinden est père d’un fils et d’une fille âgés de 33 et de 25 ans respectivement. Il travaillait jadis comme laboureur. Il a perdu l’usage de son bras droit quand il avait 25 ans en aidant un ami qui construisait sa maison.
« Je me souviens de la date de l’accident : le 29 juillet 1979. J’aidais un ami à construire sa maison, lorsque mon bras droit a été écrabouillé dans une bétonnière », raconte cet habitant de Rivière-du-Rempart.
« J’ai vu mon monde s’écrouler lorsque les médecins m’ont dit qu’ils devaient m’amputer le bras », ajoute-t-il. Il a passé 25 jours à l’hôpital. Une fois sorti, il a essayé de reprendre sa vie là où elle s’était arrêtée, mais il a dû se rendre à l’évidence. Les choses avaient changé.
Détermination
« Mes parents et mes frères m’ont beaucoup encouragé », dit-il. Sa détermination et son courage se lisent sur ses traits. Il parle avec conviction. « Au début, c’était très pénible. Travailler et être indépendant étaient devenus mes objectifs », explique Rajen. Aujourd’hui, sa débrouillardise force l’admiration. « Vendre des pistaches et des gram bouillis, c’est une histoire de famille. Étant l’aîné, j’ai repris le flambeau de ce business familial. J’enfourche ma bicyclette, bravant le soleil et le mauvais temps, pour faire tourner mon petit commerce et nourrir la famille », poursuit notre interlocuteur. Il bouillonne d’idées pour prospérer. Il a diversifié ses activités en vendant des gâteaux en tous genres. « Au fil des années, j’ai innové. En sus des pistaches et des gram, je vends plusieurs variétés de friandises dans les rues de Rivière-du-Rempart », fait-il observer. Malgré le peu d’éducation qu’il a reçu, cet homme est un fin stratège. À l’âge de 28 ans, il s’est marié avec Ruby. Pour cette dernière, le handicap de son époux n’est pas un obstacle à leur amour. « J’admire le courage et la détermination de mon époux. Il est ma plus grande fierté », dit cette épouse de 57 ans. Aujourd’hui, le sourire qui illumine le visage de Rajen Govinden est celui d’un époux et d’un père heureux. « Mon handicap m’a appris la vie. Pour moi, c’est un mal pour un bien. J’ai accepté ce mauvais coup du destin et je suis devenu un battant. La détermination et la persévérance ont joué en ma faveur », fait-il ressortir.Gagne-pain
Comment fait-il pour garder son business à flot, alors que la concurrence est si rude ? Il explique d’emblée que c’est un métier très dur. Il faut faire face à la chaleur, au soleil, aux concurrents. Il conduit d’une seule main la bicyclette sur laquelle il transporte ses friandises. Malgré les difficultés, le marchand n’a jamais renoncé, car c’est son gagne-pain, la seule chose qu’il sache faire et qu’il fait bien. C’est grâce à ce métier qu’il a pu subvenir aux besoins de sa famille et investir dans les études supérieures de ses deux enfants. Il a su gagner la confiance de ses clients et a acquis une certaine notoriété. Pour les enfants de la localité, Rajen Govinden est le « marsan pistass, marsan confi e marsan pok pok ».Entrepreneuriat
Rajen Govinden est d’avis qu’il n’est jamais trop tard pour se lancer dans l’entrepreneuriat. « Ti travay zame ti ene la onte. Pourvi ou pe gagn ou larzan onetman pou nouri ou fami », souligne-t-il. « La vie a ses hauts et ses bas et on doit se battre. Je l’ai fait et j’ai réussi. Si j’y suis arrivé, vous pouvez aussi. En plus de me faire vivre, ce métier est un passe-temps, une passion et un moyen de se détendre », dit Rajen Govinden.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !