Interview

Raj Puddoo COO de MyBiz: «Il faut une collaboration plus étroite entre les différentes institutions»

Le Chief Operating Officer de MyBiz, une ‘One-Stop Shop’ destinée aux petites et moyennes entreprises lancée cette semaine, ambitionne de révolutionner le secteur et de faire de cette agence, une plate-forme incontournable pour les entrepreneurs. Parlez-nous de MyBiz-Gateway to Success ? MyBiz est la vitrine du ministère des Activités économiques, des entreprises et des coopératives. Il est le fruit d’une réflexion qui a commencé depuis une année. Au cœur de cette réflexion, se trouve l’entrepreneur. Pour avoir été sur le terrain pendant pendant plusieurs années, j’en ai côtoyé beaucoup. Ainsi, je reconnais toutes les difficultés et tous les obstacles auxquels ils doivent faire face. D’une part, il y a la vision et la stratégie du gouvernement de faire de l’entrepreneuriat l’épine dorsale de l’économie, et d’autre part, la difficulté de s’y lancer. L’intention du gouvernement est d’injecter Rs 10 milliards dans les cinq prochaines années pour le développement des petites et moyennes entreprises (PME). Mais si, en ce faisant, on ignore les problèmes fondamentaux qui empêchent les PME de décoller, nous passerons à côté de notre objectif.
Quelles sont ces difficultés qui plombent l’envol des PME ? Le problème structurel et fondamental des PME reste l’accès au financement. L’entrepreneur peut avoir un super projet, mais bute souvent sur cet obstacle. N’oublions pas que les banques commerciales ont un impératif ‘commercial’. Leurs frais et services ne répondent pas forcément à l’attente des entrepreneurs. Les taux d’intérêt, les garanties et les périodes de remboursement sont autant de sujets qui fâchent. S’il n’y a pas de flexibilité et si nous plaçons les PME sur un pied d’égalité avec les grandes entreprises, c’est sûr qu’elles ne décolleront jamais. Qu’est-ce qui différencie une PME d’une grande entreprise ? N’oublions pas que les PME contribuent 40 % du Produit intérieur brut (PIB), soit environ Rs 118 milliards. Le nombre d’emplois générés dans ce secteur est de 306 900, ce qui représente 54 % du taux national. Est considérée comme une PME, une entreprise qui a un chiffre d’affaires allant jusqu’à Rs 50 millions. Il y a une différence entre la PME qui réalise un chiffre d’affaires d’un million et celle avec Rs 50 M, voire plus. Leurs profils, besoins, problèmes et objectifs sont différents. On ne peut les mettre dans le même panier.

Fiche signalétique

Âgé de 55 ans, Raj Puddoo est expert comptable de profession. Détenteur d’un MBA, il compte plus de 30 ans d’expérience dans le domaine bancaire, financier et de gestion, entre autres. Il était jusqu’à récemment attaché à la Mauritius Business Growth Scheme Unit, sous la tutelle du ministère des Activités économiques, des Entreprises et des Coopératives. Marié, il est père de deux enfants.

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Comment procéder ? Nous les avons catégorisées. Celles qui brassent un chiffre d’affaires de Rs 2 M sont considérées comme une microentreprise, les petites, de Rs 2 à Rs 10 M, et les moyennes, de Rs 10 à Rs 50 M. Au-dessus de ce chiffre, on n’est pas une PME. Le défi est maintenant de trouver des solutions à leurs problèmes inhérents et spécifiques, dépendant de leur catégorie. À part l’accès au financement, quels sont les autres défis auxquels font face les PME ? Outre le financement, l’accès aux licences et permis reste un autre gros problème. C’est un parcours du combattant pour le petit entrepreneur désireux de se lancer. Les procédures, le temps perdu entre différents services et bureaux ont souvent raison de la patience et de la volonté d’un entrepreneur. Beaucoup se découragent et abandonnent en cours de route. C’est dommage. Est-ce là que votre institution entre en jeu? Justement. À part ces deux gros problèmes (licences et financement), il y a aussi un manque d’information fiable et précis. Le gouvernement investit énormément pour faciliter les affaires. Et cela à travers  plusieurs institutions, dont la Small and Medium Enterprises Development Authority (SMEDA), Enterprise Mauritius, le Mauritius Business Growth Scheme et le National Productivity and Competitiveness Council, pour ne citer que celles-là. Il y en a tellement que l’entrepreneur est confus. Il faut une collaboration étroite et développer une synergie entre les différentes  institutions. C’est ce qui nous manque le plus aujourd’hui. Quelle en est la cause de cette situation, selon vous ? Chacun travaille de son côté. Il n’y a pas assez d’interaction. MyBiz viendra tout changer. Nous avons réussi à mettre en place un outil de ‘business facilitation’ qui va nous aider à concrétiser la stratégie du gouvernement. Si on veut que les PME deviennent l’épine dorsale de l’économie, il faut mettre en place l’infrastructure et la  logistique nécessaire à cette mission. Un entrepreneur qui se lance prend déjà  une décision audacieuse et c’est à nous de le soutenir et de faciliter ses démarches. Sans juger le personnel attaché à MyBiz, on est en droit de se demander ce que les Business Development Officers (BDO) vont faire de plus que ce qu’ils faisaient auparavant ! Si la SMEDA avait fait ce qu’on attendait d’elle… Je comprends ce scepticisme. 90 % de notre personnel viennent de la SMEDA. Je dois assumer une grande responsabilité et, en même temps, un gros challenge. Je suis convaincu que les BDO de la SMEDA peuvent faire mieux. Peut-être qu’en tant qu’institution, la SMEDA a un problème, mais je pense aussi que les employés ont un potentiel qui ne demande qu’à être exploité si on les encourage et crée un environnement propice. Ils doivent changer de mentalité. Mon défi, c’est de démontrer qu’avec le même staff, mais avec une approche différente, on peut faire des miracles. Au final, qu’attendez-vous de MyBiz? Qu’il devienne la plate-forme incontournable des entrepreneurs. Aujourd’hui, c’est  l’entrepreneur qui est au centre de nos opérations. S’il n’y a pas d’entrepreneurs, il n’y a pas de travail pour les BDO. MyBiz favorise le ‘Centric Environment’ favorable au développement des affaires et de la croissance. Ma priorité, c’est le niveau de service que nous offrons à nos clients. Il n’y aura pas de concession sur cet aspect.

MyBiz en résumé

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  • La General Business Development Services Unit pour le screening des demandeurs ;
  • La ‘Licensing, Permits, Clearances, and Registration Unit’ pour faciliter les procédures et l’octroi des permis ;
  • La ‘Specialised Business Development Services Unit’ pour une assistance technique ;
  • La ‘Export, Trade Promotion and International Markets Unit’ pour explorer les marchés potentiels et
  • La ‘Monitoring and Evaluation Unit’ pour un suivi en permanence des activités.

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