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Ouvriers clandestins : 27 sans-papiers interpellés mardi

La Tracking Team du Passport & Immigration Office a lancé une opération crackdown aux petites heures mardi 18 octobre. Elle a interpellé 27 étrangers en situation irrégulière à Maurice.

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Ouvriers clandestins
La Tracking Team a commencé son opération avant le lever du jour.

Il est 4 heures. Il fait encore nuit. Trois véhicules du service d’immigration quittent la rue Lislet Geoffroy à Port-Louis. À leur bord, dix policiers de la Tracking Team – un sergent, deux caporaux, six constables et une policière – munis de menottes et de matraques. Direction Cité La Cure, un des faubourgs de la capitale. Leurs ordres sont simples et directs : mener une opération rapide dans cette région avant le réveil des habitants.

Un quart d’heure après avoir quitté les locaux du Passport & Immigration Office (PIO), les véhicules s’arrêtent devant une maison en béton fraîchement rénovée. Les policiers l’encerclent tandis que les chiens se mettent à aboyer de plus en plus fort. À l’intérieur, un jeune homme dort à poings fermés dans une chambre partiellement meublée. Il s’agit d’un Camerounais soupçonné de résider illégalement à Maurice alors que son visa de touriste a déjà expiré.

Les policiers lui passent les menottes et l’embarquent dans un des véhicules. L’opération dure à peine cinq minutes. L’équipe quitte aussitôt les lieux. Cette arrestation sera la première d’une série.

Le groupe met ensuite le cap sur la zone industrielle de Valentina, Phœnix. Les policiers sont à la recherche d’un ressortissant du Bangladesh porté disparu depuis plusieurs semaines. Il habitait auparavant à Montagne- Blanche.

Résistance et refus de coopérer

Il est 4 h 43 lorsque les policiers arrivent à la deuxième destination. Ils mettent pieds à terre et braquent leurs lampes de poche sur une maison, légèrement en retrait à l’arrière d’un bâtiment à étage. C’est un ressortissant chinois qui vient ouvrir la porte. Ses papiers sont en règle. Il affirme qu’il vit seul, mais après avoir interrogé certains voisins, les policiers décident d’entrer dans la maison. Ils tombent sur quelqu’un qui dort dans une des pièces. Il est à son tour menotté et placé dans le véhicule à côté du Camerounais.

Le cortège se dirige ensuite à Trèfles.  Le soleil darde ses premiers rayons. La rue s’éveille. L’arrivée des policiers est diversement commentée. Sept ressortissants africains, notamment des Nigériens et des Ghanéens qui habitent à l’étage d’une boutique, affichent une certaine résistance et s’enferment à double tour. Deux des policiers pénètrent à l’intérieur du bâtiment en enjambant une fenêtre. Une Nigérienne qui se trouve à l’intérieur a du mal à surmonter sa peur. Elle craque, fond en larmes et ouvre la porte aux autres policiers en implorant leur sympathie.

Les policiers ne se laissent pas attendrir. La femme est embarquée. Cinq autres personnes en situation irrégulière sortent de leur cachette. Un Ghanéen refuse toutefois  de se laisser faire et demande à parler au téléphone au commissaire de police. Il refuse de présenter son passeport. Il sera embarqué de force.

Puis, surgit d’une des chambres un quinquagénaire qui se fait fort de décliner sa nationalité. « Mo pas ladan mwa misie. Mwa mo enn morisien mwa. » Ce qui ne manque pas de provoquer un fou rire chez les éléments du PIO.

Course-poursuite

Ouvriers clandestins
De Cité La Cure à Vacoas en passant par Trèfles et Phœnix, les éléments du PIO ont frappé vite.

Puis cap sur Vacoas. Le cortège s’arrête cette fois à Clairfonds no 2. Les policiers encerclent une maison dont la cour est laissée à l’abandon. Chaussures usées, mégots de cigarettes, canettes de bière et feuilles mortes sont entassés pêle-mêle. Le coup de filet est des plus fructueux. 13 ressortissants du Bangladesh se réveillent en sursaut. Ils ont été recrutés comme maçons en 2011 sous un contrat de deux ans et auraient dû avoir quitté le pays en 2013. Ils ont toutefois préféré prolonger leur séjour et travaillaient au noir pour une compagnie de construction basée à Quatre-Bornes.

L’un d’entre eux tente de déjouer la vigilance des policiers. Il parvient à escalader un mur de deux mètres et essaie de s’enfuir. Deux policiers se lancent à ses trousses, à pied, tandis que trois autres s’engouffrent dans un des véhicules et lui donnent la chasse. Le fuyard est maîtrisé une cinquantaine de mètres plus loin. Il indique qu’il n’a pas reçu de salaire depuis plusieurs semaines et explique son geste par le fait qu’il a peur d’être rapatrié avant de toucher son dû. Son explication n’a aucun effet. Il sera menotté pour cette tentative de fuite.

Les trois véhicules bondés d’étrangers sans-papiers rappliquent au siège du service de l’immigration. L’opération s’est poursuivie à la mi-journée.


190 arrestations depuis le début de l’année

Le surintendant Narendrakumar Boodhram, responsable du service de l’immigration, confirme que 27 ressortissants étrangers en situation irrégulière ont été épinglés durant ces différentes sorties. « C’est tout un travail d’équipe que nous menons depuis deux semaines. Nous avons glané un maximum de renseignements. Parmi ceux qui ont été interpellés, certains sont étudiants, touristes ou ouvriers sans permis de travail. Les enquêtes détermineront si ces étrangers seront rapatriés dans l’immédiat ou si certains dossiers seront transmis au Central Criminal Investigation Department », affirme le haut gradé. Il ajoute qu’un Comorien avait été arrêté à l’aéroport le lundi 17 octobre. « Il a tenté de s’enfuir mais a été repris. Il est en détention. De janvier à ce jour, nous avons arrêté environ 190 étrangers qui résidaient illégalement sur le sol mauricien. »

La Tracking Team du Passport & Immigration Office est composée du sergent Jayeprokash, des caporaux Lilloo et Jhuboo, des constables Sewsurn, Roheemun, Seebaluck, Tandrayen, César, Tangman et de la Woman Police Constable Gokhul.

 

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