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Nominations : ces femmes qui brillent dans le milieu juridique

Urmila Boolell, Zubeida Ismael Salajee et Narghis Bundhun Urmila Boolell, Zubeida Ismael Salajee et Narghis Bundhun

Depuis le 24 août, Urmila Boolell et Narghis Bundhun ont accédé au statut honorifique de ‘Senior Counsel’, tandis que Zubeida Ismael Salajee devient ‘Senior Attorney’. Ces dames aux parcours élogieux sont des battantes. Elles sont passionnées par leur boulot et aiment les petits plaisirs de la vie. Rencontre.

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Urmila Boolell, Senior Counsel : spontanée et passionnée

Urmila BoolellElle ne se laisse pas marcher sur les pieds et se bat pour ses convictions. Urmila Boolell, qui portera la robe de ‘Senior Counsel’ bientôt, est une femme à part entière. Une vraie !

« C’est la consécration d’une carrière, d’un parcours de 31 ans. Je remercie ceux qui ont jugé que j’avais les compétences pour assumer cette fonction », précise l’avocate d’affaires, rencontrée à son bureau aux Banymandhub Boolell Chambers, à Port-louis, où l’élégance prime.

Les cheveux bien coiffés, le visage légèrement maquillé, Urmila Boolell a bonne mine. Dans cette étude d’avocats, c’est elle la « Head of Chambers », qui plus est la fondatrice. Le droit, elle en sait quelque chose. Trente-et-un ans depuis qu’elle a décidé d’embrasser la filière juridique. Un parcours qui n’a pas été de tout repos, mais qui porte aujourd’hui ses fruits. Et pourtant, devenir avocate n’a jamais été le rêve de petite fille de la Senior Counsel. Sa personnalité débordante et surtout son élocution facile pendant son plus jeune âge mettront ses parents sur la piste : elle sera avocate.

« Je ne l’ai pas choisi ce métier. Mes parents me prédestinaient à une carrière d’avocate et c’est venu de cette façon », fait ressortir Urmila avec une pointe de nostalgie, se rappelant ses débuts.

Débuts difficiles

À l’âge de 16 ans, elle s’envole au pays de Sa majesté et intègre une ‘boarding school’. « J’ai fait mon HSC en Angleterre, mais le fait d’être dans une ‘boarding school’ m’a apporté énormément sur le plan personnel. Grandir entourée d’autres enfants de diverses nationalités a contribué à mon
épanouissement », précise-t-elle.

« En Angleterre, on voit vraiment le côté grandiose de la profession, mais à Maurice, la réalité est tout autre. »

C’est à l’Université de Reading qu’elle entame ses études de droit et obtiendra son LLB. Elle est graduée à l’âge de 20 ans. Elle sera « called to the Bar » une année plus tard à Lincoln’s Inn : « Quand on est avocate en Angleterre, on voit vraiment le côté grandiose de la profession, mais à Maurice, la réalité est tout autre. Je prenais les affaires criminelles, mais c’était un véritable parcours du combattant. J’étais jeune, les gens ne me prenaient pas au sérieux. Les débuts étaient très difficiles », raconte Urmila Boolell.

Mais malgré les difficultés, elle ne baisse pas les bras. Mère de Vandana et épouse de Satyajit Boolell, elle se bat contre vents et marées pour se faire connaître. Sa vie prendra alors une autre tournure : elle attend ses jumeaux, Nikhil et Aditi.

« À mon cinquième mois de grossesse, j’ai dû garder le lit. Et alors que j’étais à la maison, j’ai commencé à écrire. Même après mon accouchement… Je me suis retrouvée avec un livre complet des jugements de la Cour suprême depuis 1861 », précise l’auteur de « Case Law of Mauritius - A Compendium », qui a été lancé en 1994. En 1997 elle lancera « Company Law of Mauritius », qui sera remis à jour en 2001 après l’entrée en vigueur de la nouvelle
législation.

Les affaires

Le succès de son premier livre lui ouvre des portes et sa nature de femme spontanée la guide vers un créneau bien ciblé : les affaires. Un ‘challenge’ pour la jeune maman.

« Financièrement, on faisait avec les moyens du bord, sans compter que les enfants étaient en bas âge. C’était le moment le plus difficile de ma vie », précise la Senior Counsel.

Malgré les embûches, elle parvient à ouvrir son cabinet d’avocats : Banymandhub Boolell Chambers en 1996. Urmila Boolell sera élue ‘Leading Lawyer 2013’ par IFLR1000 et assumera le poste de présidente du Mauritius Bar Council la même année. Même si elle est une grande passionnée du travail, elle place sa famille en premier dans sa vie et assume pleinement son rôle de maman et d’épouse.

Car, malgré un emploi du temps chargé et celui de son époux qui assume, lui, le poste de Directeur des poursuites publiques (DPP), notre interlocutrice confie pouvoir séparer sa vie professionnelle et personnelle. « À la maison, Satyajit n’est pas DPP et je ne suis pas ‘Senior Counsel’. Nous sommes complémentaires, mais n’empiétons pas sur le terrain professionnel de l’autre. Il y a beaucoup d’échange d’idées, mais pas d’ingérence », fait ressortir Urmila Boolell.

« Le Paradis perdu » de John Milton

Ses passe-temps ? « Je n’ai pas beaucoup de temps pour cela, mais j’aime faire la cuisine. J’ai une centaine de livres de recettes. J’essaie de concocter des plats pour ma famille », dit Urmila Boolell, qui a une petite préférence pour la cuisine européenne. Outre la cuisine, la ‘Senior Counsel’ a la main verte et cultive des orchidées.

Un livre qui l’a marquée ? « Le Paradis perdu » de John Milton. « Je l’ai lu les 10 volumes du livre quand j’étais très jeune. Et ça a été un éveil de la spiritualité. J’y ai appris sur la déchéance humaine et surtout l’importance de la défaite pour arriver à la victoire ».


Senior Counsel : Narghis Bundhun, une femme au pluriel !

Narghis BundhunNarghis Bundhun a plusieurs cordes à son arc. La Senior Counsel jongle avec habilité avec son statut d’avocate, de mère et d’épouse, d’enseignante, de présidente de l’ONG Safire, sans compter qu’elle est membre de l’Electoral Supervisory Commission. Tant de responsabilités certes, mais elle ne recule devant rien.

C’est un tirage au sort qui a déterminé sa voie. Eh oui, contrairement à ce qu’on pourrait penser, porter la toge pour l’avocate de famille n’a jamais été un rêve.

« Après le collège, il fallait faire un choix, entre le métier d’enseignante, de traductrice-interprète, d’arpenteur ou d’avocat. J’ai donc tiré au sort et la chance a porté sur la loi », se remémore Narghis Bundhun avec une pointe d’humour.

Mariée à Shashi Puddoo, et mère de trois enfants, Shah Rukh, E’jaaz et Imaan, elle ne fait pas dans la demi-mesure, la « dame de fer », comme on la surnomme, ne se laisse pas marcher sur les pieds. « Je suis une loyale et bosseuse. Mais comme je suis exigeante envers moi-même, je le suis avec les autres aussi. C’est pour cela qu’on dit que je suis sévère. J’avoue, je le suis », dit la Senior Counsel, que nous avons rencontrée à son étude à la Chancery House. Son parcours avant d’ouvrir son cabinet n’a pas été une mince affaire.

C’est à l’Université Libre de Bruxelles qu’elle entame ses études de premier cycle, avant sa licence et sa maîtrise à l’Université de La Réunion. De retour à Maurice, elle rejoint, dans un premier temps, Océana Textile. Elle y apprendra les rudiments du métier, découvre le textile et y prend plaisir. Puis vient le moment de perdre part aux examens d’avocat à Maurice, afin d’être admise au barreau.

« Je suis une loyale et bosseuse. Comme je suis exigeante envers moi-même, je le suis avec les autres aussi. »

Une polémique éclate et Narghis Bundhun et 11 autres aspirants avocats sont suspendus des examens du barreau à vie. Décision que la jeune femme prend très mal, mais continue son petit bonhomme de chemin dans le textile. Un univers qu’elle apprend à apprécier.

« Cela a été une expérience riche en découvertes, car j’ai voyagé, rencontré des gens, appris tellement de choses dans le métier d’’Export Manager’ et je m’y plaisais », se souvient l’avocate de famille.

Son propre cabinet

Deux ans après, sir Maurice Rault décide de plaider la cause de jeunes aspirants avocats. Et la bataille est gagnée. En 1989, Narghis Bundhun sera admise au barreau et obtiendra une bourse pour effectuer un stage à Aix-en-Provence et à Londres. Elle rejoindra l’étude de Guy Ollivry QC, où elle passera 10 années avant d’ouvrir son propre cabinet.

« C’est là que le métier est devenu passionnant. J’ai appris à connaître les gens et j’ai pris grand plaisir à aller en Cour pour me battre et c’est ce que j’aime le plus dans mon métier », précise notre interlocutrice.

Si elle se passionne pour son travail, elle l’est par-dessus tout pour sa famille. « Aujourd’hui, mes enfants ont grandi, mais j’ai toujours aimé les chouchouter, m’occuper d’eux, leur faire plaisir, cuisiner pour eux », dit la Senior Counsel.

La cuisine est un de ses passe-temps. « Je cuisine tous les jours et même pendant les fêtes de fin d’année, où je reçois beaucoup de monde chez moi », explique Narghis Bundhun.

Outre la cuisine, la « dame de fer » s’adonne à plusieurs autres activités, notamment le jardinage, le crochet, la frivolité (une technique de faire de la dentelle à la navette), les orchidées, le sport, sans oublier qu’elle est aussi présidente de l’association Safire, qui vient en aide aux enfants de rues. La Senior Counsel est également membre de l’Electoral Supervisory Commission. Aussi, elle enseigne au Council of Vocational and Legal Education et à l’UoM. Un emploi du temps chargé que la Senior Counsel gère avec adresse. « Mes journées sont très longues. Je me réveille à 4 heures, m’occupe du petit-déjeuner et une fois que tout est prêt, je prends mon petit-déj et je lis le journal. C’est mon moment à moi. Quand je suis à la maison, je ne pense pas au travail. Je sais faire la démarcation entre ma vie professionnelle et familiale ».


Senior Attorney - Zubeida Ismael Salajee : un bourreau de travail

Zubeida Ismael SalajeeZubeida Ismael Salajee est parmi les rares femmes Senior Attorney du pays. Une nomination honorifique qu’elle dédie à son dur labeur.

C’est le fruit du hasard qui a conduit l’avoué Zubeida Salajee à choisir cette filière. Après ses études secondaires, un ami de la famille, en l’occurrence Osman Abbasakoor, lui propose de venir travailler dans son étude.

« Comme je ne savais pas dans quelle filière je voulais me lancer, j’ai accepté. J’ai appris à aimer le travail au fil du temps. Dans ce métier, on voit la détresse humaine : les gens se font arnaquer, d’autres ont des problèmes familiaux et financiers. Ce que j’appréciais par-dessus tout : c’était de pouvoir aider les gens », fait ressortir la Senior Attorney.

En parallèle, elle commence ses études et sort première de sa promotion. Elle ouvrira son cabinet en 1987. Alors qu’elle fait ses débuts dans l’univers juridique, la chance lui sourit. Zubeida Ismael Salajee est contactée pour travailler sur le dossier de l’ex-BNPI. « Cela a été véritable ‘boost’ pour ma carrière. Cela m’a ouvert les portes et j’ai pu gravir les échelons, lentement mais sûrement » confie-t-elle.

Et le métier d’avocat ? « Je ne me voyais pas aller au tribunal ou traiter des affaires criminelles, même si au début, j’y suis allée à plusieurs reprises. J’aime le droit, mais je préfère ce que je fais et rester au bureau », précise la Senior Attorney.

« Dans ce métier, on voit la détresse humaine, d’autres ont des problèmes familiaux et financiers. »

Les voyages

Véritable bourreau de travail, Zubeida Ismael Salajee trouve rarement le temps de s’occuper d’elle et de s’adonner à ses passe-temps, comme la lecture, par exemple. « Je lis tellement pendant toute la journée que je n’ai pas envie de lire quand je rentre à la maison », confie la Senior Attorney.

Ainsi, c’est dans les salles de gym qu’elle se détend trois à quatre fois par semaine. Voyager est aussi un moyen de se libérer de son train-train quotidien. « Je fais en sorte de voyager au moins une fois l’an. C’est le seul moyen de pouvoir couper avec le boulot. J’ai un penchant pour les pays du sud-est asiatique. J’aime l’atmosphère, la nourriture et la langue », dit la Senior Attorney.

 

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