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À l’obituaire - Balmick Gokulsing : vivre est un art

Mon mentor, guru et professeur a tiré sa révérence terrienne un mois seulement après le décès de son épouse. La longue maladie de cette dernière l’a bouleversé, mais jamais il n’a délaissé le terrain. Il m’a même confié qu’il était épaulé par sa fille Preeti et son fils Salil et leurs époux.

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Balmick a été un monument pour la formation de Seebaluck, Amita, moi-même et tant d’autres. Il avait une maîtrise du droit et il affectionnait les plaidoiries dans les instances où les avoués pouvaient plaider.

Sans l’affaire Karamuth vs Universal Hotel Ltd, il aurait convaincu l’autorité compétente qu’un appel existait de plein droit d’un jugement de la Cour de faillite à la Cour suprême. Ce n’était pas une mince affaire, car une autre école de pensée préconisait que la Cour de faillite étant une branche de la Cour Suprême. Il était illogique de juger l’appel face à une instance de même niveau. Balmick était Balmick et il a su renverser la vapeur en sa faveur.

À longueur de journée, il me dictait avec une aisance déconcertante les ébauches. À cette période, on travaillait sur une machine à écrire et une seule faute et tout était à refaire.

En moins de deux heures, il me dicta une ébauche sur la mise en œuvre de l’offre réelle, sans besoin d’un quelconque précédent. Quand il faisait de la politique active, j’ai eu l’occasion de lui poser la question suivante :

« Que pensez-vous de Paul Bérenger ? » qui était son adversaire politique dans la circonscription No 18.

Et il répondit : « J’ai fait de la politique pour une bataille d’idées pour faire avancer les choses et non pour attaquer la personne. »

Balmick ne faisait pas l’argent sa priorité. Il comprenait la situation financière de ses clients. Même dans les moments difficiles à l’étude, Balmick garda son calme comme un bon capitaine à bord pour ne pas nous paniquer.

En dépit de la condition de son épouse qui était aussi une grande dame, Balmick était de bonne humeur et surtout avait un sens de l’humour aigu et aimait la convivialité de ses proches.

Son humilité était parlante et je garde de bons souvenirs des occasions quand il venait me chercher à la maison pour aller à Port-Louis dans sa Honda Accord (G2). J’ai pu détecter alors que Balmick n’était pas seulement un grand juriste, mais aussi une fin intellectuelle.

Il n’a jamais eu de mot déplacé envers son staff, ses clients et ses adversaires. Il pouvait nous dicter à l’aise, car il avait une bonne maîtrise du droit, mais aussi une aisance dans la langue de Molière et de Shakespeare.

Le jeudi, c’était surtout le bridge. Tout comme mon ami sir Gaëtan, je perds un autre guru, mais je me console en me rappelant que Balmick croyait dans les valeurs réelles.

« Si exister est un fait, vivre est un art », dixit Frederic Lénoir et Balmick épousa cette réflexion. Stendhal aurait dit que la chance s’attrape aux cheveux, mais elle est chauve. Ce n’est pas par hasard que j’ai côtoyé Balmick.

De la part d’un de ses élèves,
Y. W. Appado (Manoj)

 

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