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La question des îles Chagos débattue à la Chambre des Lords - La baronne Chapman : « Nous avons négocié un accord qui protège nos intérêts et ceux de nos partenaires »

La Chambre des Lords a débattu jeudi dernier des récentes négociations sur l’avenir des îles Chagos, et de la base militaire conjointe de Diego Garcia, partagée avec les États-Unis. Ce sujet sensible continue de susciter des avis divergents parmi les membres de la chambre haute.

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Maurice et le Royaume-Uni seraient tombés d’accord sur le deal de rétrocession de l’archipel des Chagos. Toutefois, le gouvernement britannique a décidé d’obtenir d’abord l’approbation du nouveau président américain Donald Trump avant d’aller de l’avant.

La baronne Chapman de Darlington, sous-secrétaire parlementaire au Foreign, Commonwealth and Development Office, a ouvert les débats en soulignant que l’accord conclu avec Maurice visait à protéger les « intérêts de sécurité nationale du Royaume-Uni et des États-Unis ». Elle a précisé : « Nous croyons qu’il est préférable de négocier avant une éventuelle décision contraignante de la Cour internationale de justice, plutôt que d’attendre une position plus défavorable. »

Cet accord, qui prévoit une souveraineté partagée tout en garantissant la présence militaire britannique et américaine pour une durée de 99 ans, a suscité des interrogations sur ses implications stratégiques. Lord Bellingham (Conservateur) a notamment critiqué le moment choisi pour finaliser cet accord : « Était-ce une erreur diplomatique d’avancer ce traité avant les élections à Maurice et aux États-Unis ? »

Les droits des Chagossiens

La baronne Foster d’Aghadrumsee (non affiliée) a rappelé l’importance d’impliquer la communauté chagossienne, qui a longtemps souffert des conséquences de son expulsion forcée dans les années 1960 et 1970. Elle a exhorté le gouvernement à engager davantage ces personnes, ajoutant : « Depuis l’annonce de l’accord, il y a eu peu ou pas d’engagement avec ce groupe. » En réponse, la baronne Chapman a reconnu les torts passés : « Cette communauté a été mal traitée pendant de nombreuses années. Nous devons être transparents sur ce qui a été convenu. »

Les discussions ont également abordé la perception internationale des négociations. Lord Foulkes de Cumnock (Labour Co-op) a mis en garde contre des comparaisons potentiellement nuisibles avec d’autres territoires britanniques comme les îles Falkland et Gibraltar. La baronne Chapman a rejeté ces parallèles comme étant « opportunistes, erronés et trompeurs ».

Certains membres ont critiqué le gouvernement pour avoir cédé du terrain stratégique. Lord Callanan (Conservateur) a évoqué un rapport de Policy Exchange affirmant que cet accord risquait de compromettre « les bases militaires britanniques et la profondeur de la relation avec les États-Unis ». Toutefois, la baronne Chapman a réitéré que l’accord garantissait la sécurité de la base de Diego Garcia tout en répondant à la nécessité de résoudre une situation prolongée.

Lord Cromwell (crossbench) a introduit une perspective environnementale en rappelant que l’altitude moyenne des îles Chagos est de seulement 1,2 mètre au-dessus du niveau de la mer. « Le réchauffement climatique pourrait rendre ce débat caduc », a-t-il averti. La baronne Chapman a convenu que les impacts climatiques sur les petites îles constituaient une priorité mondiale, tout en rejetant l’idée que ce sujet relevait uniquement d’un débat politique.

Le débat a mis en lumière la complexité de la question des îles Chagos, où intérêts stratégiques, exigences juridiques et droits humains s’entrelacent. Si l’accord avec Maurice vise à stabiliser la situation, des critiques subsistent quant à ses implications à long terme. Comme l’a souligné Lord Waldegrave de North Hill (Conservateur) : « Cet accord pourrait introduire une instabilité en incitant Maurice à demander davantage. »

Face à ces défis, le gouvernement britannique s’efforce de concilier ses engagements en matière de sécurité et ses responsabilités envers les Chagossiens. La baronne Chapman a insisté : « Nous croyons avoir négocié un accord qui protège nos intérêts et ceux de nos partenaires tout en répondant aux réalités actuelles. » Les débats sur ce dossier complexe sont toutefois loin d’être clos.

L’objection américaine

Dans l’entourage de Donald Trump, l’on laisse entendre être opposé à toute rétrocession de l’archipel des Chagos à Maurice en invoquant le danger chinois. Le 21 janvier, lors de son discours au Sénat, le sénateur de la Louisiane John Kennedy a vivement critiqué la décision du Royaume-Uni de restituer les îles Chagos à Maurice, qualifiant cette action de « trahison des intérêts stratégiques ». Il a appelé le président Donald Trump à intervenir pour annuler cet accord, mettant en avant l'importance stratégique de Diego Garcia pour les opérations militaires américaines. 

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