Baisse dans la demande, coûts de production élevés, pénurie de main-d’œuvre, appréciation du dollar, problème de logistique… Ce sont les principaux défis que doivent relever les PME dans l’industrie du meuble. Tour d’horizon.
«La situation est très alarmante », déplore Maya Sewnath, directrice de SSS Furniture. Elle souligne que depuis le démantèlement de la BAI, les fabricants de meubles qui sous-traitent avec Courts ont subi de gros retards et des pertes.
« Certes, nous sommes satisfaits que le ministre des Finances a pris la décision de retourner notre argent dans sa totalité », dit-elle.
Cependant, poursuit-elle, la situation va toujours mal. « Le coût de la vie a grimpé. Les Mauriciens investissent plutôt dans la consommation et l’éducation des enfants. Acheter des meubles n’est pas une priorité », soutient notre interlocutrice.
D’autre part, elle déplore que la pénurie de main-d’œuvre locale reste un gros souci. Un avis que partage Jean Philippe, directeur JD et Fils.
Ce dernier avance que les producteurs locaux font face à la concurrence des pays asiatiques. « Leurs coûts de production sont beaucoup moins chers. Ainsi, leurs prix demeurent compétitifs. C’est pourquoi les Mauriciens optent pour les meubles venant d’Indonésie et de Chine», explique ce dernier.
Saminaden Armoogum, directeur d’EDL Furniture à Quartier-Militaire, lui, a subi une baisse de plus de 40 % sur la vente, comparé à 10 ans de cela. « Avant, je devrais refuser des commandes et maintenant, je n’en reçois que 4 ou 5 par mois », déplore-t-il. Ce dernier dit fabriquer des meubles en bois massif seulement, et qui coûtent plus cher.
« Le prix d’un lit en bois commence à partir de Rs 16 000 alors qu’un lit importé en MDF coûte Rs 10 000. Ainsi, les Mauriciens vont choisir le moins cher malgré la mauvaise qualité », explique-t-il. N’étant pas compétitif sur le marché international, avouent nos interlocuteurs, il est difficile d’exporter. Par ailleurs, ils avancent que les frets sont trop élevés. « Nous faisons aussi face à des problèmes de logistique et à l’appréciation du dollar », dit Maya Sewnath. Jean Philippe, lui, souhaite exporter vers l’Afrique. « Mais avec tous ces obstacles, je n’arrive pas à me lancer dans cette aventure », martèle-t-il.
Moins de taxes
Les entrepreneurs montrent des appréhensions concernant la Maubank, qui a été récemment mise en place. Est-ce que cette banque va répondre aux besoins des entrepreneurs ? Aura-t-elle un desk spécial dédié aux PME ? Va-t-elle opérer comme la Development Bank of Mauritius ? Ce sont autant de questions qu’ils se posent. Jean Philippe indique qu’actuellement le marché du mobilier à Maurice comprend 70 % d’importation et 30 % de production locale. « Si le gouvernement peut ramener le ratio à 50-50, ce sera un grand soulagement pour nous. On pourra ainsi baisser le prix », dit-il. Par ailleurs, il déclare qu’une réduction sur les taxes à l’achat des matériaux serait bien accueillie. Saminaden Armoogum abonde dans ce sens. Pour Maya Sewnath, il faut que les PME disposent des ressources nécessaires. « Le gouvernement doit offrir des subventions sur l’utilisation de l’électricité et de l’Internet », suggère-t-elle. Par ailleurs, elle déplore que les procédures pour développer un business prennent beaucoup de temps. « Il faut venir avec des plans stratégiques pour faire avancer les procédures rapidement », ajoute-t-elle.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !