Le président brésilien Jair Bolsonaro a autorisé vendredi la mobilisation de l'armée en Amazonie pour lutter contre les incendies, mais a estimé que ces feux ne pouvaient «servir de prétexte» à des sanctions internationales.
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Par décret, le président d'extrême droite a autorisé à partir de samedi et pour une durée d'un mois les gouverneurs des Etats concernés à recourir à l'armée pour «l'identification et la lutte contre les foyers d'incendies», ainsi que pour «des actions préventives et répressives contre les délits environnementaux».
Dans la foulée, Donald Trump a proposé au président brésilien l'aide des Etats-Unis. «Je viens de parler au président Jair Bolsonaro. Je lui ai dit que si les Etats-Unis pouvaient aider concernant les incendies en Amazonie, nous étions prêts à le faire!», a tweeté le président américain. De l'autre côté de l'Atlantique, à la veille du G7 de Biarritz, dans le sud-ouest de la France, la plus vaste forêt tropicale de la planète est devenue «une priorité». Le président Emmanuel Macron a accusé M. Bolsonaro d'avoir «menti» sur ses engagements climatiques et a décidé de s'opposer à l'accord de libre-échange UE-Mercosur.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a estimé que les incendies constituaient une «crise internationale», avant le sommet de samedi et dimanche dont devraient sortir des «initiatives concrètes». «Les incendies de forêt existent dans le monde entier et cela ne peut pas servir de prétexte à d'éventuelles sanctions internationales», a répliqué le chef de l'Etat brésilien dans une brève allocution télévisée, en réaction aux pressions internationales croissantes pour sauver l'Amazonie, dont 60 % se trouvent en territoire brésilien. Il a également accusé sur Twitter son homologue français de vouloir «fomenter la haine contre le Brésil par simple vanité». Peu avant, il tweetait: «Le feu le plus ardent est celui de notre souveraineté sur l'Amazonie».
«Sauvez l'Amazonie!"»
Dans un entretien vendredi soir, le chef indigène Raoni a demandé l'aide de la communauté internationale pour contribuer à «faire partir le plus vite possible» le président brésilien qu'il juge responsable des incendies amazoniens.
«Je pense que le président français et d'autres forces internationales peuvent faire pression pour que le peuple brésilien fasse partir Bolsonaro et que le Congrès vote sa destitution», a ajouté le cacique, figure internationale du combat pour la protection de l'Amazonie et des droits indigènes.
Aux cris de «Sauvez l'Amazonie», des manifestations ont rassemblé plusieurs milliers de personnes à Sao Paulo et Rio de Janeiro, d'autres ont eu lieu devant les ambassades et consulats du Brésil dans le monde, à l'appel de nombreuses ONG. Parmi celles-ci le mouvement de la jeune Suédoise Greta Thunberg, Fridays for Future.
La ville de Porto Velho, dans l'Etat amazonien de Rondonia (nord-ouest), était recouverte vendredi d'un fin nuage rougeâtre de fumées. «Cette situation n'est pas normale, c'est à cause des feux de forêt", a commenté le réceptionniste d'un hôtel.
A une soixantaine de kilomètres de Porto Velho, d'épais rideaux de fumée grise étaient visibles au-dessus de la végétation tropicale où des flammes dévoraient des arbres. Le spectacle était impressionnant, avec des vents forts attisant la fournaise. Le gouverneur de l'Acre, un Etat voisin lui aussi très touché, a décrété une situation d'urgence.
Dans le «poumon de la planète», quelque 700 nouveaux feux ont été enregistrés en 24 heures jeudi, selon les chiffres communiqués vendredi par l'Institut national de recherche spatiale (INPE).
L'INPE, dont le patron a été limogé début août après avoir publié des données sur la déforestation jugées mensongères par Jair Bolsonaro, a indiqué que 76.720 feux de forêt avaient été enregistrés dans le pays de janvier jusqu'au 22 août (soit 85 % de plus que sur la même période de l'an dernier). Plus de 52 % concernent l'Amazonie.
«Risque aggravé de sanctions" -
Les feux de forêt, essentiellement dus à la déforestation, aggravée par la saison sèche qui se poursuivra en septembre, ont pris une dimension internationale jeudi: l'ONU et Emmanuel Macron ont interpellé vivement Jair Bolsonaro tandis que se multipliaient sur les réseaux sociaux les appels de la planète politique, sportive ou hollywoodienne en faveur de l'Amazonie.
«La suggestion du président français selon laquelle les affaires amazoniennes seraient discutées au (sommet du) G7 sans la participation de la région évoque une mentalité colonialiste dépassée au XXIe siècle», a rétorqué Jair Bolsonaro à M. Macron.
L'ex-chef de l'Armée de Terre, le général Villas Boâs, a vu dans les propos de M. Macron des menaces «d'un recours aux forces armées». Le puissant secteur de l'agro-négoce, gros exportateur du Brésil et jusqu'ici soutien politique actif de Jair Bolsonaro, commençait à s'inquiéter sérieusement des répercussions économiques de la montée de tensions avec les partenaires commerciaux de la première puissance économique d'Amérique latine. Pour l'analyste Thomaz Favaro, Jair Bolsonaro a «aggravé le risque de sanctions et de représailles, y compris contre l'accord UE-Mercosur".
Après la France, l'Irlande a aussi menacé de bloquer l'accord si le Brésil ne réagissait pas en Amazonie.
Le président d'extrême droite a déclaré cette semaine avoir des «soupçons» sur une responsabilité des ONG dans les incendies en Amazonie, provoquant l'ire de 118 ONG qui l'ont accusé d'«irresponsabilité».
AFP
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