Darma Mootien est de ces mauves foncés qui n’ont jamais baissé les armes. « Tonbe leve, ene militan res dibout », dit-on en kreol morisien. Après plus d’un demi-siècle au sein du MMM, il raconte avec beaucoup d’émotion le premier 60-0 de 1982, puis le deuxième en 1995.
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Militant de la première heure, Darma Mootien raconte : « Ma première rencontre avec le militantisme politique a eu lieu au début de l’année 1969 lors d’une réunion dans un club sportif de Stanley, animée par Dev Virahsawmy, Hervé Masson et les frères Jeeroobarkan. Ils étaient, avec d’autres, les fondateurs du Club des étudiants mauriciens qui deviendra le Mouvement militant mauricien en septembre de la même année. »
Mordu par la chose politique, l’adolescent qu’il était alors y consacre la majeure partie de ses lectures. « D’ailleurs j’ai fait un plaidoyer, en 1970, dans ‘Spiritus’, magazine du collège du St-Esprit, pour une alliance entre tous les partis politiques pour le progrès de Maurice. »
L’année suivante, poursuit-il, sa rencontre avec Dev Virahsawmy, venu enseigner au collège Eastern de Flacq où il enseignait lui-même, sera « décisive ». « Nos trajets en autobus Rose-Hill/Flacq étaient nourris du marxisme-léninisme et du maoisme auxquels m’avait introduit Dev. Il m’a fait connaître Guichard, Franz Fanon, Dumont, Gramsci, entre autres. J’adhérais au MMMSP nouvellement formé et militais avec Raj, Peter, Bam, Nitish, Alain, George. Gyan, Roshan et les autres. »
Une fois son diplôme à l’Université de Maurice complété en juin 1975, il s’envole pour Sciences Po à Paris. « Je milite quelque temps au sein de Lutte Ouvrière. À mon retour au pays au début de 1980, le MMMSP avait intégré le MMM. Je devins un des rédacteurs, avec Subash Gobine et Amédée Darga, du quotidien ‘Le Militant’ en 1982. Je suis devenu vite proche de Paul Bérenger et d’autres dirigeants du parti. »
Il explique qu’en 1982, le parti a adopté une stratégie scientifique qui a porté ses fruits avec le 60-0. « Victoire immense et impensable en alliance avec le PSM de Harish Boodhoo. Cet événement marquant de notre histoire fut malheureusement mal géré par les dirigeants du parti. » Pour Darma Mootien, « le tort incombe à tous pour ce rêve brisé. Et le MMM commença sa traversée du désert ».
Selon lui, les différentes cassures qu’a vécues le MMM en alliance avec le MSM ou le PTr ont été principalement dues à la rigueur des convictions politiques des dirigeants du parti. Et « notamment de Paul Bérenger qui, en dépit de son ‘bezer’ caractère, est fidèle aux idées et principes fondateurs du MMM ; il n’est pas un opportuniste et ne fait que rarement des concessions ».
Il dit avoir appris à connaître le leader du MMM depuis 1982, « encore plus en tant que son conseiller en 2001 et 2022. Sa capacité et sa rigueur au travail sont tout simplement exceptionnels. Et l’émotion de Paul Bérenger est palpable quand retentit ‘Solda Lalit Militan’ de Siven Chinien à chaque manifestation politique ».
Pour Darma Mootien, « l’avènement du 60-0 en 1982 et 1995 n’était pas aussi évident qu’en 2024 ». Depuis l’annonce des élections fin octobre dernier, on sentait grandir cette vague en faveur de l’équipe dirigée par Ramgoolam et Bérenger, ajoute-t-il. « Et elle n’a cessé de s’amplifier. Mon expérience me poussait à prédire une victoire variant de 40 à 50 élus, mais j’avais dit que je ne serais pas surpris d’un 60-0 ». Ainsi, autant il s’était fait discret pour les élections de 2014 et 2019, autant il s’est lancé corps et âme dans celles de 2024.
Et encore une cassure ? « Mon ressenti, couplé à plusieurs éléments d’analyse, me pousse à être convaincu qu’il n’y aura pas de cassure d’alliance pendant ce mandat ; Bérenger et Ramgoolam ont mûri, sont devenus plus sages et posés. » D’ailleurs, Darma Mootien se dit convaincu que ces cinq années à venir vont marquer positivement l’histoire de Maurice avec l’avènement d’une société plus juste, plus démocratique, plus moderne, bref une société qui conduira à l’épanouissement de tous ses citoyens. « J’y crois du fond de mon cœur. »
Reconnaissance envers Dev Virahsawmy
« Dev m’a initié aux théories politiques, ce qui m’a conduit à Sciences Po à Paris. Je lui dois cet éveil à la pensée profonde et à une méthode d’analyse rigoureuse. Jouer dans ‘LI’ est aujourd’hui une manière de lui rendre hommage. Par ailleurs, Gaston Valayden et moi-même poursuivons ce travail ‘politique’ (dans son sens large) à travers notre troupe Sapsiway et les pièces principalement de Gaston et de moi, que nous montons, c’est-à-dire, invariablement à caractère social. »
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