26 octobre 1996. Trois hommes, Babal Joomun, Zulfekar Bheeky et Yousouf Mourad, sont assassinés en pleine rue Gorah Issac, à Plaine-Verte. Ce sont des activistes de l’alliance PTr-MMM, mobilisés pour les élections municipales qui allaient avoir lieu quelques jours plus tard.
Dix-neuf ans et bien des rebondissements politico-judiciaires plus tard, le chef de file du Parti travailliste au Parlement, Shakeel Mohamed, est arrêté par le Central CID. Ce développement fait suite à la réouverture de l’enquête apres une déposition de Swaleha Joomun, veuve de Babal Joomun.
Ne questionnons pas le pourquoi de cette arrestation presque deux décennies après les faits, même si le nom de Shakeel Mohamed est cité depuis le début de cette affaire et qu’il n’avait pas été inquiété jusqu’ici. L’enquête suit son cours. C’est à la police de prouver devant la justice s’il est coupable de ce que le CCID lui reproche (« Conspiracy to commit murder », « procuring revolver used in the commission of murder », « possession of revolver carried off, abstracted and obtained by means of crime », « giving instructions to commit larceny of van whilst being armed with offensive weapon »). Et c’est à Shakeel Mohamed de prouver son innocence.
Le plus surprenant dans cette affaire est peut-être ce qui s’est passé après cette affaire. Que le Parti travailliste crie à la vendetta politique, cela n’est pas surprenant. C’est de la politique. Par contre, ce qui l’est bien plus, c’est la réaction qui est venu des bancs du gouvernement.
Mercredi en conférence de presse, Showkutally Soodhun, le no 3 du gouvernement et actuel no 2 en l’absence du Premier ministre, ainsi que le ministre de la Bonne gouvernance Roshi Bhadain, ont fait une sortie en règle contre… le patron du CCID Heman Jangi, qui doit « assumer ses responsabilités » et qui est accusé d’en « faire trop ».
En vérité, ces dernières années, des politiciens de tous bords sont passés par les locaux du CCID. Pravind Jugnauth, Showkutally Soodhun, Navin Ramgoolam, Anil Bachoo, Zouberr Joomaye... et la liste est encore longue. Forcément, ça dérange.
Si depuis des années, on crie à l’ingérence politique et on allègue que des ordres « viennent d’en-haut », le Commissaire de police Mario Nobin est venu se justifier devant la presse, fait unique dans les annales de la police mauricienne. « Je n’ai jamais reçu d’instructions pour faire quoi que ce soit en-dehors de la loi. La police opère en toute indépendance », a-t-il précisé.
Cette affaire est décidément à tout point de vue hors du commun. Plus ça avance, plus ça se complique et plus on a l’impression que l’on ne connaîtra jamais la vérité. Comme c’est le cas dans de nombreuses autres affaires d’ailleurs.
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