Le ministère des Finances et du développement économique fait un véritable plaidoyer pour réfléchir à tête reposée sur les effets du Brexit, signifiant le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne.
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Dans un article publié sur la page Facebook de Mauritius Finance, Gérard Sanspeur, conseiller principal au ministère des Finances, affirme que le pays doit éviter le piège de la démagogie et que tout le monde doit travailler de concert. « Notre intention en écrivant ces lignes n’est pas d’encenser ou de diaboliser le Brexit en termes de répercussions sur notre économie. Car nous en sommes convaincus, comme le passé nous l’a démontré, nous vivons dans un monde trop complexe pour nous hasarder à faire des prévisions sur le long terme », affirme-t-il dans un article d’opinion en date du mercredi 7 juillet.
Dépasser les clivages politiques
Il fait ressortir : « Ce qui importe surtout en ce moment, c’est de ne pas céder à la panique, mais de rester ouverts à l’urgence de dépasser les clivages politiques et avoir l’intelligence de s’asseoir tous autour d’une table afin de mieux se préparer à toute éventualité découlant des séquelles dans le sillage du Brexit et aussi aux nouvelles opportunités que cela représenterait. » Les entreprises exportatrices vers la Grande-Bretagne anticipent une baisse de leurs revenus à partir de début 2017, au vu de la chute de 11 % de la livre sterling par rapport à la roupie. Le secteur du tourisme s’attend à des annulations pour des raisons économiques. La Grande-Bretagne est le premier marché mondial de Maurice à l’exportation avec des recettes de quelque Rs 11 milliards en 2015. Le Royaume-Uni est le deuxième marché européen pour le tourisme. Le nombre de visiteurs britanniques a atteint les 130 000 l’année dernière. « Il est connu que les économistes et les politiques sont peu portés pour l’autocritique. Cette période post-Brexit devrait pourtant les inciter à se remettre en question. Trop souvent, les politiques utilisent l’économie pour faire miroiter plusieurs promesses électorales et cela afin de se faire élire. Il est temps pour nos politiques de tous bords de reconnaître leurs erreurs, d’accepter qu’ils ont vu trop grand, qu’ils ont fait des promesses qu’ils ne pourront pas tenir. Et il faut qu’ils agissent en conséquence. Surtout que cette période post-Brexit vient brouiller toutes les cartes », dit Gérard Sanspeur. « Le pire ennemi des marchés et donc de l’économie est bel et bien l’incertitude. Avec les secousses économiques et politiques déjà provoquées par le Brexit, les priorités au niveau local ont changé, et il nous incombe de revoir notre stratégie économique, misant surtout sur la prudence ».
Situation difficile
Maurice, avec sa population de 1,3 million d’habitants, est un importateur de nourriture et de produits pétroliers. La croissance en 2016 est estimée à 3,9 %. Le gouvernement Lepep a promis un deuxième miracle économique nécessitant d’importants investissements, tant de l’état que du secteur privé. Le Brexit vient compliquer une situation déjà difficile. « Il y a certainement des investissements qui auraient dû être faits et qui ne l’ont pas été. Est-ce donc le moment de s’embarquer dans des projets onéreux qui vont endetter les générations futures jusqu’au cou? Il faudrait vraiment faire attention, car il n’y a rien de plus dangereux que de vouloir corriger des erreurs précédentes en en commettant de nouvelles. »
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