Failles décelées dans la construction : Rs 122 millions pour des réservoirs inutilisables à Cluny et Nouvelle-France

Des anomalies de construction spectaculaires ont été constatées dans deux réservoirs situés à Cluny et à Nouvelle-France lors d’une visite effectuée par le ministre de l’Énergie et des Services publics, Patrick Assirvaden, jeudi. Construits respectivement à Rs 74 millions et Rs 48 millions par la société Sotravic, ils sont tout bonnement inutilisables. 

Les réservoirs de Cluny et de Nouvelle-France, construits respectivement à Rs 74 millions et Rs 48 millions, illustrent l’échec d’une gestion publique souvent marquée par des défauts de conception, un manque de supervision rigoureuse et une gestion des ressources publiques qui semble ignorer les priorités du pays. Lors d’une visite effectuée le jeudi 16 janvier 2025, le ministre de l’Énergie et des Services publics, Patrick Assirvaden a constaté des failles importantes dans la construction de ces structures qui sont inutilisables. 

« Ces infrastructures, censées améliorer l’accès à l’eau dans le Sud, symbolisent désormais un gaspillage flagrant des ressources publiques », a dit le ministre. Il a exprimé son indignation : « Il s’agit d’une situation complètement inacceptable et la CWA (Central Water Authority ; NdlR) devra rendre des comptes. » Présents lors de la visite, l’Officer-in-Charge de la CWA et la secrétaire permanente du ministère n’ont pas été en mesure de fournir des explications satisfaisantes aux questions incisives du ministre. 

Inauguré en grande pompe le 17 août 2023, en présence de l’ex-ministre concerné Joe Lesjongard, de l’ancien Premier ministre Pravind Jugnauth et des trois députés de la circonscription n°11 (Vieux-Grand-Port/Rose-Belle), le réservoir de Cluny est aujourd’hui une coquille vide. Pas moins de 25 fissures ont été relevées sur cette infrastructure, la rendant totalement inutilisable. 

Depuis sa mise en service, elle est restée à sec, contraignant les autorités à recourir aux forages souterrains pour approvisionner Cluny, New-Grove et Nouvelle-France. Le réservoir de Nouvelle-France, construit pour Rs 48 millions, présente également des défauts de conception.  Bien que les détails de ces anomalies n’aient pas encore été rendus publics, l’état de ces infrastructures soulève des inquiétudes quant à la qualité des matériaux utilisés et à la supervision des travaux. Cette affaire s’ajoute à une longue liste de controverses impliquant l’ancien General Manager de la CWA, Prakash Maunthrooa. 

Le scandale des Rs 700 millions relatif au remplacement des tuyaux dans tout le pays est encore dans les mémoires. Des anomalies massives avaient été signalées par la Chief Internal Auditor de l’époque, mais elles avaient été ignorées par la direction d’alors. Selon des sources, ce dossier pourrait être transmis à la Financial Crimes Commission.

Avec ces nouveaux manquements, la gestion de Prakash Maunthrooa et celle de Joe Lesjongard sont une nouvelle fois mises en cause. La construction des deux réservoirs, réalisée par la société Sotravic, aurait dû être rigoureusement supervisée, mais les multiples défaillances constatées aujourd’hui montrent un laxisme préoccupant à chaque étape du processus, depuis le design initial jusqu’à la livraison finale.

Ces défaillances ne pourraient survenir à un pire moment pour le pays. Maurice traverse une crise de l’eau sans précédent, exacerbée par une sécheresse persistante. Les réservoirs de Cluny et Nouvelle-France, censés améliorer l’approvisionnement en eau dans le Sud de l’île, sont désormais inutilisables. Ce qui ajoute une pression supplémentaire sur un pays où les précipitations sont bien en deçà des moyennes saisonnières, où les nappes phréatiques s’épuisent et où les barrages affichent des niveaux alarmants. 

Outre les réservoirs de Cluny et Nouvelle-France, des problèmes majeurs ont été relevés à la station de traitement de Rivière-du-Poste. Le constat est alarmant : de la boue présente dans le système affecte gravement la qualité de l’eau distribuée. 

Face à cette situation, le ministre a ordonné un rapport complet sur la qualité de l’eau provenant de l’ensemble des réservoirs du pays. Il a aussi demandé des éclaircissements sur la conception des réservoirs, la conformité des étapes de construction et la qualité des matériaux utilisés.