Les enseignants n’en peuvent plus. Pour le bien des élèves, ils souhaitent que les autorités revoient, avec eux, la méthode à adopter. Ils proposent la révision de la période de remise à niveau.
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« Les élèves de l’Extended Programme ont besoin d’un programme pédagogique adapté à leurs besoins, car celui proposé par les autorités ne répond pas à leurs besoins. » C’est le constat de Bhojeparsad Jhugdamby, président de l'Union of Private Secondary Education Employees (Upsee). Comme lui, de nombreux enseignants ont des difficultés en classe. Dans les collèges d’État, les enseignants, réunis au sein de la Government Secondary School Teachers Union (GSSTU), en ont fait part au ministère de l’Éducation depuis janvier dernier. Le PRO du syndicat Yugeshwur Kisto dit attendre toujours une réponse favorable pour que les requêtes soient entendues. « Nous voulons avoir une session de travail pour trouver des solutions adéquates afin de soutenir les enseignants du cycle secondaire. »
Pas de niveau requis
Les enseignants notent que les enfants qui y sont admis n’ont pas le niveau requis en sortant du primaire. Certains enseignants affirment même qu’il est difficile de contrôler la classe parce que ces élèves préfèrent être à l’extérieur d’une salle de classe. Ils ont ainsi pas mal de problèmes à les convaincre à faire des devoirs en classe alors qu’ils trouvent cela inutile.
Le programme pédagogique ne répond pas aux besoins de ces enfants.
Yugeshwur Kisto explique que certains enfants qui sont admis en Extended Programme, ne sont même pas prêts pour être admis au secondaire. « Plusieurs d’entre eux ne savent même pas écrire leur nom et prénoms. Ils ne savent ni lire, ni écrire et ne comprennent pas les bases des mathématiques. »
Bhojeparsad Jhugdamby estime, lui, que la difficulté réside dans l’admission des élèves juste après les examens du Primary School Achievement Certificate (PSAC). Il pense que ces derniers auraient dû repasser cette épreuve pour revoir les difficultés comme ce fut le cas pour les enfants du PreVoc. « Lorsque l’enfant est admis en Extended Programme, nous n’avons aucune idée de ses forces et de ses faiblesses. Nous n’avons que les résultats académiques sur lesquels nous ne pouvons nous baser pour connaître son niveau. »
S’agissant du document du Secondary School Readiness, Bhojeparsad Jhugdamby soutient qu’il n’est pas d’une grande aide. Il soutient que les élèves ne peuvent pas faire les exercices sans être guidés par l’enseignant de la classe.
Avec une salle de classe avec plus d’une vingtaine d’élèves, il est difficile pour ces derniers d’être à l’écoute de tout le monde. C’est ainsi qu’ils souhaitent que ce ratio soit revu et que le nombre d’élèves se situe entre 15 et 20.
Encadrement spécifique
Les enseignants qui sont engagés dans ce programme, travaillaient soit avec les élèves de l’ancien Prevoc, soit choisis parmi ceux du mainstream. « Nous avons eu une formation académique et pédagogique mais ces enfants ont besoin d’un encadrement spécifique et attentionné. Nous devons rester à leur écoute. Travailler avec les élèves de l’Extended Programme nécessite une formation plus poussée. » Il rappelle qu’en décembre, ils ont eu dix jours de formation mais que ce n’est pas suffisant.
Évaluation
Le National Certificate of Education (NCE) est destiné aux élèves qui arriveront en Grade 9 en 2021. Après quatre années d’études, les élèves de l’Extended Programme devront passer une évaluation.
Les enseignants soutiennent que les élèves ne pourront pas prendre le même questionnaire que ceux du mainstream. Bhojeparsad Jhugdamby souligne : « Il est impératif que les autorités définissent déjà l’évaluation qui leur est destiné à ces enfants. Déjà à la base, ils ont un programme différent et ce n’est pas logique qu’ils aient le même questionnaire que ceux qui arriveront en Grade 9 après trois d’études. »
Solutions
Les enseignants estiment que le soutien des parents est essentiel dans la réussite de leurs enfants. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Les enseignants précisent que la plupart d’entre eux ne répondent pas aux appels. Ils souhaitent que les autorités trouvent un moyen pour les obliger à venir au collège.
Le directeur du Mauritius Institute of Education (MIE), Dr Om Varma précise que les enseignants ont un plan de travail défini : « Nous devons cesser de nous soucier des évaluations. Les pays qui ont réussi sont ceux qui ont mis l'accent sur le processus. Si les élèves ne peuvent pas écrire, il devrait y avoir une tentative de les aider car avec un peu d'effort, n'importe qui peut arriver à faire quelque chose. » Il souligne que « nous sommes dans une période de transition et que les enseignants recevront toutes les directives à temps ».
Cinq ans au lieu de quatre
Brian Pitchen compte 17 années d’expérience auprès des enfants ayant des difficultés d’apprentissage. Il a travaillé avec la section PreVoc et continue son œuvre avec l’Extended Programme. Cet enseignant souligne que « la nouvelle pédagogie serait mieux si elle était étalée sur une période de cinq ans au lieu de quatre ».
« La première année est celle d’une remise à niveau. À mon avis, il faut deux ans de remise à niveau et trois pour poursuivre le programme d’études. Il faut savoir que ces enfants ont des difficultés d’apprentissage et parfois des problèmes de comportement, qu’ils ne peuvent être considérés comme ceux du ‘mainstream’ et qu’il ne faut pas les négliger. La plupart excellent dans d’autres domaines. Le système doit pouvoir leur donner d’autres opportunités. »
Brian Pitchen affirme qu’il n’a aucun problème à travailler avec ces élèves car il a « été formé » pour cela. « Dès le début des classes, soit au premier trimestre, je parle aux élèves et aux parents pour les mettre devant les faits. J’explique le fonctionnement du système et comment nous allons évoluer jusqu’à la fin du programme d’études. Nous avons certes des problèmes, mais grâce à cette méthode, nous arrivons à former beaucoup d’élèves. »
Après un trimestre passé avec les élèves, il est conscient que les enfants ont le même profil que ceux du PreVoc. « Nous avons eu le Secondary School Readiness à suivre pendant le premier trimestre. Il s’agit d’évaluer les enfants après leur passage au primaire. Au deuxième trimestre, nous n’aurons pas d’examen formel. Nous attendons des autorités le mode d’évaluation que nous aurons à faire. En tant qu’enseignant, je me demande ce que nous devrons faire avec ces enfants alors que les autres classes seront en examen. »
Brian Pitchen soutient que l’Extended Programme est « un nouveau projet mais qu’il faut l’évaluer à chaque étape et l’emmener à un niveau qui puisse respecter les besoins de ceux qui y sont admis ».
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