Entretien entre Sir Keir Starmer et Navin Ramgoolam - Chagos : Maurice nourrit l’espoir d’un accord d’ici le 12 mars

Navin Ramgoolam s’est entretenu avec son homologue britannique, sir Keir Starmer, vendredi, pour discuter de la relation bilatérale entre le Royaume-Uni et Maurice, ainsi que de la question de la souveraineté des Chagos. Ils ont exprimé leur volonté de parvenir à un accord sur la rétrocession de l’archipel. Maurice nourrit l’espoir que cela interviendra d’ici le 12 mars, date symbolique de son indépendance. 

Le Premier ministre, Navin Ramgoolam, s’est entretenu dans l’après-midi du vendredi 31 janvier 2025 avec son homologue britannique, sir Keir Starmer. Selon un communiqué officiel de Downing Street publié en soirée, les deux dirigeants ont commencé par « réfléchir à leurs premiers mois en fonction et discuter de la relation solide entre le Royaume-Uni et Maurice, qu’ils souhaitent renforcer ».

L’entretien a aussi et surtout porté sur la base militaire anglo-américaine de Diego Garcia, située dans l’archipel des Chagos, dont la souveraineté est revendiquée par Maurice. D’après Downing Street, Keir Starmer a souligné « la nécessité d’un accord garantissant de fortes protections de la base, y compris contre toute influence malveillante, qui permettra la poursuite de son fonctionnement ». Les deux dirigeants ont convenu de poursuivre leurs échanges pour parvenir à un accord sur la rétrocession de l’archipel. 

À Port-Louis, les autorités se montrent optimistes quant à une issue favorable. Selon des sources proches du dossier, le gouvernement mauricien espère idéalement parvenir à un accord d’ici le 12 mars, date symbolique de la fête de l’Indépendance de l’île. Le compromis envisagé, qui inclut les garanties de sécurité demandées par Londres et Washington afin d’assurer le maintien des opérations militaires sur Diego Garcia sous contrôle américain, permettrait aussi à Maurice de récupérer la souveraineté sur l’archipel. 

Des garanties fermes et précises ont aussi été données par le gouvernement mauricien par rapport à l’accès à d’autres îles des Chagos par d’autres puissances militaires. Si l’accord se fait, Maurice louera Diego Garcia pour une durée de 99 ans contre une location annuelle de plusieurs milliards de roupies. Dans son édition du 28 janvier dernier, le journal The Telegraph rapportait que Maurice avait exhorté le Royaume-Uni et les États-Unis à finaliser un accord de rétrocession, en soulignant que celui-ci permettrait de renforcer la sécurité de la base contre des menaces extérieures. 

Ritesh Ramful, ministre des Affaires étrangères, y a affirmé que le retour des Chagos sous souveraineté mauricienne permettrait d’« éviter qu’une tierce partie ne prenne pied sur un territoire qui abrite une base militaire clé de l’Occident ». Il a ajouté que « ce serait dans l’intérêt des États-Unis, du Royaume-Uni et de Maurice ».

Bien que Londres et Port-Louis s’accordent sur la nécessité d’un compromis et que l’accord semble possible, des tensions subsistent, notamment aux États-Unis, où plusieurs figures du Parti républicain s’opposent à un tel accord, tout comme au niveau de l’opposition britannique. Le sénateur John Kennedy, de Louisiane, a affirmé, il y a quelques jours dans The Telegraph, que « les peuples chagossien, américain et britannique seraient plus en sécurité si cet accord avec Maurice était abandonné ». 

Marco Rubio, secrétaire d’État américain, a abordé le sujet lors d’une conversation durant la semaine écoulée avec David Lammy, ministre britannique des Affaires étrangères. Washington craint une influence chinoise dans la région, ce qui explique l’usage du terme « malign influence » dans le communiqué officiel de Downing Street. 

Alors que ces dernières semaines, il y avait un vœu de la part de sir Keir Starmer de conclure le deal avec Maurice rapidement, quelques jours avant la prestation de serment de Donald Trump comme président des États-Unis, le Royaume-Uni a préféré temporiser en indiquant vouloir que Washington se penche sur l’accord et donne son feu vert.